Mutisme en psychologie
Le mot doit s’appliquer aux cas où le sujet conservant s’intégrité organique des centres du langage ou de ses organes d’expression, garde le silence soit volontairement, soit sous l’influence d’une disposition mentale anormale ou morbide.
On peut distinguer dans la pratique les cas suivants :
a) Le mutisme volontaire adopté dans certaines situations critiques, par réserve ou peur de compromission.
b) Le mutisme des simulateurs qui en est un cas particulier. À son mutisme, le simulateur ajoute souvent une surdité apparente qui en facilite le diagnostic, du reste, car il est toujours possible par l’étude du réflexe cochléo-palpébral de surprendre la fraude.
c) Le mutisme pithiatique, facile à dépister et succédant généralement aux circonstances qui déclenchent les accidents de cette nature. Il se réduit souvent à une simple aphonie, le sujet remuant sa langue et ses lèvres et soulignant, par sa mimique, qu’elles ne peuvent exprimer ce qu’il voudrait dire. Parfois, les mots sont articulés, mais à voix basse, et seule l’intonation fait défaut.
Les procédés d’invigoration, de surprise, d’électrisation appuyés de psychothérapie, la subnarcose ont facilement raison de ce désordre, surtout s’il est pris précocement. Mais il faut savoir que certains mutismes d’allure hystérique sont un premier symptôme d’une évolution schizophrénique.
d) Mentionnons le mutisme passager des timides et le mutisme qui se rencontre dans certains états d’inhibition émotive.
e) Un mutisme plus ou moins prolongé peut traduire des états de stupeur : stupeur de la confusion mentale, du mélancolique auquel on arrache péniblement quelques mots, quand il n’y a pas un négativisme ou une opposition tenace : stupeur du catatonique.
f) Dans les états démentiels profonds et avancés (paralytiques généraux, séniles très déchus), il n’est que l’expression de l’arrêt de tout processus idéatif.
g) C’est dans la schizophrénie des jeunes sujets qu’il est parfois le plus délicat à interpréter et que, cependant, la signification est particulièrement importante : schizophrènes boudeurs ou hostiles, enfermés dans leur autisme, schizophrènes catatoniques.
h) Mentionnons enfin que certains paranoïaques ou délirants systématisés se réfugient parfois dans un silence hautain et hostile quand les circonstances défavorables à leur tactique le leur imposent. Dans le délire de persécution, ce mutisme est particulièrement marqué et doit donner l’éveil, car il se manifeste surtout à l’égard du médecin. Le sujet se trahira alors par son attitude, soit qu’il tourne les talons, soit qu’il regarde son interlocuteur de façon méprisante ; il se trahira aussi parfois par des expressions bien typiques : « Pourquoi m’interroger? Vous le savez mieux que moi ». Après quoi, il s’enfermera dans le mutisme. Ou bien, il révélera ses hallucinations, quand il en a, par une attitude particulière, le regard de côté, l’oreille tendue comme pour capter les voix qui lui parlent.
i) Le mutisme chez l’enfant est d’une interprétation plus délicate et peut ressortir à des causes diverses. Heuyer et coll. (Rev. Neuropsychiatrique, inf., mai-juin 1956, p. 198) en ont publié quatre cas d’étiologie différente : deux cas pouvant rentrer dans le cadre de l’aphasie, l’un d’eux associé à une hémiparésie. Deux cas d’origine psychogène, l’un d’eux dans une schizophrénie infantile, le second d’origine affective. L’E.E.G. et l’encéphalographie gazeuse peuvent aider, en pareils cas, à la discrimination étiologique.
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