Les deux copines avaient déjà parlé de leur suicide
Cathia Arpage, 15 ans, une des deux adolescentes qui est morte broyée jeudi matin à Longueuil, sous les roues d’un train de marchandises du CN, à la suite d’un pacte de suicide, venait de vivre une grosse peine d’amour.
Les élèves de la polyvalente Monseigneur-Parent croient que Geneviève Poirier, 14 ans, l’a accompagnée dans la mort «parce qu’on ne peut pas laisser tomber une amie».
La stupeur était palpable le lendemain dans les couloirs de la polyvalente de Saint-Hubert. Les deux adolescentes avaient pourtant laissée entendre à plusieurs reprises à l’école qu’elles voulaient en finir. Les copains ont cru qu’elles voulaient se rendre intéressantes…
Et la direction s’est empressée de faire effacer des graffiti révélateurs sur le casier de Cathia et dans les toilettes. Elles ont écrit sur le mur de toilettes : «Merci tout le monde. On vous aime. Carl, ne t’en fais pas, c’est pas de ta faute», a expliqué Chantal Lacasse, 15 ans.
Carl, c’est l’ex-copain de Cathia. Il est parti vivre au Lac Saint-Jean il y a quelques jours à cause, semble-t-il, de problèmes familiaux. Mais les copines de secondaire III ne pensaient pas que Cathia et Geneviève iraient jusque-là. Elles n’arrivaient pas à croire à la tragédie, même si certaines ont avoué qu’elles feraient la même chose, une fois rendues au bout du rouleau.
Plusieurs professionnels de la polyvalente ont rencontré les étudiants, par groupes de 8, pour les aider à passer à travers. Comme les étudiants, a affirmé le directeur Jules Martens, les professeurs et les professionnels étaient très surpris: Cathia et Geneviève ne paraissaient pas avoir plus de problèmes personnels que d’autres. «Mais des étudiants se sentaient coupables de ne pas avoir compris à temps», a indiqué le directeur de la polyvalente.
Le comité de l’école s’est réuni au grand complet dans l’après-midi pour faire le point: directeur, directeurs adjoints, psychologue, travailleuse sociale, criminologue, conseiller orienteur. Deux cas d’étudiants potentiellement attirés par le suicide seront surveillés de près dans les prochains jours. Et lundi, les rencontres vont reprendre entre étudiants et professionnels.
Du côté policier, on n’a fait que confirmer la thèse du suicide. Les cadavres de deux adolescentes ont été trouvés vers 13h 20, jeudi, dans la cour de triage du CN, le long de la route 116, à Longueuil. L’autopsie, pratiquée hier, a montré que la mort remontée à six ou huit heures. Les deux adolescentes étaient couchées sur le ventre, côté à côté.
La police estime que les deux filles, qui portaient des vêtements foncés, ont pu entrer facilement sur les lieux, surtout dans l’obscurité. Des analyses toxicologiques ont été demandées afin de savoir si elles avaient pris de la drogue ou de l’alcool avant de commettre leur geste.
(Texte publié dans La Presse le 28 novembre 1992).

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Aujourd’hui, il existe une ligne Prévention-Suicide disponible partout au Québec, 24 heures par jour. Au besoin, n’hésitez pas à contacter le 1-866-APPELLE.