Reconnaissance de soi, reconnaissance d’autrui
Reconnaissance de soi : L’enfant, lui, ne commence à manifester des réactions perplexes, inhibées et hésitantes face au miroir que vers le 15e mois. Auparavant, il réagit avec la spontanéité témoignée envers tout compagnon. La manifestation d’une difficulté à « traverser » le miroir, a renverser l’image pour s’adapter aux réel témoigne, à coup sûr, d’un trouble du développement de la représentation spatiale.
Lorsque Carpenter a présenté pour la première fois en miroir au Biamis, Papous de Nouvelle-Guinée, ils ont commencé par manifester des réactions de sidération face à leur reflet. Mais, quelques heures plus tard, ils avaient pris conscience que ce qu’ils voyaient dans le miroir, c’étaient eux-mêmes, ou plutôt leur image, qu’ils utilisèrent aussitôt pour faire leur toilette (Carpenter 1975).
Ce n’est pas le cas des enfants autistes qui ne prennent pas conscience que l’image reflétée par le miroir est la leur. Au cours du test du miroir précédemment évoqué, ces enfants, confrontés au reflet de leur joue maculé de crème au chocolat, lèchent leur image spéculaire sans chercher à essuyer leur propre joues (Cyrulnik et Verrier, 1990).
Cet échafaudage de la conscience dans le miroir implique non seulement l’aptitude neurologique à reconnaître les visages, mais encore l’aptitude à reconnaître les visages de même famille, des structures de parenté imagées. Une altération de la reconnaissance des visages apparaissant soudainement chez un adulte est souvent le signe d’une souffrance cérébrale pariéto-occipital droite. De même, la non-reconnaissance de son propre visage dans le miroir indique fréquemment un début de démarche de type Alzheimer (Cyrulnik et Ohayon, 1988).
Or il se trouve que les chimpanzés sont particulièrement doués, non seulement, pour différencier des visages d’hommes et des visages de chimpanzés (Matsuzawa, 1990), mais encore pour reconnaître et associer le visage d’une mère et ceux de ses enfants.
La fabrication du symbole
La classification de Pierce (Pierce 1932) est certainement la plus appropriée pour étudier le cheminement du monde vivant vers l’abstraction. Pierce distingue l’indice, l’icône et le symbole. L’indice réfère à un objet comme l’empreinte dans la neige réfère à la pression du pied. L’icône établit un rapport des ressemblance avec l’objet comme une image ou une onomatopée (« bang », «patatras »). Le symbole représente l’objet de manière arbitraire, comme les bruits de la bouche pour produire des paroles et les signes mathématiques.
Pour fabriquer de l’indice et de l’icône, en organisme sain qui sache appréhender le monde et produire des représentations d’images suffit.
Mais le symbole et le signe ne peuvent naître que d’une rencontre entre deux subjectivités capables de passer entre elles une convention. Pour ce faire il faut que on organisme capable de représentation rencontre en autre esprit capable de s’exprimer, et que tous deux se mettent d’accord, conviennent ensemble d’un geste ou d’une sonorité qui fera signe.
Pour en apprendre plus :
