Psychologie

La psychologie au Québec. Introduction

Le mot psychologie provient des mots grecs « logos » qui signifie science, discours ou explication et « psukhê » qui veut dire âme. La psychologie signifie donc littéralement « la science de l’âme ».

La perception de la psychologie a-t-elle changé au courant des dernières décennies ? » Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord examiner le statut de la psychologie en tant que science. La psychologie est-elle une science ? L’âme humaine peut-elle vraiment être l’objet d’études scientifiques ? Si oui, est-ce une science exacte ? Ces questions restent toujours posées.

Certains auteurs garantissent que la psychologie est une science grâce à ses méthodes de recherche et expériences de laboratoire. D’autres, par contre, attestent que la psychologie est une prescience et ne pourra devenir une science que lorsque elle cessera de baser son savoir sur le vécu humain. De nos jours, la doctrine officielle indique que la psychologie est une science humaine. Cette affirmation est justifiée par le fait que les recherches effectuées en psychologie appliquent la méthode scientifique. Cependant, un débat idéologique persiste au sujet de la scientificité intrinsèque de la psychologie.

En attendant, les divers sens attribués au mot ‘psychologie’ reflètent bien l’incertitude collective face à cette discipline :

  • Étude scientifique des faits psychiques.
  • Connaissance empirique ou intuitive des sentiments, des idées, des comportements d’autrui.
  • Ensemble des manières de penser, de sentir, d’agir qui caractérisent une personne, un groupe, un personnage littéraire; mentalité. ( Le Petit Larousse Illustré (1996)
  • La scientificité de la psychologie est souvent remise en question. Guillec (2000) explique que ce phénomène découle du fait que la psychologie a été fondée sur certains concepts qui se sont avérés erronés. Les enseignements de Freud, si longtemps honorés dans l’étude de la psychologie, ne sont enseignées aujourd’hui qu’à titre d’exemple.

L’histoire de la psychologie reste mystérieuse:

« […] les rares productions savantes à dimensions historiques qui existent ne permettent pas d’appréhender [les] véritables origines [de la psychologie scientifique] et ne dépassent pas le cadre méthodologique de l’histoire des sciences » Guillec, 2000 (96).

Certains historiens proclament que les philosophes grecs étaient les premiers à se poser des questions qui sont aujourd’hui qualifiées comme psychologiques. De plus, on retrouve des traces de questionnements psychologiques dans les mythologies de la plupart des peuples.

Malgré le fait que le terme ‘psychologie’ a été crée en 1575, Platon et Aristote ont tous deux écrit sur le sujet. Déjà en 500 avant J.C., le célèbre mathématicien Pythagore affirmait que le cerveau d’une personne contenait son intelligence et sa folie. Inversement, Homère décrivait la folie comme étant une punition provenant des dieux. La classification des troubles mentaux par Hippocrate (la manie, la mélancolie, la paranoïa, l’épilepsie) demeure la base du Manuel de Diagnostic de l’Association Psychiatrique Américaine. (Le DSM-IV est la quatrième version du « Diagnosis and Statistics Manual » produit par l’Association Psychiatrique Américaine. Tous les psychiatres et psychologues en Amérique du Nord doivent s’en servir pour établir un diagnostic. Ce manuel est compatible avec les critères utilisés en Europe et est enseigné au Québec dès les premiers cours en psychologie au collégial).

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psychologie au québec
La psychologie c’est l’art de faire croire aux autres que nous les comprenons. (Benoît Gagnon, animateur de radio et de télévision québécois). Photo : © Grandquebec.com.

La psychologie de langue anglaise a progressé différemment de celle de la langue française. La grande majorité de littérature scientifique sur cette discipline est publiée en anglais. Néanmoins, les chercheurs et auteurs francophones ont grandement contribué au développement et approfondissement de la psychologie. En 1894, Alfred Binet, bien connu en psychologie pour sa mise au point des fameux tests de quotient intellectuel, fonda la plus vielle revue de psychologie de langue française : l’Année Psychologique (Turcot-Lefort, 2001).

Tout comme les premiers tests de Binet, les notions psychologiques continuent à influencer le système de l’éducation. Par exemple, l’AQPS (l’Association Québécoise des Psychologues Scolaires) a joué un rôle très important dans la reforme entreprise par le ministère de L’Éducation. Dans son bulletin sur le sujet, l’AQPS insistait sur les avantages qu’apporterait aux élèves québécois  un système d’éducation plus diversifié.

