Vol en psychiatrie
Le vol est généralement puni comme un délit, mais il est réprimé comme un crime dans certaines conditions bien définies (nuit, pluralité d’auteurs, effraction, main armée, etc.).
Il est couvert par l’immunité pénale et ne donne lieu qu’à réparations quand il a lieu entre proches parents.
Le vol est incontestablement l’infraction la plus fréquente. Le prétexte de la nécessité, souvent invoqué, est rarement valable. Le voleur est toujours un cupide ou un envieux, un ambitieux qui renonce à attendre de son travail la satisfaction de ses désirs. C’est occasionnellement un collectionneur. Il a parfois l’excuse psychologique de la tentation (vols dans les grands magasins).
On réserve l’appellation de vol pathologique à celui qui est commis sous l’influence directe d’un état psychopathique qui n’abolit d’ailleurs pas toujours totalement l’effet de l’infraction.
La propension au vol est particulièrement marquée chez les paralytiques généraux, les toxicomanes et les traumatisés crâniens : elle atteint 40 à 50% du nombre des infractions commises par ses malades (statistiques de Rogues de Fursac).
Viennent ensuite les déments organiques, oligophrènes, déséquilibrés, déments précoces et déments séniles avec les maniaco-dépressifs (de 20 à 30% des infractions).
Puis, les délirants chroniques, les alcooliques et les épileptiques (de 10 à 15%).
Dans la confusion mentale le vol semble exceptionnel.
Le vol pathologique peut répondre à des déterminismes variés (Lévy-Valensy), où apparaissent l’exagération des besoins normaux (oligophrènes, déments) comme chez le délinquant ordinaire, ou anormaux (toxicomanes, pervers sexuels), l’inconscience, (arrières, confus et déprimés), la perte de la notion de propriété (déments, débiles, délirants, excités) et les tendances obsédantes impulsives, tous facteurs diversement combinés.
Le vol des déments est inconscient ou amnésique (le malade oublie de payer); il est exécuté sans aucune précaution et parfois réitéré; il est absurde (objet sans utilité) en général. Il se complique parfois de collectionnisme comme chez beaucoup d’idiots. Mais il peut être dû à la boulimie ou à la fascination du luxe.
Le vol des intoxiqués est d’avantage un vol par besoin (opium, cocaïne, alcool, etc.) facilité par l’altération du sens moral; il est conscient et intéressé.
Le vol des pervers constitutionnels débute dès l’enfance (vols familiaux) et se continue en dépit des sanctions avec persévérance. Il ne se révèle parfois qu’à l’occasion de certains accidents climatiques (puberté, règles, grossesse surtout, ménopause). Une détérioration caractérielle de cet ordre peut s’observer à la suite de l’encéphalite épidémique (Lévy-Valensy).
Le vol des enfants n’est pas toujours significatif de perversité; il peut être névrotique et traduire une pulsion de compensation (orphelins, abandonnés, etc.).
Les pervers génitaux voleurs sont, le plus souvent, des fétichistes.
Le vol chez les obsédés est plus rare qu’on ne l’a cru; il est classiquement impulsif et suivi de soulagement, mais la restitution étant exceptionnelle (Antheaume), on peut douter de l’existence même de la kleptomanie (v. ce mot).
On a signalé le vol altruiste (Laignel-Lavastine, Garnier, Juquelier et Vinchon, Génil-Perrin), faussement désintéressé.
Les vols des grands psychopathes, sont d’explication et de diagnostic faciles.
Le vol en état second (hystérie, épilepsie mentale), peut, au contraire, être très difficilement distingué de l’acte intéressé d’un simulateur; il est en principe amnésique et monotone. L’auteur doit être soumis à un examen clinique prudent et minutieux.
Ch. Bardenat.
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