Québec psychologique

Réflexes conditionnels

Réflexes conditionnels

Réflexes conditionnels

Fondements physiologiques

Le réflexe conditionnel est une réponse acquise et fixée sous l’influence d’un excitant nouveau superposé à l’excitant primitif et habituel, puis substitué à lui par la suite.

Pavlow et ses élèves ont considérablement élargi et enrichi les conditions expérimentales sur l’animal d’abord, puis sur l’homme lui-même et fixé les lois de cette mouvante physiologie qu’est la réflexologie. Elle intéresse, au plus haut point, le fonctionnement du système nerveux. Rappelons-en les lois essentielles, d’après Pavlow :

  1. L’excitation, d’origine sensorielle, suppose une pénétration, une irradiation vers les centres avec concentration sur une zone définie, élective.
  2. L’inhibition correspond à une neutralisation des autres excitants perçus par le cortex. Il se crée un état d’équilibre et de balancement permanent entre les deux processus d’excitation et d’inhibition.
  3. Au niveau de l’écorce existent des localisations précises en rapport avec les divers appareils sensoriels. Ces centres sont des analyseurs corticaux sélectifs au regard des excitations captées de l’extérieur, les transformant en énergie nerveuse qu’ils orientent vers les différents centres corticaux spécialisés en vue d’une réponse. Ainsi se conditionne toute une série de frayages plus ou moins stables qui règlent les circuits nerveux. Le cerveau, pour Pavlow, n’est pas le siège de la pensée, mais une sorte de tableau signalisateur, un analyseur et un connecteur.

On a fait jouer un rôle considérable au réflexe conditionné dans la neurophysiologie et dans la neuropathologie.

Réflexes conditionnés, adaptation et comportement. – Le conditionnement est à la base de la formation de toutes nos habitudes et de tout notre comportement. – Le conditionnement est à la base de la formation de toutes nos habitudes et de tout notre comportement. Le développement humain n’est qu’un courant d’activité « conditionnée » à complexité croissante, à partir de réflexes apparaissant dès la naissance. Toute une psychophysiologie nouvelle, le behaviorisme de Watson repose sur ces fondements (v. Behaviorisme).

L’aptitude à fixer les réflexes conditionnés présente des variations individuelles. Pavlow l’avait remarqué sur les chiens en expérience. Malgré les recherches de plusieurs auteurs (Miassisstechew, Osipova et Timmer, Marinesco), il ne semble pas que l’on ait pu relever de rapports très précis chez l’homme entre la réflexologie et la typologie. Peut-être le réflexe conditionné se fixerait-il plus facilement chez le pycnique.

Trois systèmes d’habitudes se développent simultanément :

  1. Les habitudes viscérales et neurovégétatives ; les grandes fonctions neurovégétatives (sommeil, vaso-motricité, orgasmes vénériens) sont soumises aux lois du conditionnement et peuvent constituer, à leur tour, des stimuli pour de nouveaux conditionnements ;
  2. Les habitudes manuelles, très nombreuses, très différenciées, base de la vie sociale et de l’adresse professionnelle ;
  3. Les habitudes laryngées et verbales, aboutissant à la formation du langage, substitut général du comportement total.

Réflexes conditionnés et sommeil

Pavlow a bien établi, expérimentalement le rôle de l’inhibition corticale dans la production du sommeil et l’intervention de certains facteurs conditionnés, les uns positifs, les autres négatifs, dans son déclenchement.

Réflexes conditionnés et langage. De ses expériences, Watson conclut que les habitudes vocales sont progressivement substituées à des habitudes corporelles en face de l’objet convoité. Le processus initial de formation d’habitudes de langage ressemble à celui de l’établissement des réflexes conditionnés moteur simples. Les mots sont les substituts des actes et des choses.

Marinesco, étudiant le problème des aphasies, considère ces dernières comme des désintégrations progressives ou sélectives des différents réflexes conditionnés, qui ont précédé à l’édification de la fonction du langage : réflexes conditionnés verbo-moteurs, acoustico-moteurs, optico-moteurs, ces derniers se divisant en : optico-verbo-moteurs (lecture), optico-grapho-moteurs (écriture).

Chaque variété d’aphasie est commandée par la perte plus particulière de tel ou tel réflexe conditionnés. Un réflexe conditionné est d’autant mieux fixé qu’il est plus ancien et qu’il a été répété plus fréquemment (loi de fixité).

Réflexes conditionnés. Névroses et psychoses. – Pavlow a pu réaliser, chez les chiens, de véritables névroses expérimentales (états d’agitation, états d’apparence hypnotique, inhibition prolongée), en utilisant des excitants conditionnés très forts et en déterminant un conflit entre les processus d’excitation et d’inhibition.

Beaucoup d’auteurs ont cherché à expliquer la genèse des troubles névropathiques chez l’homme par l’action de réflexes conditionnés. C’est surtout dans matière d’hystérie qu’on a fait jouer ce mécanisme (Tinel, Marinesco). Marinesco a démontré expérimentalement que les hystériques fixaient beaucoup plus facilement les réflexes conditionnés que les sujets normaux et s’en débarrassaient plus difficilement.

Si les hystériques fixent, avec une extrême facilité, les réflexes conditionnés, la même disposition se retrouve chez des sujets atteints de lésions sous-corticales (crises oculogyres des encéphalitiques) et il n’est pas douteux que ces interventions sous-corticales dérèglent le pouvoir d’inhibition de l’écorce.

Des constatations et des interprétations semblables ont été fournies à propos des états obsessionnels (Tinel, Maurice de Fleury). Certains bégaiements sont certainement conditionnés dans leur origine et leur maintien.

Les psychiatres d certains pays ont cherché à approfondir physiopathologie des psychoses et ses rapports avec le mécanisme du conditionnement et les lois du dynamisme cérébral. Dans la psychose maniaque-dépressive, le temps de latence des réflexes verbaux est augmenté chez les mélancoliques et diminué chez les hypomaniaques (Ivanov-Smolensky).

Dans la paralysie générale et d’autres démences les réflexes conditionnés se forment plus difficilement.

Dans la schizophrénie, il y a dans la dynamique cérébrale une induction poussée trop loin que les excitations du monde extérieur ne peuvent modifie (Timmer). Même inhibition corticale chez les déments précoces catatoniques (Marinesco). Lente étudiant les réflexes conditionnés chez les paranoïaques, a montré l’existence d’une excitabilité exagérée du centre de réaction de défense.

L’explication réflexologique des psychoses et des névroses n’a pas satisfait tous les psychiatres. Pour H. Ey, la seule interprétation qu’elle puisse donner est d’inspiration mécaniciste : or. Si elle est valable pour un schéma aussi simple que le réflexe conditionné, elle est simpliste pour interpréter des mécanismes psychopathologiques aussi complexes que les psychoses ou les psychonévroses (v. aussi pour la critique générale le mot Behaviorisme).

Ant. Porot

Chat Pusia

C’est l’intelligence même, pas les réflexes conditionnels. Photo de GrandQuebec.com.

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