Transmission affective

Transmission affective : Chose désignée, objet signifiant

Nos enfants approuvent intensément ce type de transmission affective quand une mère malheureuse compose avec ses gestes, ses mimiques et sa vocalité un milieu abattu qui ne stimule et ne sécurise plus (Tronick, 1989). Cet héritage affectif transmis au corps à corps à travers les générations n’a plus rien à voir avec l’hérédité. C’est la mise en lumière des objets sémantisés qui permettra à l’empreinte dans la conscience de l’enfant d’un événement subi par ses parents.

Désormais, la métamorphose s’accomplit. Nous pouvons nous envoler vers les représentations non matérielles du monde impalpable de la spiritualité. Nous l’éprouvons comme une évidence au point que nous y adaptons nos décisions. C’est une représentation sémantisée qui dicte désormais nos conduites en lieu et place du cerveau. À cette nuance près que la sémantisation commence avant la parole puisque la métamorphose des consciences est un processus graduel. Nos enfants en sont la preuve : ils comprennent mille choses bien avant de parler (De Boyssons-Bardie, 1998).

Pour réaliser cette performance nos enfants doivent être capables de tenir à distance une information, de ne pas répondre simplement à une stipulation présente et de désigner un objet particulièrement significatif afin de médiatiser leurs relations avec la figure d’attachement.

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Cette aptitude se développe dès le huitième, dixième mois, quand ils pointent l’index. Ce geste témoigne des leurs capacités à sémantiser le monde et à planter dans la conscience de l’autre l’image d’une représentation d’objet dont il s’est serviront pour communiquer.

Dès l’instant où elle est désignée, la chose prend sens. Quand un bébé de dix mois pointe son index pour désigner un chapeau porté par sa mère, c’est que, dans son petit monde il a pris conscience que ce chapeau était pour elle un objet privilégié.

L’histoire de la mère sa personnalité ont rendu saillant l’objet que l’enfant désigne. Désormais la relation sera médiatisée j’ai par cet objet historisé. En le pointant du doigt, le bébé en fait un objet d’interaction. Par ce simple geste, la mère et son enfant viennent d’établir une communication intersubjective qui leur procure un étonnant plaisir partagé.

L’attachement, pour se tisser, utilise une partie du corps – le doigt qui désigne – et des objets qui feront désormais partie de la conscience de la mère et de l’enfant.

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Cette échafaudage de la conscience émergente et partagée avant l’apparition de la parole permet de comprendre comment des vrais jumeaux, quoique possédant le même équipement génétique, se construisent pourtant des consciences différents (Jouanjean-L’Aantoine, 1994). Le fait que les parents soient coauteurs de l’échafaudage des consciences explique comment leur histoire mais en lumière un objet qui a pris en sens pour eux. L’enfant perçoit cet objet saillant et s’insère afin d’agir sur les représentations de ses parents.

C’est ainsi que la petite Julie pointe son doigt avec insistance en direction des livres dès que son père rentre du travail. Que peut bien signifier en livre dans l’univers mental d’un bébé de dix mois ? En fait, cet objet a un sens. On comprend pourquoi il médiatise la relation quand on sait que le père prépare un concours administratif et qu’il atteint rentré, il embrasse sa fille et se met à étudier.

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transmission affective
Un enfant au moment de la transmission affective. Photo de Megan Jorgensen.

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