Québec psychologique

La colère et le ressentiment

La colère et le ressentiment

La colère : l’agressivité ou la passivité, comment réagir?

Le but de la colère consiste à vous indiquer ce qui menace votre estime de vous-même et à vous protéger contre les attaques. La colère fournit l’énergie nécessaire pour se défendre ou effectuer les changements qui s’imposent. La personne vulnérable aura tendance à se protéger plutôt qu’à chercher à comprendre l’avertissement qui se cache derrière la colère.

Il existe deux types de réactions devant la colère, à l’extrême l’une de l’autre : l’agressivité et la passivité. Si par exemple, votre partenaire, un collègue ou un ami vous dit quoi faire, quoi dire et quoi porter, vous sentirez peut-être une bouffée de colère monter en vous. Si vous êtres dépendant de cette personne, vous pourriez vous protéger en refoulant votre colère, évitant par le fait même le rejet susceptible de se produire si vous affirmez votre droit de dire, de faire et de porter ce que vous voulez. D’autre part, vous pourriez vous protéger en exprimant votre colère à la personne qui essaie de vous dominer et en l’agressant verbalement : « Laisse-mois tranquille! » ou « Tu te rois meilleur que les autres, n’est pas? »

Cette projection est protectrice en ce qu’elle attire l’attention sur l’autre personne, vous évitant de regarder en vous-même. Naturellement, cette projection constitue une tentative pour forcer l’autre à cesser ses critiques à votre égard. Même si telle n’est pas votre intention, ce blâme pourrait malheureusement blesser l’autre personne, qui réagira en vous attaquant à son tour ou en vous évitant afin de se protéger. L’agressivité attire soit l’agressivité, soit la passivité.

Dans un cas comme dans l’autre, elle ne permet pas de créer un environnement propice aux changements personnel et interpersonnel pour les personnes en cause = qui toutes deux sont vulnérables en de telles circonstances.

La deuxième fonction de la colère, dans le présent exemple, consiste à vous informer de votre besoin d’affirmer votre indépendance et votre individualité et de vous fournir l’énergie pour y arriver sans blesser ou rabaisser la personne qui vous domine : « J’aimerais être considérée comme une personne capable de prendre ses propres décisions. »

La colère est un outil qui doit servir à nous émanciper, pas à dominer les autres. Cependant, nous ne considérons pas la colère de cette façon à cause de notre vulnérabilité à la critique et au rejet. Nous avons plutôt tendance à la nier, à la refouler, à la diluer ou à la projeter sur les autres, afin d’éviter de nouvelles souffrances et des humiliations. Ces stratégies protectrices s’avèrent toutefois nécessaires, jusqu’à ce que s’établisse un climat de sécurité affective propice à l’épanouissement. Plusieurs adoptent une attitude blessante à l’égard de leurs parents ou de leur conjoint dominateur, contrôlant et manipulateur, parce qu’ils ressentent une grande colère contre eux. Cette attitude négative reste justifiable jusqu’à ce qu’ils se décident de prendre leur vie en main et acceptent la responsabilité de résoudre leur problème de dépendance à l’égard des autres.

Il faut essayer d’initier le plus doucement possible le processus qui leur permettra, dans un environnement affectif et sans danger, de prendre conscience de leur façon de se protéger de la souffrance qui consiste à blâmer les autres. Au fur et à mesure que les gens apprennent à s’aimer et à se respecter, ils réussissent peu à peu à abandonner ses stratégies défensives.

Le ressentiment : le repli sur soi

Le ressentiment ressemble beaucoup à la colère, à cette différence près qu’il mène non pas à l’agressivité mais au repli sur soi, à la bouderie, au refus de coopérer et au commérage. Les trois premiers comportements, en plus de ne présenter aucun risque, poussent les autres à chercher pourquoi vous agissez de cette façon. Naturellement, si la personne qui vous a offensé est également vulnérable, il probable qu’elle ne prendra pas ce risque et vous resterez tous deux campés dans vos défenses sans aucune solution à l’horizon. Le commérage offre une plus grande protection encore, car en plus de vous permettre de cacher vos sentiments aux personnes concernées, vous parlez derrière leur dos et répandez des ragots sur leur compte.

Il se peut que vous éprouviez du ressentiment lorsque, par exemple, une personne vous donne des conseils sans que vous les ayez demandés, percevant cette intrusion comme une menace à votre estime de vous-même. Le ressentiment vous fournit l’énergie nécessaire pour vous affirmer et dire, par exemple : « Je n’apprécie pas que tu me donnes des conseils alors que je ne t’ai rien demandé. »

Si vous n’avez pas une haute estime de vous-même, vous aurez de la difficulté à communiquer de cette manière. Vous pourriez alors plutôt vous taire, hocher la tête en signe d’assentiment, changer de sujet, ou vous excuser et fuir – toutes des stratégies ayant pour but de vous épargner des conseils malavisés et de repousser des tentatives de contrôle et de domination à votre égard. Ces mécanismes de défense maintiennent votre état de vulnérabilité sous-jacent. Votre ressentiment vous invite à rechercher une impression de sécurité qui vous permettra d’affronter cette vulnérabilité et de la résoudre.

Si on ne prend pas vos besoins en considération, le ressentiment surgira à nouveau afin de vous rappeler qu’il vus revient de répondre à vos propres besoins et de les exprimer – que ce soit devant votre conjoint, vos amis, vos collègues, vois voisins, etc. Les autres ne peuvent lire dans vos pensées, et vous le savez, mais lorsque la peur du rejet ou du ridicule monte, c’est la stratégie que vous êtes le plus susceptible d’utiliser. L’astuce pour vous protéger dans ce cas est : « Si je ne demande rien, on ne me refusera rien. » De plus, vous transférez aux autres la responsabilité de reconnaître et de satisfaire vos besoins sans que vous ayez à prendre de risques. Vos proches n’ont pas avantage à céder à cette stratégie défensive parce que leur complicité ne servirait qu’à perpétuer votre vulnérabilité et, par la même occasion, la leur.

Le ressentiment apparaît souvent sur les lieux de travail où le favoritisme, l’injustice, la critique négative et les attentes irréalistes sont monnaie courante et portent atteinte à l’estime de soi des employés. La vulnérabilité peut empêcher une personne d’utiliser l’énergie inhérente au ressentiment pour valoriser son travail et sa personne, exprimer son juste besoin d’être respectée, consultée et critiquée de façon constructive, et hériter de sa juste part de responsabilités.

La vulnérabilité peut aussi transformer le ressentiment en réactions protectrices de compensation (travailler pus fort et plus longtemps pour plaire à l’employeur et prévenir les conflits), d’évitement (absentéisme, malaises psychosomatiques tels que maux de tête, rhumes, maux de dos, etc.) ou de paresse (moins on en fait, moins on risque de rencontrer de l’hostilité). Ces stratégies défensives s’avèrent nécessaires jusqu’à ce que la confiance en soit soit suffisante pour affronter la situation injuste ou troublante.

(Extrait du livre Le pouvoir de la pensée par Tony Humphereys « Négative ». Traduit de l’anglais par Ginette Patenaude. 1999, les Éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).

À compléter la lecture :

Le but de la colère consiste à vous indiquer ce qui menace votre estime de vous-même et à vous protéger contre les attaques.
Le but de la colère consiste à vous indiquer ce qui menace votre estime de vous-même et à vous protéger contre les attaques. Photo libre de droit.

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