Sociogenèse et psychiatrie
Rôle joué par les facteurs sociaux dans la production des désordres mentaux (névroses et psychoses). Aussi dans les anomalies du comportement (inadaptation, criminalité).
Les psychiatres de nos jours considèrent surtout l’individu en fonction de son milieu social et de sa plus ou moins bonne intégration dans ce milieu. Sa « socialisation » mesure son pouvoir d’adaptation comme sa « désocialisation » signifie sa désintégration du milieu, aboutissant souvent à de véritables épaves sociales (vagabond, clochard, délinquant, etc.).
Pour Henry Ey, le monde apparaît comme une série de formes hiérarchisées, chaque structure étant la condition nécessaire, mais non suffisante, de la structure qui lui est supérieure; celle-ci peut être conçue comme une forme d’organisation qui utilise en les intégrant les structures plus inférieures.
Mme J. Favez-Boutonier a souligné (Évol. Psych., 1951, fasc. II, p. 355) l’importance prise par le psychiatre dans la conduit des homes. Cela justifie l’expression de “technicien de la condition humaine”. Mais le même auteur nous met en garde contre l’extension indéfinie de cette perspective sociale au regard du malade mental. En psychiatrisant ainsi l’humanité entière, dit-elle, on arriverait à la négation de la psychiatrie qui est proprement l’étude de l’individu malade au point de vue mental. « Le fou est avant tout un malade et non pas seulement un inadapté ou un isolé ».
Ajoutons que ce point de vue sociogénétique ne doit pas nous faire perdre de vue les facteurs psychogénétiques proprement dits, qu’ils soient constitutionnels ou évolutifs, non plus que les facteurs organogénétiques de toute nature (biologique, endocrinologique, toxique ou infectieux, etc.).
Ant. Porot.
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