Rêve et rêve éveillé

Rêve et rêve éveillé en psychiatrie

« Le rêve est une des dimensions essentielles de l’existence et la poésie permet ce rêve. » (Jacques Chirac, homme politique français).

Phénomène psychologique se produisant pendant le sommeil et constitué par une série d’images dont le déroulement figure un drame plus ou moins suivi.

Le rêve est fait d’activités automatiques échappant à la volonté et à la responsabilité morale du sujet, à la faveur de l’éclipse (dissolution) que subit la conscience vigile.

L’état de conscience du rêveur est tel qu’il croit à la réalité du drame onirique ou que, du moins, il s’abstient de le soumettre à la critique. Le plus souvent, le sujet figure lui-même parmi les personnages sujet figure lui-même parmi les personnages du rêve, soit comme acteur, soit comme spectateur ; dans certains cas, il ébauche les actes correspondants au rôle qu’il joue dans le drame : le dormeur, alors, s’agite, parle plus ou moins distinctement; il peut même, exceptionnellement, se lever et présenter une activité motrice coordonnée, d’apparence intentionnelle : c’est le somnambulisme, observé surtout chez les névrosés.

Les pensées conceptuelles sont à peu près absentes du rêve, qui s’exprime en images principalement visuelles, mais pouvant affecter tous les sens. L’intensité de ces images est variable : dans l’ensemble, elle paraît moindre que celle des perceptions de l’état de la veille. Les images oniriques sont en rapport avec des excitations sensorielles externes (Maury), avec des excitations sensorielles subjectives, telles que les images entoptiques (Bergson), avec des sensations internes qu’elles traduisent parfois de façon symbolique (Scherner), avec l’état affectif et les préoccupations du rêveur, avec ses souvenirs, les uns récents, les autres lointains et parfois en apparence oubliés (hypermnésie du rêve).

On ignore encore la durée véritable des rêves, que d’aucuns prétendent fort courts. Quelques auteurs admettent que le rêve est un phénomène constant pendant le sommeil ; d’autres localisent principalement l’activité onirique à l’approche du réveil. Le rêve est souvent oublié au sortir du sommeil ; d’autres fois, son souvenir s’estompe rapidement au cours des heures qui suivent, mais il peut aussi persister indéfiniment.

Depuis longtemps, on admettait que le rêve a une utilité, qu’il permet d’extérioriser des activités psychiques qui ne trouvent pas de place dans l’organisation de la veille (Robert, Delage). Mais c’est incontestablement Freud qui, sur le plan psychologique, a le mieux pénétré ses mécanismes et sa signification ; sa théorie du rêve, exposée notamment dans la Traumdeutung, est l’une des bases essentielles de la psychanalyse.

Pour Freud (v. Dalbiez, La méthode psychanalytique et la doctrine freudienne), le rêve a toujours un sens, que l’on découvre en soumettant à la méthode des associations libres son « contenu manifeste » ; c’est-à-dire la suite des images dont il est formé; ces associations se montrent toujours « thématiques », orientées dans le même sens et révèlent ainsi le « contenu latent » du rêve qui est l’expression d’un sentiment, tantôt connu du rêveur, tantôt inconscient ou inavoué. Les transformations subies par le contenu latent pour produire le contenu manifeste constituent le « travail d’élaboration »; travail complexe, qui met en jeu divers mécanismes; la condensation (fusion de plusieurs éléments latents en une seule image manifeste) ; le déplacement (transfert de la charge affective liée à un objet vers un objet de substitution ); la dramatisation (figuration d’une idée abstraite par une image) ; la symbolisation (figuration d’un objet par un symbole, c’est-à-dire par un autre objet qui le représente en vertu d’une sorte de convention admise par la collectivité ; l’interprétation des symboles complète la méthode des associations libres pour la recherche du contenu latent).

Ainsi conçu, le rêve apparaît comme un moyen d’expression psychique ; il traduit un désir profond, généralement refoulé par la censure et protège le sommeil par la forme déguisée qu’il donne aux conflits internes. Son contenu et ses mécanismes s’apparentent étroitement au délire.

J.-M. Sutter.

« Un rêve sans étoiles est un rêve oublié. » (Paul Eluard, poète français, né en 1895 et décédé en 1952). Image : © Megan Jorgensen
« Un rêve sans étoiles est un rêve oublié. » (Paul Eluard, poète français, né en 1895 et décédé en 1952). Image : © Megan Jorgensen.

Rêve éveillé

Procédé utilisé en psychiatrie par Desoille, puis par Guillerez, etc. Il consiste dans une rêverie dirigée, à partir d’une image suggérée par le thérapeute et dont le thème général, emprunté à la technique de Caslant, est une ascension, suivie d’une descente. Le malade est étendu et ne voit pas le thérapeute. Cette phase a une valeur cathartique et permet au sujet de prendre conscience de sentiments et d’attitudes dont la signification lui échapperait.

Un entretien « face à face » lui fait suite, qui est un commentaire interprétatif de la première phase; le thérapeute utilise ici les notions analytiques, mais le transfert ne peut être analysé avec la même précision que dans une cure classique et l’attitude adoptée est souvent plus interventionniste.

La technique de Desoille a, selon lui, comme principaux avantages sur la méthode psychanalytique orthodoxe, une synthèse plus rapide de la personnalité évitant la longue phase initiale souvent pénible, l’acquisition d’une conscience morale mieux organisée, la diminution du nombre des séances et la possibilité d’étendre le bénéfice de la thérapeutique à des sujets plus âgés.

On a proposé l’association du rêve éveillé avec d’autres techniques psychothérapeutiques : cette association est délicate et peut n’être pas sans danger.

J.-M. Sutter.

Hypnopompiques

Se dit des manifestations qui se produisent au moment du réveil. Exemple : hallucinations hypnopompiques.

Hypnagogiques

Se dit des manifestations qui se produisent au moment de l’endormissement. Cette dénomination vise surtout des troubles hallucinatoires à caractère itératif, à forte charge esthésique.

Ces manifestations paraissent liées à la mise en jeu des centres régulateurs du sommeil que des travaux récents localisent dans la calotte pédonculaire. L’hallucinose, dite pédonculaire, présente souvent ces caractères.

A. P.

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