Les troubles de la conscience partagée : une spécificité humaine
En réalité, l’immense majorité des troubles de la conscience chez l’homme se manifestent dans la conscience partagée, dont l’apparition est permise par la création des mondes immatériels inventé par nos signes, nos mots et nos récits. Cette tendance à habiter les mondes virtuels que nous fabriquons explique que la transcendance, l’art et la spiritualité métamorphosent nos perceptions – faute de quoi nous serions de nouveau soumis à l’immanence et à l’immédiateté du présent à l’instant des lobotomisés.
Grâce à leur progrès, les hommes deviennent capables d’habiter des mondes crées par leurs représentations. Le réel est ailleurs, agissant à leur insu. Soumis au monde qu’ils inventent, fascinés par leurs propres créations qui monopolisent leur conscience les hommes renforcent ces représentations par des œuvres d’art et de récits. C’est donc le plus logiquement le monde qui qu’ils croient à leurs délires. Ces divagations de la conscience atteignent leur paroxysme dans le cas des délires collectifs, lors desquels la conscience individuelle ploie sous le joug d’une seule image, d’un seul récit d’un seul homme.
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Ainsi c’est mettent en place les morales perverse où prédomine la sole représentation du groupe, et où ils devient juste de détruire tous ceux qui ne le partagent pas. Ainsi nos représentations sont-elles à la fois à l’origine de merveilleuses œuvres d’art et de terribles crimes collectifs. Il s’agit bien là d’une spécificité humaine.
Notre conscience partagée nous permet dans une certaine mesure, grâce à la magie des signes, des mots et des œuvres d’art, d’échapper aux contraintes biologiques. Celles-ci agissent pourtant encore à notre insu. En effet, nous ne sommes parvenus à ce degré de liberté biologique que grâce aux connexions neuronales capables de réactiver une information passée et de la modifier. Cette conscience cognitive existait avant l’apparition de l’homme, puisque de nombreux animaux dont la présence sur terre est antérieure à la nôtre, possèdent un système nerveux capable d’une telle performance.
Mais notre espèce a eu la chance de voir les lobes préfrontaux de son cerveau se développer tant que l’operculisation a enfoui la zone du cerveau dans le lobe temporal gauche.
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Le cerveau est une condition nécessaire à l’apparition de la conscience partagée. Elle n’est cependant pas suffisante puisque certains enfants, dotés d’un cerveau sain mais privés de rencontres affectives et de bain langagier, n’accèdent pas à la parole. C’est dire que, pour devenir humain, nous devons inscrire dans notre corps et dans notre mémoire l’empreinte des autres et de leurs mots. Sans eux, aucune de nos promesses génétiques ne peut se tenir. il nous faut nous confronter à l’autre pour devenir nous-mêmes. Tel est l’incroyable défi de l’homme.
PS : Le syndrome de Lech-Nyan est une maladie génétique rare dans laquelle un ensemble des gènes code mâle la synthèse d’une enzyme qui doit normalement dégrader l’acide urique. Sous l’effet de cette anomalie, observable chez les humains, les rats et les singes, l’acide urique s’accumule est stimule sans cesse l’amygdale rhinencéphalique, qui est en bonne récepteur. Or cette structure nerveuse du cerveau profond, quand elle reçoit une stimulation électrique ou chimique provoque des rages incoercibles.
Voir aussi :
Schéma d MacLean :
1. Cerveau reptilien. Survie, comportements impliquant : l’autoconservation et la conservation de l’espèce. Établissement de la défense du territoire. Aussi la volonté de puissance.
2. Cerveau paléo-mammifère. Système limbique, support neurologique des circuits de la mémoire. Émotions.
3. Néocortex : dernier cerveau apparu dans l’évolution (néo-mammifères, homme).
