Station spatiale : l’option choisie par Washington déplaît à Ottawa
Agence spatiale canadienne se prononce (Samedi, 12 juin 1993, par Marie Tison de la Presse canadienne).
Un comité consultatif sur la reconfiguration de la station spatiale a recommandé hier au président américain, Bill Clinton, de ne pas choisir la configuration que préfère le Canada.
Le comité, dirigé par le président du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Charles Vest, a recommandé à la Maison-Blanche de choisir l’une ou l’autre des deux options les moins dispendieuses développées par des équipes de reconfiguration, les options A et C. Le Canada avait clairement fait savoir qu’il préférait l’option B, la plus dispendieuse. Elle devrait coûter autour de 30,3 milliards US, incluant son lancement. C’est la version qui ressemble le plus à la station originale Freedom. C’est celle qui affectera le moins la contribution canadienne.
L’option A fera appel à des éléments de la station originale, mais sera moins coûteuse, soit 27,2 milliards US. Elle nécessitera cependant des changements à la contribution canadienne. En effet, elle éliminera la plate-forme mobile américaine. On devait fixer là le système d’entretien canadien, un bras canadien perfectionné et un robot plus petit. L’option C est encore moins au goût des Canadiens, parce qu’elle nécessitera encore plus de modifications. Il s’agit d’une configuration tout à fait nouvelle. Elle est très bon marché à 25,2 milliards US. On la surnomme «la boite de conserve», qui pourra être envoyée dans l’espace d’un seul coup.
Dans un rapport remis à la Maison-Blanche hier, le comité consultatif a fait savoir que ces deux dernières options étaient celles qui méritaient le plus de considération.
L’option B était cependant la version préférée cette semaine par le comité de la Chambre des représentants sur la science, l’espace et la technologie.
Agence spatiale canadienne
L’agence spatiale canadienne a tenté de minimiser hier l’importance de la recommandation du comité consultatif. Bref, elle a fait valoir qu’il ne s’agissait pas encore d’une décision finale.
Une porte-parole de l’agence spatiale, Mme Lynn Blenkhorn, a déclaré que le directeur général du programme de la station spatiale au sein de l’agence, le Dr Karl Doetsch, attendrait une annonce officielle avant de faire tout commentaire.
Elle a affirmé que le Dr Doetsch avait fait valoir les arguments du Canada auprès de l’administration américaine. Celle-ci avait indiqué qu’elle les prendrait en considération.
«C’est une question très politique et très économique», a-t-elle déclaré.
Le président Clinton a demandé à la NASA en février dernier de réviser la configuration de la station spatiale Freedom, afin d’en couper les coûts.
Le Canada s’était engagé à assembler un système d’entretien mobile pour la station originale, ce qui représente des déboursés de 1,3 milliard CAN d’ici l’an 2000. Il a déjà dépensé 745 millions US à cet effet.
Le Dr Doetsch a déclaré cette semaine que le Canada pourrait se retirer du projet si la configuration choisie par le président n’était pas satisfaisante. Le Japon et la communauté européenne ont également contribué au projet initial.