Challenger explose en vol : La pire tragédie de l’histoire spatiale. L’Amérique frappée de stupeur. « Nous pleurons sept héros », dit Reagan
Une explosion catastrophique a détruit la navette Challenger hier, le 28 janvier 1986, 75 secondes après son décollage, tuant les astronautes à bord et causant la pire tragédie de l’histoire spatiale.
« Nous pleurons sept héros », a déclaré hier soir le président Ronald Reagan, visiblement bouleversé, dans un discours qui a remplacé son message annuel sur l’État de l’Union. « Nous continuerons notre exploration de l’espace », a-t-il cependant affirmé.
Dans l’après-midi, des navires, des avions et des hélicoptères avaient été dépêchés à quelque 80 kilomètres des côtes de Floride, où des débris en flammes tombaient encore une heure et demi après la terrible explosion, survenue à 11 heures 30, heure normale de l’Est), mais ils n’ont pu récupérer que des morceaux de deux moteurs-fusées.
« J’ai le regret de vous annoncer qu’après les premières recherches effectuées sur l’océan, là où Challenger s’est abîme ce matin, ces recherches n’ont trouvé aucun indice qui pourrait donner à penser que l’équipage a survécu », a dit M. Jesse Moore, chef du programme des navettes, cinq heures après l’explosion.
À bord de la navette, il y avait Christa McAuliffe, une enseignante que l’on avait surnommée la première la première passagère civile à aller dans l’espace, cinq astronautes et un ingénieur.
Causes de l’explosion de la navette Challenger
Il est difficile de fournir une explication des causes de l’accident. Pourtant des images de télévision au ralenti donnent à penser qu’il y a eu une première explosion dans l’un des deux moteurs – fusées de la navette. Suivie d’une gigantesque explosion dans le réservoir principal de Challenger. Celle-ci a complètement détruit la navette elle-même. Cela se passe au dessus de l’Atlantique sous le regard atterré des familles des astronautes, des spectateurs et des dirigeants de la NASA qui se trouvaient à Cap Canaveral.
D’autres observateurs ont fait remarquer que le moteurs – fusées avaient continué leur course folle dans le ciel après l’explosion. Les moteurs tournant encore à plein, ce qui pourrait indiquer que l’explosion fatale serait survenue dans l’énorme réservoir central lui-même.
La navette, qui transportait près d’un demi million de gallons d’hydrogène et d’oxygène, un mélange hautement explosif, ne comportait aucune issue de secours.
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Challenger se trouvait à une altitude de 16 kilomètres au moment où l’explosion s’est produite. Le grondement du décollage n’était déjà plus qu’un souvenir. La majestueuse traînée laissée par la navette s’est soudainement métamorphosée, en silence, en un serpent de fumée et de feu ondulant dans le ciel.
« Nous ne formulerons pas d’hypothèses sur la cause d’explosion en nous basant sur ces images ». A dit M. Moore, en faisant allusion à ce que des millions des téléspectateurs ont vu sur leur écran. Les dirigeants de la NASA ont décidé hier de mettre sur pied une commission d’enquête. M. Moore a dit donc que les membres de cette commission allaient « étudier toutes les données avant d’être en mesure de fournir des conclusions ».
Les victimes de la tragédie sont le commandant Francis Dick Scobee, 46 ans. Le co-pilote Michael Smith, 40 ans. Judith Resnik, 36 ans. Ellison Onizuka, 39 ans. Ronald McNair, 35 ans. l’ingénieur Gregory Jarvis, 41 ans et Christa McAuliffe, 37 ans. Ce sont les premiers Américains à mourir lors d’une mission dans l’espace.
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En effet, pas une fois lors de 56 vols habités effectués par les Américains des astronautes n’étaient morts en vol bien que trois astronautes avaient trouvé la mort lors d’un test de lancement effectué il y a 19 ans.
« Ça fait presque 25 ans que nous pensions que cela pouvait arriver », a déclaré le sénateur John Glenn, qui, en 1962, avait été le premier Américain à faire un vol orbital. « Nous espérions que ce jour ne viendrait jamais. Malheureusement, il est venu ».
Navette Challenger – Reagan
Le président Reagan a remis d’une semaine le discours sur l’état de l’Union qu’il devait prononcer hier soir et il s’est plutôt adressé à la nation, à 17 heures, en déclarant qu’il s’agissait d’un jour de peine et de souvenir, à la mémoire de l’équipage.
« Nous partageons notre douleur avec tous les gens de ce pays », a-t-il dit.
« Nous continuerons notre exploration de l’espace. Il y aura d’autres vols de la navette, d’autres équipages. Oui, en effet, d’autres volontaires, d’autres civils, d’autres enseignants dans l’espace. Rien ne s’arrête ici », a déclaré le président.
Pour sa part, le vice-président Bush, dépêché au Kennedy Space Center par le président Reagan, est arrivé à Cap Canaveral en fin d’après-midi en compagnie du sénateur Jack Garn, qui avait participé à une mission spatiale l’an dernier.
Retards
L’explosion survenue hier s’est produite après un décollage qui semblait parfait. Décollage qui avait toutefois été retardé de deux heures. Cela en raison de glaçons qui s’étaient formés sur la tour de lancement dans le petit matin glacial.
« Il n’y avait pas de signes de choses anormales sur les écrans au moment où les contrôleurs suivaient le décollage et l’ascension » a révélé une source. Celle-ci qui se trouve au centre de contrôle du Johnson Space Centre, à Houston, a dit que l’explosion était survenue « de manière tout à fait inattendue ».
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