Schizose, schizopathie, schizophasie…

Schizose, Schizopathie, Schizoïdie (Synonime : schizothymie), Schizonoïa et Schizophasie en psychiatrie

Schizose

H. Claude a désigné sous le nom de schizose un groupe d’altérations mentales qu’il divise en 3 sous-groupes : schizoïdie, schizomanie, schizophrénie (v. ces mots). Les schizoses seraient dues, d’après cet auteur, à une altération fonctionnelle des associations cortico-thalamo-striées.

Schizophasie (Du grec scinder, langage)

Terme créé par Kraepelin pour désigner une dissociation particulièrement profonde du langage dans certaines formes de démences précoces : dans son aspect le plus typique, le langage se présente comme une salade de mots connus et néologiques, d’un débit souvent très rapide, constituant un discours absolument incompréhensible. Seul, le ton musical traduit une note affective interprétable : interrogation, colère, récit, déclamation. Le malade semble parfois écouter les questions qu’on lui pose ou accepter le dialogue et en reconnait, dans son discours, des mots se rapportant (associations par la signification ou plus souvent par assonances) aux propos de l’interlocuteur, mais la verbigération donne l’impression d’un déroulement automatique ayant perdu tout contrôle et inadéquat à exprimer une pensée.

La schizophasie n’apparaît parfois qu’après quelques instants de conversation normale. Elle est propre à certaines malades atteints de paraphrénie (v. ce mot) et capables, en dehors de leurs thèmes délirants, d’une pensée et d’une expression verbales parfaitement compréhensibles.

Par contre, elle peut être permanente chez des schizophrènes, incapables alors d’une autre forme d’expression verbale.

Claude et Pferdsdorff ont insisté sur les ressemblances cliniques et peut-être pathogéniques de la schizophasie avec la paraphasie des aphasiques sensoriels.

Les autres formes de dissociation verbale on syntactique et de néoformation (néologisme, formules hermétiques) n’en sont probablement que des aspects réduits.

Th. Kammerer.

Schizopathie

Bleuler a donné ce nom aux cas où les tendances constitutionnelles schizoïdes d’un sujet suscitent des réactions assez accusées, mais sans qu’il y ait toutefois un processus morbide en évolution.

Ces tendances caractérielles sont aussi désignées quelquefois sous le nom de schizothymies.

A.P.

Schizonoïa

Terme proposé par Pichon pour définir la tendance générale à la discordance entre l’attitude qu’un sujet cherche consciemment à prendre dans la vie et son activité psychique inconsciente.

Codet et Laforgue ont voulu regrouper sous ce nom toutes les arriérations affectives provenant d’un trouble de l’évolution des instincts, aboutissant à une résultante vitale défectueuse. Le noyau fondamental de la schizonoïa serait pour eux une tendance à l’activité autistique compensatrice des échecs. Dans ce vaste groupe, ils font rentrer les diverses névroses, la schizophrénie de Bleuler, la schizomanie de Claude, une partie notable de la démence précoce de Kraepelin et la folie discordante de Chaslin. Une telle extension enlève une partie de sa valeur à ce concept.

M. P.

Schizoïdie (Synonime : schizothymie)

Type de constitution mentale réalisant le terrain prédisposé, mais non obligatoire de la schizophrénie, dont elle est une ébauche très élémentaire.

Il comporte une carence du contact avec le monde extérieur, un repli sur soi-même (autisme). La vie intérieure tient une place prépondérante : elle est difficile à pénétrer et ne s’extériorise que par bribes, parfois discordantes. Il en résulte pour l’entourage une apparence de froideur, de nonchalance ou de désintérêt.

Sous ce masque se cache une affectivité qui n’est ni unie ni harmonieuse : elle est faite de mouvements divers ou contradictoires (ambivalence), dont la discordance ne se résout pas. D’une manière plus générale, le schizoïde se meut entre deux pôles : hypersesthésie et anesthésie affectives, qui peuvent d’ailleurs coexister. Le repli sur soi est souvent une réaction de protection de l’hypersensibilité.

Parmi les schizoïdes, on trouve des intellectuels profonds, des idéalistes hardis que n’arrête pas le sens de la mesure, des originaux timides et bafoués, des vagabonds asociaux et impulsifs.

Le schizoïde s’oppose assez facilement à la cycloïdie ou syntonie. D’après Kretschmer, son type morphologique statistiquement le plus fréquent est le type asthénique (leptosome) : développement en longueur, maigreur, épaules étroites, thorax allongé, système ostéo-musculaire peu développé, profil très découpé. Assez fréquents sont aussi le type athlétique (développement du squelette et de la musculature, thorax large) et les types dysplastiques (stigmates dysendocriniens, eunuchoïdes, acromégales, etc.).

Th. Kammerer.

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