Au Québec, les cours en psychologie font partie des cours les plus populaires au niveau collégial et universitaire. Pourtant, la psychologie n’a pas toujours bénéficié d’une telle notoriété. Selon Grondin (2004), la psychologie de langue française a évolué lentement car il y a 60 ans la religion dominait le système d’éducation du Québec francophone. Le premier département universitaire fur fondé par le Dominicain Père Noël Mailloux en 1942. Vers la fin des années 60, cet Institut de psychologie est devenu le Département de Psychologie à l’Université de Montréal.

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Par ailleurs, le premier diplôme de doctorat accordé dans une université québécoise (à l’UQAM) était un doctorat en psychologie. La fière bénéficiaire était  Francine Lavoie, une professeure a l’Université de Laval. La recherche en psychologie a considérablement progressé au cours des 20 dernières années, et Grondin (2004) se montre optimiste face a l’efficacité des interventions  et à la vitalité future du domaine.

En 1962, la psychologie est officiellement reconnue comme profession au Québec. Cette même année, la Corporation des psychologues du Québec est établie. Cette société existe de nos jours, mais porte désormais le nom de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ). Seuls les membres de l’OPQ sont autorisés  à porter le titre de psychologue. Grondin (2004) affirme que présentement « l’OPQ comprend plus de 7 300 membres ».

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Pour répondre aux exigences établies par le Code des Professions, les nouveaux membres doivent détenir un doctorat en psychologie, en plus de compléter des stages cliniques, réussir le cours sur la déontologie donné par l’OPQ, et effectuer des travaux de recherche. L’appartenance à l’OPQ est essentielle, car seul l’Ordre est en mesure de délivrer la licence  indispensable à la pratique de la psychologie au Québec.

La perception de la psychologie a définitivement évolué au cours des dernières décennies. Certains psychologues, notamment Lucie Bernier, considèrent que l’opinion publique sur la psychologie s’est grandement améliorée. L’experte attribue cet affermissement à la présence croissante de cette discipline dans les médias. Selon Lucie Bernier, la science humaine de la psychologie est devenue beaucoup plus accessible et, donc, mieux connue et acceptée.

Synthèse de l’Entrevue sur la psychologie

La rencontre s’est tenue le lundi 6 Mars 2006 à Montréal, de 11h30 à 12h20. La personne interviewée est une psychologue, psychothérapeute et membre de l’OPQ. Elle a obtenu une maîtrise en psychologie dans la ville de Québec. Cette psychologue a aussi suivi plusieurs formations spécifiques : les études cliniques, la thérapie du deuil, les maladies psychosomatiques, la thérapie cognitive, la thérapie behavioriste,  et d’autres.

Cette experte a beaucoup d’expérience en pratique privée et en recherche scientifique. La Madame a entrepris une étude scientifique des expressions faciales des individus a travers le monde, pour déterminer si la culture influence les expressions faciales et les sens qu’on leur donne. Les conclusions tirées étaient que les six émotions humaines fondamentales étaient exprimées de la même façon dans la grande majorité des cultures examinées. On peut en conclure que la perception des expressions faciales des émotions humaines reste constante indépendamment de l’ethnie ou de la culture des sujets.

L’expérience s’est déroulée très agréablement. Il est intéressant de noter que la simple présence de cette psychologue suffit à restaurer le calme. Toutes les questions posées sont discutées en détail dans la prochaine section. Les réponses étaient très claires et confirmaient souvent les textes choisis. Cependant, la question de recherche a été répondue grâce à l’experte. Ainsi, la perception de la psychologie a bel et bien changé au cours des dernières décennies. Heureusement, cette transformation semble très bénéfique autant pour les psychologues que pour la société en général. Selon Lucie Bernier, le phénomène de la psychologie populaire est très positif et aurait même contribué à éveiller la conscience des gens face à la psychologie.

Entrevue

(Les réponses de la Madame B. sont résumées pour des raisons de commodité).

Qu’est ce que la psychologie ?

La psychologie est la science du comportement humain. Grâce à cette science humaine nous pouvons comprendre et modifier certains aspects du comportement humain.

En quoi la psychologie est-elle une science ?

