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Terre-Neuve devient province

Terre-Neuve devient province

Un jour historique pour l’île de Terre-Neuve

L’opinion est divisée mais la majorité accepte l’annexion

Saint-Jean, Terre-Neuve. – À onze heures et 59 minutes, le 31 mars 1949, les 325 000 Terre-neuviens deviendront Canadiens. La plupart s’en félicitent.

Mais d’autres, surtout dans la presqu’île d’Avalon, où est située la capitale Saint-Jean, et qui est aussi la région la plus riche de l’île, déplorent la Confédération.

Au plébiscite de juin dernier, les Terre-neuviens se sont prononcés pour la Confédération à une faible majorité. Ils ont demandé la fin de la Commission administrative qui a gouverné l’île depuis 1934. Mais la question de la Confédération n’est pas encore définitivement réglée et elle ne le sera probablement pas avant longtemps. Les Terre-neuviens ont le caractère très indépendant; beaucoup sont très mécontents qu’on les annexe au géant canadien.

Opposition tenace

Tous les observateurs s’accordent à dire que cette antipathie se manifestera par une lutte politique ouverte, éventuellement, mais sans provoquer de violences ce soir. L’entrée de l’île dans la Confédération sera probablement observée d’une manière assez tranquille ici; dans les ports dispersés sur 6 000 de côtes, il y aura des assemblées, mais sans caractère officiel, tandis que dans presque tout le Canada, demain, il y aura des cérémonies, des congés, pour fêter la nouvelle province. Ici se dérouleront les cérémonies officielles, demain, par exemple, la prestation du serment du lieutenant-gouverneur, sir Albert Walsh.

Certains rumeurs d’ailleurs confirment que Saint-Jean témoignera son opposition demain en portant le deuil, en montant un simulacre de « funérailles » de l’indépendance. Les Terre-neuviens se sont toujours passionnés par l’économie, la politique et la religion.

Lorsque la première Assemblée s’ouvrit à Saint-Jean, en mai 1851, il y a eu une émeute. Trois citoyens furent tués, plusieurs autres, dont un prêtre, blessés, à la suite d’un différend sur le résultat de l’élection. Le chômage de 1933 – 1934 donna aussi lieu à des troubles; selon nombre de conservateurs, « les gens pensaient alors au meurtre ». Ces troubles furent suivis d’une enquête royale, qui recommanda l’institution d’une commission administrative. Cette dernière s’est réunie aujourd’hui pour la dernière fois; elle approuvera ses procès-verbaux et mettra fin à son régime.

Le gouverneur général, sir Gordon Macdonald, est retourné en Angleterre il y a quelques semaines. Le juge sir Edward Emerson l’a remplacé dans l’intervalle.

Sir Albert Walsh a accepté d’être lieutenant gouverneur, mais à titre provisoire seulement. Il prêtera serment à 1 heure 15 demain après midi, heure locale. L’honorable Golin Gibson, secrétaire d’État du Canada, lui présentera un certificat de nationalité symbolique, que sir Albert Walsh acceptera au nom des Terre-Neuviens. La prestation du serment sera la seule cérémonie officielle à Terre-Neuve.

(C’est passé le 31 mars – 1 avril 1949).

Terre-Neuve (Newfoundland) est la plus ancienne possession coloniale britannique. Jean Cabot et son fils Sébastien, qui la découvrirent en 1497, l’appelèrent « new founde isle »; elle fut aussi nommée Island of St.John parce qu’ils y abordèrent le 24 juin, jour de la nativité de saint Jean-Baptiste. En 1505, des documents officiels en anglais emploient le nom « New Found launde ». La traduction française « Terre-Neuve » apparaît dès 1510. Un établissement français existait en 1662 dans l’île. C’est le traité d’Utrech (1713) qui trancha en faveur de l’Angleterre. La colonisation française se pousuivit avec des pêcheurs ou des colons venus de l’Acadie et des Îles-de-la-Madeleine après la déportation jusqu’en 1849. Ils se fixèrent dans la région de Stephenville, surtout aux alentours du cap Saint-Georges.

terre neuve et labrador

Terre-Neuve-et-Labrador. Photo : © Voyagecanada.

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