Corazon Aquino : Nous sommes libres
Nouvelle présidente des Philippines, Corazon Aquino prend le pouvoir le 26 février 1986 :
Peu avant que l’ex-président Ferdinand Marcos ne quitte, hier soir (le 25 février 1986), avec sa famille, et ses proches collaborateurs la base américaine de Clark, aux Philippines, pour se rendre dans l’île de Guam, la tension des dernier jours à Manille faisait place à la liesse et la nouvelle présidente, Mme Corazon Aquino, déclarait à la télévision que son pays était finalement libre.
L’on reconnaissait sa rivale presque partout à l’étranger. Et c’est sur une civière que l’on a transporté le vieux leader, apparemment malade, à bord d’un appareil C-9 de l’aviation américaine. Il part à destination de Guam, territoire américain de l’archipel des Mariannes, dans le Pacifique-Ouest. C’est à quatre heures de vol de Manille. On avait transporté Marcos et 54 membres de sa famille et proches collaborateurs à bord d’un hélicoptère américain du palais présidentiel à la base de Clark. Le dictateur déchu doit passer la journée à Guam. Puis il se rendra en soirée à Honolulu, au nord des îles Hawaii. On devait le transporter dans un hôpital de la Marine américaine à Guam pour y subir des examens médicaux. Toutefois on ne croit pas qu’il soit gravement malade.
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Corazon Aquino, 53 ans, la présidente rebelle des Philippines face au président Ferdinand Marcos, a bouleversé en quelques mois toutes les données de la politique de son pays. Un symbole : Petite, frêle, Mme Aquino était restée pendant trente ans dans l’ombre de son mari, Benigno Aquino, l’adversaire politique le plus populaire de Marcos, dont elle a repris la devis « laban » (combat en tagalog). L’assassinat de Benigno, le 21 août 1983 à l’aéroport de Manille, à son retour d’exil volontaire aux États-Unis, devait propulser Corazon, surnommé Cory, au premier plan de la scène politique. Elle avait jusqu’alors consacré sa vie à son mari et à ses cinq enfants.
Elle s’est d’ailleurs elle-même présentée aux élections comme une « femme au foyer », soulignant du même coup son manque d’expérience politique et le peu de moyens financiers dont elle disposait. Mais elle a su compenser ces handicaps par une présence qui lui a permis de devenir en quelques mois un symbole pour des millions de Philippins de toutes conditions, qui lui vouent une admiration sans borne. Un règne de 20 ans Ferdinand Marcos, 68 ans, était président des Philippines depuis le 31 décembre 1965. Pendant 20 ans, il a gouverné son pays en despote, n’associant guère au pouvoir que son épouse, Imelda.
Habile orateur, sachant manier l’ironie, mais aussi les anathèmes, Marcos déclarait en 1949 dans sa province natale : « Élisez-moi maintenant et je vous promet un président originaire d’Ilocos dans vingt ans ». Élu président de la république en 1965, il place son mandat sous le signe de la reconstruction et se vante d’avoir construit plus de ponts et de routes que tous ses prédécesseurs.
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