Les Anglais en Amérique

Les Anglais en Amérique

Pour bien comprendre l’histoire du Canada, il faut savoir qui l’habitait. On sait que les Amérindiens l’occupaient depuis des lunes, que les Français, avec Jacques Cartier, l’ont touché en 1534 avant de l’habiter, avec Champlain, en 1608, et que même Jean Cabot était venu saluer ces terres au nom de l’Angleterre en 1497. Mais comment la colonisation britannique a-t-elle commencé au Canada? L’intérêt des Anglais pour le Nouveau-Monde naît à la fin du XVIe siècle. Déjà au Xve siècle, toutes sortes d’intrigues et de luttes divisent les différents royaumes d’Europe. Chacun veut agrandir son empire, étendre son pouvoir et devenir, grâce à ses richesses, de plus en plus puissant. Et la façon de faire, c’est la guerre, qui coûte très cher. Les guerres entraînent des impôts de plus en plus lourds à supporter pour la paysannerie; des mécontentements et des révoltes éclatent donc. Les dirigeants sont alors forc/s de chercher d’autres sources de financement, et cette recherche va les pousser à explorer le monde, ce qui les mènera en Amérique. Tout comme les Français, les Espagnol, les Portugais et les Hollandais, les Anglais vont donc s’intéresser à la colonisation de ce nouveau monde.

Schisme anglican en 1534

Les historiens Yves Bourdon et Jean Lamarre, dans leur Histoire des États-Unis, mythes et réalités, nous renseignent sur la période du schisme anglican. À cette époque, les royaumes sont dirigés par des rois ambitieux et souvent tyranniques. En Engleterre, Henri VIII est au pouvoir de 1509 à 1547. Sous son règne, Luther publie les 95 thèses qui marquent la venu du ptotestantisme en 1512 et de l’anglicanisme en 1534. Un peu plus tard, Edouard VI, au pouvoir de 1547 à 1533, confirme le protestantisme anglican. Après le court règne de Marie Ier la Catholique, Elisabeth Ier, Jacques Ier et Charles Ier agissent avec une très grande intolérance envers les puritains, forçant ces derniers à l’exode.

L’Angleterre et l’Amérique

C’est à la fin du XVIe siècle que les Anglais s’intéressent vraiment au Nouveau Monde. Francis Drake, financé par Elisabeth Iere, réalise l’exploit d’un tour du monde de 1557 à 1580. Il prend possession, au nom de sa souveraine, de certains territoires américains aujourd’hui connus sous les noms de Haute-Californie et d’Oregon. Mais c’est en 1578 que Humphrey Gilbert reçoit officiellement d’Elisabeth Ire une charte qui lui permet de fonder une colonie permanente. Après avoir échoué à sa première expédition, il récidive en 1583 et prend possession de Terre-Neuve. C’est son demi-frère, sir Walter Raleigh, qui prend la relève, ayant acquis les droits de Gilbert en 1584, en continuant les expéditions sur le nouveau continent. Il découvre la baie de Chesapeake et nomme le territoire Virginie en l’honneur de sa reine célibataire. Établir une colonie viable n’est pas chose facile et, malgré plusieurs efforts, Raleigh ne réussira pas à fiixer définitivement des colons en Amérique. Entre-temps, en Angleterre, un certain Richard Hakluyt, agent de colonisation de la Compagnie des Indes orientales, publie Discourse Concerning the Western Planting, ouvrage qui insiste sur l’importance, pour l’Angleterre, de posséder en Amérique deux ou trois postes fortifiés sur la côte est. Plusieurs avantages économiques sociaux et politiques poussent Hakluyt à prendre position. En efft, à cette époque, le pays est surpeuplé et les guerres de Religion font en sorte que plusierus puritains doivent fuir les persécutions subies dans la mère patrie. L’auteur soutient que tous ces colons établis dans le Nouveau Monde étendront également le commerce anglais et permettront à l’Angleterre de freiner l’expansion de l’ESpagne catholique déjà installée sur ces terres. Une nouvelle classe sociale va ainsi apparaître, celle des marchands qui, doucement, s’intégreront à la monarchie aristrocratique. Ceux-ci vont vite s’intéresser au Nouveau Monde où, dit-on, l’or et l’argent foisonnent.

Jamestown, première colonie

En 1906, deux compagnies demandent au roi Jacques Ier une charte pour exploiter et coloniser le territoire de la Virginie. La Compagnie de Virginie de Londres obtient alors du monarque l’autorisation de coloniser le continent entre les 34e et 41e parallèles, jusqu’à une distance de 100 milles des côtes. Forte de son mandat de colonisation, d’évangélisation des « Sauvages » et de prospection des mines d’or, d’argent et de cuivre, la compagnie passe à l’action.

En décembre 1606, le commandant Newport part avec 3 vaisseaux et 140 colons mâles. Après un voyage difficile de quatre mois, les colons mâles. Après un voyage difficile de quatre mois, les colons arrivent le 26 avril 1607. Ils se fixent à Jameston, qui devient la première colonie anglaise viable en Amérique. Ils y passeront des années éprouvantes. De 1607 à 1618, on remet plusieurs fois en cause l’existence même de la colonie. En Virginie, l’endroit choisi par les dirigeants est insalubre. Les marécages sont omniprésents, ce qui entraîne une épidémie de malaria qui tue plusieurs colons. Plusieurs de ces colons sont des gentilshommes et des marchands qui s’y connaissent peu en ce qui conerne les besoins immédiats d’une colonie, ce qui complique les choses. Ils sont venus dans le seul but de faire des affaires. Insistons sur le fait que cette colonie n’a pu s’établir que grâce aux Powhatans, des Amérindiens qui ne cessent d’apporter leur soutien aux colons en les ravitaillant et en leur enseignant la culture du maïs, qui deviendra un aliment essentiel à leur surive. C’est vers 1618 que la colonie devient plus stable. Bien que la mortalité y soit élevée et la population, encore vulnérable, Londres accorde une modification à la charte de 1606 et applique un autre système de colonisation, le Headright system, qui favorise la venue de colons. En effet, de 1618 à 1624, quelque 4000 novueaux arrivants foulent le sol de la Virginie. Le commerce du tabac, qui génère déjà des profits substantiels, permet à la colonie d’améliorer le confort matériel de la population et d’augmenter sa qualité de vie. En 1619, c’est avec plaisir que les colons voient arriver 90 jeunes femmes venues pour fonder des familles. Mais l’ombre se répand sur la colonie à partir de 1622.

Les Amérindiens, constatant que les nouveaux arrivants pénètrent de plus en plus à l’intérieur des terres, se sentent assaillis et attaquent la colonie. C’est alors que Jacques Ier, croyant que la Compagnie de Virginie de Londres ne fait pas le nécessaire pour sauver la colonie, lui retire sa charte. Il en fait une colonie royale et y installe rapidement ses militaires pour en assurer la protection. L’Angleterre a ainsi une première colonie bien implantée en Amérique. Les colons continuent d’y venir. Déjà les voisins s’observent à distance : l’Angleterre au sud et la France au nord, deux empires qui ne pourront cohabiter. L’histoire de notre survie commence…

(Source : Marcel Tessier raconte, chroniques d’histoire, Éditions de l’homme, 2000. Tome 1).

Bas-relief Justice
Bas-relief à Toronto, une femme anglaise canadienne. Photographie de GtandQuebec.com.

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