Enfants en Afrique souffrent malgré l’abondance de la nourriture
3 janvier 1985 : Les enfants meurent de faim en Afrique malgré l’abondance de la nourriture. Pendant que les peuples bien nantis célèbrent les fêtes du Nouvel An, les enfants continuent de mourir de faim en Afrique. On doit la famine davantage aux politiques suivies par les gouvernements qu’à une vraie pénurie alimentaire.
En Afrique les marchés regorgent de céréales alors que, tout près, des enfants meurent de faim. En Asie, la faim fait des ravages malgré les récoltes record. Pour la plupart des experts, on doit la famine davantage à la pauvreté. Aussi à la politique suivie par les gouvernements qu’à une véritable pénurie alimentaire. Alain Vidal-Naquet, expert de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) affirme. « Il y a de la nourriture en quantité. La difficulté c’est de la faire parvenir là où il faut et quand il le faut ». La famine qui sévit en Éthiopie aurait pu être évitée, expliquent de nombreux spécialistes.
Elle a commencé à être considérée comme un problème critique à partir du moment où la télévision a montré les images. « Nous savons qu’après l’Éthiopie, ce sera le tour du Soudan. Cela parce que le sénateur Américain Edward Kennedy y a passé Noël avec une équipe de télévision ». Ainsi a déclare George Simon, du programme alimentaire mondial (PAM). La situation y est dramatique. Cela concerna quatre millions de personnes au moins. De l’avis des experts, un minimum de planification permettrait d’éviter qu’une pénurie passagère se transforme en famine catastrophique. Ainsi l’évolution de la situation dépend en grande partie des gouvernements locaux.
Faim en Afrique et silence des dirigeants
Ainsi en juin dernier, à Addis Abeba, le chef d’État éthiopien, le colonel Haile-Mariam Mengistu a pris la parole devant un congrès réunissant divers pays et organisations donateurs. « Les gens mouraient déjà de faim et il n’a rien dit », affirme un responsable des Nations unies. En fait, le gouvernement éthiopien ne voulait pas admettre un quelconque échec en dix ans de régime marxiste-léniniste.
En 1984, la production alimentaire et agricole mondiale a augmenté de 4,9%, la plus haute hausse depuis 1972. Les réserves mondiales de céréales, évaluées à 291 millions de tonnes, devraient permettre de dégager un surplus de 26 millions de tonnes l’année prochaine, soit 10% de plus que l’année dernière. Rien qu’en Asie, la production a augmenté de 9 pour cent au cours des deux dernières années, soit plus rapidement que la population. Mais pour parvenir dans les villages les plus touchés par la famine, l’aide alimentaire doit d’abord être allouée, envoyée sur place et distribuée. Des quantités considérables de vivres sont perdues à cause de retards administratifs, d’une mauvaise planification, de vols et, dans certains cas, de réquisitions par les autorités militaires locales. Selon des experts, la situation s’améliore toutefois dans la plupart des pays, à l’exception des pays africains où le problème est extrêmement grave.
Liste rouge
Depuis dix ans, la production alimentaire a baissé d’un pour cent par an en Afrique. Chaque année depuis 1977, la FAO a établi une liste de 20 à 30 pays africains touchés par la famine. Cette année, quinze pays, représentant un tiers de la population africaine, sont sur la liste rouge.