Mélitococcie et brucellose

Mélitococcie, brucellose et les troubles mentaux 

Les troubles mentaux y sont assez fréquents : ils ont été signalés, en France, dès les premières épidémies (Cataloube) et ont fait l’objet d’une étude d’ensemble (H. Roger et Crémieux. S. M. P., 25 mai 1935) et de nombreuses publications ultérieures.

Toute une série de petits symptômes accompagnent la fièvre de Malte au cours de son évolution lente et ondulante : asthénie toujours très accusée, dépression triste, troubles d’humeur et du caractère, parfois traversés de légers épisodes oniriques ; des états confusionnels francs peuvent s’observer au cours de la maladie, tantôt à prédominance d’obtusion, tantôt à prédominance d’onirisme et d’agitation. Ils peuvent apparaître à tout moment dans l’évolution de la maladie et parfois même après la défervescence.

Le syndrome du délire aigu a été signalé plusieurs fois ; accompagné de convulsions et de papillite oedémateuse, il marqua le début brutal d’une mélitococcie chez une malade de Ant. Porot, Bardenat et Léonardon. Il surgit au cours d’un état confusionnel fébrile chez un malade de Salles et Sutter (délire « aiguisé »).

Enfin, signalons que Poursine a bien établi le caractère allergique de certaines des réactions vives au cours de l’évolution ondulante de cette maladie.

Roger et Crémieux ont montré, par des observations péremptoires, la possibilité de psychoses tardives survenant pendant la convalescence et d’évolution progressive. Aubin et Camatte ont étudié, eux aussi, ces formes organisées et des auteurs américains Apter, Halstead, Wesley, Eisel, McCullogh, à l’aide de tests appropriés, ont précisé la formule de ces déficits tardifs qui rappelle celle du syndrome préfrontal.

Les formes aiguës de psychoses confusionnelles coïncident souvent avec des poussées méningées ou radiculaires si fréquentes dans cette maladie. H. Roger a montré certains aspects neurochirurgicaux des méningo-brucelloses et, dans les formes avec hypertension crânienne, on peut avoir des phénomènes de torpeur et d’obtusion marqués.

Cantaloube, Roger et Crémieux ont souligné que l’apparition tardive de ces psychoses était toujours d’un pronostic réservé et même de fâcheux augure. Sur 10 malades de Cantaloube qui en furent atteints, 6 moururent ; sur 6 de Roger, 4 aboutirent à une issue fatale.

Le diagnostic est parfois délicat, si on n’a pas la notion épidémiologique. Rappelons la triade symptomatique clinique qui doit faire penser à la mélitococcie : fièvre ondulante, sueurs profuses, arthralgies ; ajoutons-y la fréquence des réactions à la mélithine) qui doivent, parfois, être répétés jusqu’à résultat positif.

Terminons sur note de pathologie générale : Maurice Porot, Portier et Massonat (XLVIIIe Congrès des Méed. al. Et neurol. de France et des pays de la langue française, Besançon-Neuchâtel, juillet 1950) ont rapporté 3 observations de complications neurologiques précoces, terminées par la mort ; ces 3 cas s’opposaient par leurs caractères cliniques, évolutifs et biologiques à ceux qui sont habituels au cours des neuro-mélitococcies tardives. L’évolution aiguë et grave entraîne la mort au bout d’un mois. L’intensité des atteintes méningées, vérifiées automatiquement dans les deux cas, contrastait avec la pauvreté ou l’absence de réactions albumino-cytologiques du liquide céphalo-rachidien. Cette constatation s’oppose aux lymphocytoses parfois considérables que l’on constate dans les périodes tardives à évolution prolongée. Il semble que les réactions du liquide céphalo-rachidien soient d’autant plus faibles que l’évolution est plus aiguë et plus grave. Ces auteurs pensent qu’il est possible de mettre sur le compte de l’énergie mélitococcique la faible intensité des réactions liquidiennes dans ces formes graves et précoces. Autre contraste : la réaction à la mélitine chez ces malades était négative alors qu’elle est toujours intense dans les formes tardives.

Ant. Porot.

Tension psychomotrice

On désigne parfois sous ce nom cet état habituel de synergie tonique entre la vie affective et caractérielle d’une part et la motricité d’autre part.

Il est intéressant d’étudier les oscillations, les déviations et les anomalies de cette tension psychomotrice. Cette synergie se réalise dès la naissance, chez l’enfant qui vit dans un cercle tonique fermé dont il ne sort que par des décharges toniques réactionnelles ou par des phases de relâchement relatif; ce n’est que plus tard, en vertu d’intégrations progressives et successives, que le cercle s’élargit et se différencie pour permettre toutes les réactions adaptatives au milieu, mais toujours dans une unité fondamentale. On trouvera au mot Relaxation les corollaires thérapeutiques que l’on a pu en tirer.

Psychoses infectieuses

La fabrique n'était plus la fabrique; c'était mon île déserte, oh ! bien déserte. Les bassins jouaient le rôle d'Océan. Le jardin faisait une forêt vierge. (Alphonse Daudet Le petit chose). Photo : Megan Jorgensen.
La fabrique n’était plus la fabrique; c’était mon île déserte, oh ! bien déserte. Les bassins jouaient le rôle d’Océan. Le jardin faisait une forêt vierge. (Alphonse Daudet Le petit chose). Photo : Megan Jorgensen.

Laisser un commentaire