
Noétisme, Noétique, Opposition
(Du grec penser). Étymologiquement, le mot désigne les théories se référant à l’aspect intellectuel (de l’ordre de la pensée, de la représentation abstraite, de la conceptualisation) de la vie psychique.
Cet aspect se trouve ainsi mis en regard des aspects affectifs ou thymiques.
Mais le terme est surtout employé pour désigner les activités intellectuelles par opposition aux fonctions instrumentales qu’elles utilisent, tendant ainsi à séparer ce qui est de l’ordre de la causalité psychique et ce qui appartient aux mécanismes cérébraux (afférences sensitivo-sensorielles, efférences motrices et tous leurs dispositifs d’analyse, de synthèse et d’intégration.
C’est notamment à propos des problèmes par l’aphasie d’une part, l’hallucination d’autre part, qu’on a défini certaines conceptions psychopathologiques sous le nom de théories « noétiques », parce qu’elles font appel à des troubles primaires de la pensée et de l’attitude mentale générale de l’être devant l’environnement.
C’est ainsi qu’à propos de l’aphasie, le noétisme est représenté au premier chef par Goldstein et Gelb, qui pensent que l’aphasique présente, avant tout, une modification fondamentale et globale du comportement (perte des attitudes catégorielles) : le trouble du langage n’est, chez lui, qu’une manifestation spéciale de cette modification globale. Aux noéticiens s’opposent les antinoéticiens qui estiment que les troubles de la pensée sont, au contraire, la conséquence secondaire du trouble du langage, déficit instrumental localisé ne désintégrant que les structures acoustico-cinesthésiques.
Cette désintégration peut avoir des contrecoups importants sur l’intelligence qui se trouve « ainsi privée de ses meilleurs instruments de travail » Telle est la thèse de Lotmar.
À propos de l’hallucination, nous retrouvons la même opposition entre des théories mécanistes qui envisagent la genèse de sensations anormales par une perturbation cérébrale (la théorie de l’« automatisme mental » de Clérambault, en est l’exemple le plus complet), et les théories noétiques qui dénient à l’hallucination tout caractère sensoriel et en font une altération de la pensée représentative (Blondel).
Th. Kammerer.
Opposition
1. D’une façon générale, on donne le nom d’opposition aux attitudes et aux réactions que certains malades présentent à l’occasion des sollicitudes extérieures. C’est, à ce point de vue, une forme active du négativisme : opposition à l’interrogatoire par le mutisme, opposition aux sollicitations motrices par le raidissement et la contracture, parfois par le retrait ou la fuite et aussi, quelquefois, par une décharge agressive.
L’opposition à l’alimentation se fait par le resserrement des mâchoires ou le rejet immédiat des aliments introduits de force. Le refus d’alimentation de certains détenus politiques est un autre aspect de l’opposition volontaire. On dit souvent que les négativistes sont des « opposants ». Cette opposition est, le plus souvent, commandée par une idée délirante ou une exaspération affective qui se renforce à la mesure des sollicitations. On la rencontre chez certains délirants persécutés, chez les paranoïaques, chez certains mélancoliques et maniaques dans la catatonie quelle qu’en soit la nature; chez le dément précoce et, parfois, dans certains états démentiels séniles.
2. Réaction d’opposition chez les jeunes sujets : À côté du rôle de l’imitation dans le développement intellectuel, moral et caractériel de l’enfant, Heuyer a souligné l’importance d’un autre mécanisme contraire au précédent : la réaction d’opposition.
L’enfant prend le contre-pied de ce qui lui est offert, suggéré ou commandé. Cette réaction suppose une compréhension suffisante pour percevoir et sentir certaines situations révélées, devinées ou soupçonnées. Mais elle repose essentiellement sur l’intensité de la vie affective et se trouve au maximum chez les émotifs.
Si l’imitation est fonction de la sympathie que le sujet éprouve à l’égard du modèle, la réaction d’opposition est conditionnée par l’aversion ou l’antipathie que certaines circonstances ont fait naître à l’égard du modèle offert à l’enfant. Elle n’a pas toujours l’apparence du réflexe explosif immédiat; elle peut se traduire par la révolte du paranoïaque ou par un état dépressif mélancolique; par la rêverie du schizoïde, par la délinquance de forme perverse. La révolte et l’indiscipline sont d’autant plus marquées que l’autorité est plus brutale. Les réactions antisociales sont fonction du caractère de l’enfant et de l’adolescent.
Cette notion de réaction d’opposition est indispensable pour comprendre la délinquance et la criminalité de certains enfants ou adolescents qui n’avaient pourtant reçu, dans le milieu familial et social, que de bons préceptes et de bons exemples. Elle explique aussi le développement ultérieur de certains états psychonévrosiques ou caractériels graves. Aussi importe-t-il de chercher à la détecter précocement et le recours à la psychanalyse peut-il être d’un grand secours.
2. Ajoutons enfin que cette notion de réaction d’opposition a été étendue à l’explication de certains courants sociaux ou politiques, voire littéraires ou artistiques. En France, les mouvements de Résistance pendant l’occupation allemande lui doivent un de ses leviers puissants chez des sujets que rien, par ailleurs, ne prédisposaient à la combativité ou même à l’hostilité systématique (Heuyer). Elle explique certaines manifestations de la psychologie des foules (Gustave Lebon) et certaines psychoses collectives.
Ant. Porot.
Jargonaphasie
Altération du langage qui se trouve réalisée dans certaines variétés d’aphasie et consiste en un verbiage inintelligible (jargon), constitué d’une suite de phonèmes dans laquelle on reconnaît à peine l’un ou l’autre mot.
Le jargonaphasie est l’un des aspects de l’aphasie de Wernicke et, en général, des aphasies de réception à localisation temporale gauche.
Th. Kammerer.

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