Eisenhower voyage en Amérique du Sud

Eisenhower entreprend une tournée en Amérique du Sud

La visite du président Eisenhower en Amérique latine apparaît comme une suit* logique à la tournée qu’il a effectuée en Asie et en Europe à la veille de la conférence au sommet occidentale qui s’est tenue k Paris au tout début de l’hiver. Après le succès de la mission du président américain dans les capitales asiatiques et européennes visitées, les Américains escomptent des résultats analogues en Amérique latine; où actuellement le prestige du grand voisin du nord n’est pas à son plus haut niveau. La tournée du vice-président Nixon en quelques pays d’Amérique latine, l’an dernier, avait laissé entrevoir aux dirigeants américains que pour eux tout n’allait pas pour le mieux au meilleur des mondes dans ce monde-là. T>e retour en .son pays, M. Nixon avait été ovationné par les foules parce que celles-ci ressentaient les humiliations subies par le représentant dans les pays voisins. Les dirigeants de Washington mirent ces déboires sur le compte des communistes, mais ces mêmes dirigeants sentaient qu’il leur faudrait désormais porter une plus grande attention aux républiques latino-américaines, La turbulence de Fidel Castro à Cuba n’est, pas faite maintenant pour rassurer Washington plus qu’il ne le faut. La Maison blanche commence à s’inquiéter. Il est temps rie prévenir un mouvement antiamericain plus important. TI ne faut pas donner à Castro ries raisons rie prendre la tête de ce mouvement dans une partie des républiques voisines.

La « mission d’amitié et d’information »’ du président américain s’attaque aux principaux pays qui s’étendent du golfe du Mexique au détroit de Magellan, Son itinéraire comprendra, donc l’Argentine et le Brésil, les pays les plus populeux d’Amérique latine, ainsi que l’Uruguay et le Chili. Depuis le départ du dictateur Pérou, les sentiments antiaméricains se sont certes atténués en Argentine, mais la nécessité de liens plus étroits avec les Etats-Unis subsiste. Quant au Brésil, c’est un des pays d’Amérique latine dont l’expansion est la plus rapide et qui peut être .promis à un brillant avenir économique; les Etats-Unis peuvent jouer à cet égard un rble non négligeable. Le Chili et l’Uruguay, enfin, comptent parmi les pays les plus stables de la péninsule sud-américaine. On voit donc que la tournée d Eisenhower est moins “risquée’’ que celle du vice-président Nixon dans les turbulentes républiques des Caraïbes. N’empêche qu’à plusieurs égards, l’Amérique latine peut être considérée comme une région sous-développée. Depuis quelques années on s’y plaint de plus que l’attention des Etats-Unis est presque exclusivement vouée à l’Europe, l’Asie et. l’Afrique, au détriment de l’Amérique du Sud. Les Américains constatent maintenant eux aussi le fait. Ils voient qu’il est rie leur intérêt de ne pas laisser se propager la misère dans les républiques du sud de notre continent. Autrement, le risque serait grand qu’il s’y développe un milieu favorable au communisme. En fait, Washington a toujours été conscient, de ce danger, mais il n’a pas toujours fait les efforts nécessaires pour y remédier, son attention étant surtout retenue ailleurs.

Il serait surprenant que M. Eisenhower soit mal accueilli dans les pays où 11 .séjournera. Son prestige personnel y fera beaucoup. Le caractère modéré des chefs d’Etat qu’il rencontrera sera également un autre facteur favorable. Il est même permis de prévoir que cette “mission” ouvrira une nouvelle ère de relations plus étroites entre la première république du continent et celles du sud qui n’ont pas tardé à suivre son exemple en se libérant de la tutelle européenne. Avant, que les choses ne se gâtent, le moment est peut-être venu pour Washington de réviser sa politique en Amérique du Sud.

À Buenos Aires, on brûle trois drapeaux des États-Unis. Trois drapeaux des États-Unis ont été brûlés, hier soir, au cours d’une réunion du parti socialiste. la police a disperse rassemblée. mais n’a effectué aucune arrestation. Le président Eisenhower doit arriver ici plus tard cette semaine.

Un vent d’indépendance souffle encore sur l’île de Porto-Rico

San Juan. Un nouveau mouvement d’indépendance s’élève à Porto Rico des ruines des vieux partis dévalorisés, dont le fanatisme a men à deux changes sanglants de coups de feu à Washington dans les dix dernières années.

Un nouveau group est le « Movimiento Independencia » compos principalement de jeunes gens, d’intellectuels, d’étudiants et de travailleurs entre 20 et 30 ans. Les membres communistes ne forment qu’un petit groupe.

Le chef du mouvement est Jan Mari Bras, un jeune et brillant avocat dans la trentaine qui a été expulsé de l’Université de Porto Rico il y a six ou sept ans lorsque le chancelier Jamie Benidez a lancé un programme d’épuration chez les étudiants qui favorisaient l’indépendance.

Mari Bras a dirigé l’opposition à l’épuration qui avait pour but de faire accepter le rôle de « Commonwealth) des États-Unis à Port Rico par les étudiants tel que favorisé par le gouverneur Luis Munoz Marin. Il a été expulsé, s’est rendu aux États-Unis pour compléter ses études et est revenu à Porto Rico pour diriger le nouveau mouvement.

On rapporte que le Movimiento Independencia s’étend dans l’île et qu’il compte maintenant 2,000 à 3,000 membres. Le langage qu’ils emploient est plus radical que celui du vieux parti de l’Indépendance, mais jusqu’ici ils ont limité leur opposition à des paroles plutôt qu’à la violence.

Le groupe publie un journal mensuel nommé « Claridad » qui appuie fortement leurs demandes d’indépendance.

C’est ce groupe qui a manifesté hier à l’aéroport lors de l’arrivée du président Eisenhower pour la nuit, en route pour sa tournée de quatre pays d’Amérique du Sud. Il n’y a pas eu de violence, seulement des cris et des slogans que M. Eisenhower n’a pas entendus ou vus.

Les vieux groupes d’indépendance sont le « parti de l’indépendance » et le « parti nationaliste ».

Porto Rico, qui a une population de 2 200 000 habitants, a été place forte espagnole pendant des années. Elle a obtenu son autonomie en février 1898 et a été cédée aux États-Unis en décembre de cette année après la guerre hispano-américaine. Les habitants de l’île ont été proclamés citoyens américains en 1917 et l’île est devenue le premier territoire de Commonwealth américain en juillet 1952.

(C’est arrivé mardi, 23 février 1960).

Voir aussi :

La place de Mayo (place du Palais du président) à Buenos Aires. Photo de Megan Jorgensen.

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