
Les Québécois boudent le mariage
Au Québec, on aime moins convoler en justes noces qu’au Canada anglais. De toutes les provinces canadiennes, c’est au Québec qu’on boude le plus systématiquement cette institution perçue traditionnellement comme la base même de la société, le mariage. Et la tendance ne date pas d’hier.
Ainsi, en plus de sa langue, sa culture et son Code civil, la province francophone se distingue de façon marquée du reste du pays par cet élément révélateur de son mode de vie. Les dernière données publiées par Statistique Canada indiquent qu’au cours des trois dernières années, le Québec a enregistré le plus faible « taux de nuptialité » au Canada.
En 1991, on a dénombré 187 737 mariages au Canada mais seulement 32060 au Québec, soit un taux de 4,7 % pour 1000 habitants. Ce pourcentage est non seulement inférieur à la moyenne nationale de 7,1% mais il se situe en deçà de sa part démographique, soit 17% des mariages canadiens, alors que la province représente 24% de sa population totale.
M. Surinder Wadhera, du Centre canadien d’information sur la santé, confirme que cette tendance s’inscrit dans une trame historique, qui remonte au tout début de la cueillette de données dans les années 1920. À l’opposé, l’Ontario se situe en général au-dessus de la moyenne nationale.
« Les données sur le taux de mariage au Québec ont toujours été inférieures de façon notable par rapport au reste du pays. Par exemple, en 1912, le taux québécois correspondait à la moyenne canadienne, soit 7,9% », a-t-il dit en interview. Puis, graduellement, l’écart s’agrandit systématiquement, avant et après les deux Grandes guerres mondiales, mais jamais le taux québécois n’a dépassé la moyenne canadienne. Même le baby-boom n’a rien changé à la chose.
« Au cours des 70 dernières années, le taux québécois a été de façon consistante inférieure à la moyenne nationale et à celle de l’Ontario. Même pendant la fin des années 1940 et les années 1950, où le pourcentage des naissances a été supérieur au Québec, le taux de nuptialité continuait d’être inférieur », souligne M. Wadhera.
Jusqu’au début des années 1960, 90% des candidats qui choisissaient de « se passer la corde autour du cou » le faisaient pour la première fois. Depuis 30 ans, le nombre de divorcés qui ont voulu tenter leur chance une deuxième fois a quintuplé (de 3,4% à 19,6%) tandis que les veufs et les veuves se sont montrés encore moins intéressés à la chose (4,9% à 2,9%). En somme, il n’y a rien comme l’expérience quand on estime avoir fait une erreur de jeunesse.
(Ce texte a été publié le 26 février 1992).

Existe-t-il de mariages heureux ? Photo : © GrandQuebec.com.
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