La psychologie est une science parce qu’on peut faire de la recherche. En appliquant la méthode scientifique à la psychologie, on peut investiguer, décrire et expliquer des phénomènes tels que la dépression, l’anorexie, les émotions humaines à travers le monde, etc.

Comment la psychologie a-t-elle influencé l’opinion publique au courant des dernières années ?

Les psychologues sont beaucoup plus présents dans les médias aujourd’hui. On a aussi beaucoup parlé des bienfaits de la thérapie. Cette représentation médiatique a amélioré l’opinion publique de la psychologie. A l’époque, l’opinion publique était que les psychologues sont pour les « fous ». Les psychologues se sont beaucoup investis dans différents milieux, et aujourd’hui, les gens savent que les services des psychologues ne sont pas restreints a ceux qui souffrent de maladies mentales.

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Selon vous, quelle est l’opinion publique par rapport à la psychologie ?

Définitivement, il y a beaucoup moins de préjugés par rapport à la psychologie. Aujourd’hui les gens ont le réflexe de conseiller une consultation psychologique à une personne que ne se sent pas bien. Les gens ressentent beaucoup moins de honte ou de culpabilité face a leur besoin de consulter. Les psychologues se sont rendus beaucoup plus accessibles, modernes et adaptés aux divers besoins des gens.

Pourquoi les études en psychologie se sont-elles prolongées dernièrement ?

C’est peut-être pour fournir une formation plus complète, plus poussée. A l’époque, une maîtrise était suffisante pour pratiquer. Les études de maîtrise se concentraient surtout sur le coté clinique, alors qu’aujourd’hui, il y a beaucoup plus de choix pour se spécialiser. De toute façons, les gens allaient se chercher des formations bien après avoir obtenu la maîtrise.

Selon vous, quel est l’avenir de la psychologie ?

Il va y avoir de l’ouvrage longtemps ! La société est constamment en mouvement, donc il va toujours y avoir plein de difficultés sociales qui poussent les gens à aller consulter. Le psychologue aurait, en quelque sorte, remplacé le prêtre, en ce qui concerne les besoins de se confesser et de faire le point. Aussi, notre société est extrêmement individualiste, donc les gens se portent moins à chercher de l’aide dans leur réseau naturel. Le fait que les psychologues se sont rendus plus accessibles a contribué à augmenter leur clientèle.

Comment la perception de la psychologie a-t-elle changé au cours des dernières décennies ?

On voit la psychologie comme étant beaucoup plus accessible. Les gens ne considèrent plus que les psychologues soignent seulement des personnes aux prises avec des maladies mentales.

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Comment les contradictions théoriques en psychologie influencent-elles sa validité ?

Pour le commun des mortels, ces contradictions n’ont pas d’importance. La personne qui va consulter veut une écoute attentive, veut de l’aide, mais ne veut pas nécessairement savoir comment telle ou telle conclusion a été atteinte. La recherche scientifique en psychologie n’est pas toujours liée avec le besoin ou l’envie de consulter, donc a peu d’influence sur les clients des psychologues. De toutes façons, des contradictions existent en médecine et autres sciences.

Que pensez-vous du phénomène de la psychologie populaire, dite la « pop » psychologie ?

C’est bien, ça éveille la conscience des gens. Même l’émission de Dr. Phil fait faire des pas aux gens. Les psychologues professionnels en bénéficient car ça éveille l’intérêt des gens et leur montre les moyens qu’ils ont pour aider leurs problèmes psychologiques.

Par ElBa.

Voir aussi :

Bibliographie :

  • Grondin, Simon. Un éditorial sur le développement et le rayonnement de la psychologie québécoise et francophone. Canadian Psychology. Ottawa (2004) : 45.4, 253-265.
  • Guillec, Gérard. Comment écrire histoire de la psychologie ? Réflexions a propos du débat idéologique sur les ‘enfants anormaux’ en France. Canadian Psychology. Ottawa (2000) : 41.2, 94-107.
  • Le Petit Larousse Illustré. Dictionnaire encyclopédique. Paris (1996) : Les Éditions Françaises.
  • Turcot-Lefort, Nancy. La psychologie scolaire au Québec. Canadian Journal of School Psychology. Vancouver (2001): 17.1, 37-44.
  • Wikipedia. Encyclopédie sur le Web, version Française, page consultée le 25 février 2007: fr.wikipedia.org/wiki/Psychologie

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