Québec psychologique

Référendum, âge et religion

Référendum, âge et religion

Plus on va à la messe, plus on a voté NON au référendum

Qui retrouvait-on dans les 49,4% qui ont dit OUI et les 50,6% qui ont dit NON au référendum du 30 octobre 1995?

Combien de vieux et de jeunes, d’hommes et de femmes, de vieilles et de nouvelles souches, de métropolitains et de provinciaux, de patrons et de syndiqués, de francos et d’anglos ou d’allos?

Jacques Parizeu avait sa petite idée là-dessus et les experts ont multiplié les répartitions : langue, sexe, âge, ethnie, région.

La maison de sondage Angus Reid ajoute un nouveau facteur de clivage : la religion catholique et la fréquence d’assistance à la messe dominicale.

Selon deux sondages pré-référendaires, l’intention de voter NON croissait avec la pratique religieuse chez les catholiques francophones. Plus souvent on allait à la messe plus on avait l’intention de voter NON.

Angus Reid et Andrew Grenville, président et vice-président de la firme de sondage, viennent de sortir ces données, dans le quotidien Ottawa Citizen, sous le titre Comment les francophones catholiques ont contribué à la défaite du référendum sur la souveraineté.

Les chiffres sont éloquents : même si 60% des francophones ont voté OUI, 60% des francophones qui vont à la messe chaque semaine avaient l’intention de voter NON. Il appert que 13% de la population du Québec va à la messe chaque semaine.

L’explication est cependant moins convaincante. MM. Reid et Grenville évoquent la thèse que le nationalisme a supplanté la religion au Québec et font valoir que les catholiques convaincus sont plus réceptifs à la différence et moins enclins à embrasser la séparation avec la grande communauté canadienne.

Gilles Thérien et Guy Larocque, de la maison de sondage SOM, ne sont guère impressionnés par cette explication, que M. Larocque qualifie même de farfelue. « Il faut plutôt y voir le partage des valeurs conservatrices, qu’on retrouve également chez les personnes plus âgées, qui ont amené les gens à voter contre le changement », selon les experts de SOM.

Les données d’Angus Reid tendent justement à confirmer cette hypothèse puisqu’on y apprend que 64% des gens de 75 ans et plus vont à la messe chaque semaine contre 3,7% chez les 18-24 ans. Plus on est vieux, plus on va à la messe, plus on vote NON. Est-ce une question d’âge ou de religion? M. Grenville admet cette relation, mais estime qu’elle n’explique pas tout. « La moitié des catholiques de moins de 45 ans, allant à la messe chaque semaine avaient l’intention de voter NON, alors que c’était seulement 20% chez les moins de 45% qui n’affichaient aucune identification religieuse.

« Les résultats du référendum québécois démontrent qu’on ne peut ignorer le rôle de la religion dans la construction de nos sociétés, sous peine d’appauvrir notre connaissance et notre compréhension » concluent MM. Reid et Grenville.

On peut s’étonner des explications des gens d’Angus Reid, mais on ne peut ignorer leur contribution à une meilleure compréhension du votre référendaire.

(Ce texte a été publié le 4 janvier 1996)

Un Canadien errant

Chapelle Bonsecours. Photo : GrandQuebec.com.

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