Vanité et orgueil

Vanité et orgueil en psychiatrie

Vanité

La vanité est la « tendance à paraître, à se mettre en scène, à produire de l’effet, à s’imposer à l’attention publique et à l’admiration de ses semblables ».

Le vaniteux veut « être estimé au-delà de ses mérites ». Il s’oppose par là à l’orgueilleux, qui, par une sincère hypertrophie du moi « s’estime lui-même au-delà de toute mesure » (Dupré). Mais orgueil et vanité vont souvent de pair.

Sans franchir le domaine du psychologique, la vanité est le moteur banal, le ressort évident de toute ambition humaine. On ne peut guère la séparer, à l’état normal, des différents comportements, qui constituent la parade sexuelle, par exemple.

Mais elle prend un relief tout particulier dans diverses circonstances pathologiques.

En tant que perversion instinctive, elle est fréquemment associée à la débilité mentale, mais peut aussi s’observer chez des individus bien doués. Il est frappant de la trouver très poussée chez les grands criminels et les escrocs de haute volée.

Les moyens qu’utilise le vaniteux pour se faire valoir sont le mensonge, la fabulation et la simulation pouvant aller par transitions insensibles jusqu’au délire. La mythomanie complique volontiers et sert la vanité (mythopathie).

Le sens moral du vaniteux est toujours mal développé. Aussi s’expose-t-il sans scrupules à maint délit (port illégal d’uniforme ou de décorations, usurpation de titres, abus de confiance, etc.), dont il ne saurait que rarement être reconnu irresponsable du seul chef de son travers.

Les moindres risques qu’il encourt ordinairement sont de se rendre insupportable en société et de former des entreprises hors de rapport avec ses aptitudes réelles, d’où l’habituelle instabilité de sa fortune et sa fréquente inadaptation sociale.

La vanité intervient encore comme élément constituant dans la personnalité pathologique de l’hystérique (stigmates mentaux de P. Janet), la « vanité morbide » (A. Delmas et Trubert), qui donne une allure spectaculaire à des expressions symptomatiques comme la crise convulsive, l’attaque d’amaurose, la paraplégie et bien d’autres accidents.

N’est-ce pas en privant ce vaniteux – ou cette vaniteuse – de son public qu’agit favorablement la cure d’isolement?

– La vanité n’est pas étrangère enfin à la conduite de l’érotomanie, du délirant mégalomaniaque. Elle éclate dans certaines manifestations de psychoses aiguës telles que la manie. Elle n’est sans doute pas absente de quelques entités cliniques paradoxales comme le syndrome de Cotard (l’énormité dans le néant, l’immortalité dans la mort); dans la mélancolie la plus banale (la tristesse et le malheur de ces malades ont toujours un caractère exceptionnel), comme dans la très commune neurasthénie où le patient tire une impression flatteuse de l’étrangeté de ses malaises, des échecs de la thérapeutique, qui prennent en défaut la sagacité des médecins qu’il consulte successivement.

Ch. Bardenat.

Vanité
La vanité. Photographie de Megan Jorgensen.

Orgueil

Gauchissement instinctif de la personnalité, l’orgueil est dans la surestimation par l’individu de ses vertus réelles ou supposées.

Dans l’orgueil, l’hypertrophie du Moi persuade sincèrement le sujet de ses droits à l’estime, sinon à la reconnaissance d’autrui.

L’orgueil s’apparente à la vanité (v. ce mot). Il est en lui-même l’amorce et le noyau de la mégalomanie, le moteur primitif de l’ambition et l’un des éléments de la constitution paranoïaque (v. ce mot). C’est un terrain d’élection pour la méfiance et les idées de persécution.

Dans la vie individuelle courante, l’orgueil comporte des conséquences fâcheuses pour l’adaptation sociale. Il se manifeste habituellement par l’intolérance, la tyrannie et le despotisme, l’abus d’autorité dans tous les domaines (politique, professionnel, privé). La morgue et l’hostilité méprisante ne sont pas les moindres démonstrations qui rendent l’orgueilleux d’un commerce désagréable, fût-il homme de génie.

On est toujours le folklore de quelqu’un d’autre (Michel Tremblay, romancier québécois)

Aussi le passage au délire dans l’évolution d’une psychose paranoïaque chez un prédisposé constitutionnel peut-il être difficile à saisir sur le seul critère de l’insociabilité. Il est d’ordinaire méconnu, surtout par l’entourage.

Les formes collectives de l’orgueil se traduisent par le chauvinisme qui, sur le plan historique, a eu parfois des conséquences regrettables.

L’orgueil s’observe en pathologie mentale, en dehors de sa forme simple et des états paranoïaques, dans les diverses psychoses où une certaine excitation accompagne un fléchissement de l’autocritique (manie aiguë, paralysie générale à forme ambitieuse, quelques états séniles). Il est banal chez les imbéciles.

Ch. Bardenet.

Idées d’énormité

Idées délirantes de proportions démesurées et d’une grossière absurdité.

Elles se rencontrent surtout chez les mélancoliques qui s’accusent d’être responsables des malheurs de toute l’humanité.

On peut noter aussi la combinaison paradoxale d’idées d’immobilité et d’immortalité malheureuse, négation de fonctions ou d’organes.

Orgueil
On est toujours le folklore de quelqu’un d’autre (Michel Tremblay, romancier québécois). Photographie de Megan Jorgensen.

Erostratisme

Par référence à l’exemple de l’incendie du temple de Diane à Ephèse par Erostrate, Valette a créé le terme d’érostratisme pour désigner l’association de la malignité avec l’amoralité et la vanité chez les débiles et caractériser le genre d’attentats résultant de ces dispositions mentales.

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