Québec psychologique

Intelligence

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Intelligence

Le terme Intelligence a trois acceptions principales :

  1. Il sert à désigner ne certaine catégorie d’actes distingués des activités automatiques o instinctives ;
  2. Il est utilisé pour définir la faculté de connaître o de comprendre ;
  3. Il signifie le rendement général du mécanisme mental.

D’un point de vue philosophique, ces définitions posent l’éternel problème de la nature de l’intelligence sur lequel deux interprétations s’opposent, suivant que cette intelligence est considérée comme une donnée première ou qu’elle est expliquée par son développement même. Ainsi, transposant ces thèmes essentiels de la tradition métaphysique, la pensée moderne propose deux intéressantes réponses :

1) Kohler, Werheimer, qui appliquent la thèse de la Gestalthéorie, selon laquelle une totalité est irréductible aux éléments, développent une théorie « fixiste » où « l’acte de compréhension est expliqué par la « prégnance » de structures bien organisés, embrassant le sujet et les objets en un circuit total » ;

2) Piaget défend une théorie « générique » où l’intelligence est conçue comme le développement d’une activité assimilatrice, dont les lois fondamentales sont données dès la vie organique et dont les structures successives lui servant d’organes, s’élaborent par interaction entre elle-même et le milieu extérieur.

1. Les facteurs de l’intelligence. – Mais sr le plan concret de la psychologie appliquée deux conceptions s’affrontent qui inspirent la plupart des tests classiques :

a) La conception « monarchiste », ramenant les diverses aptitudes mentales à une seule identifiée, soit avec la tradition, à la fonction logique – être intelligent est alors bien raisonner – soit surtout, sous l’influence de Bergson en particulier, à une faculté générale d’adaptation – être intelligent, c’est alors réussir, affirmation que reprennent, avec des nuances, des psychologues comme Janet, Dewey, Claparède.

b) La conception « anarchiste » niant la réalité originale de l’intelligence et dressant, sous ce terme jugé simplement commode un inventaire de toutes les tâches appelées intellectuelles, d’un consentement général.

En réalité, Spearman, qui établit statistiquement l’existence de corrélations entre les aptitudes supposées indépendantes, a démontré qu’elles résultent de la mise en œuvre simultanée de deux facteurs, l’un commun à toutes les fonctions G, l’autre spécial à l’aptitude considérée S. Dès lors, la synthèse lui semble s’imposer entre les points de vue contradictoires. La théorie monarchiste est, en effet, justifiée par G, si nous admettons que ce monarque est « constitutionnel » et non « absolu », tandis que la thèse anarchique reste vraie en ce sens qu’à côté du facteur général réglant tous les processus mentaux, il y a aussi un facteur S autonome dans chaque processus.

Cependant, si la critique est sans doute décisive, cette « motion de synthèse » doit malheureusement être discutée. Non seulement la partie mathématique, assez complexe, a suscité de vives controverses et des réformes essentielles, en particulier de la part de Thurstone, mais surtout, dans toutes ces recherches, la psychologie, comme le démontre Delacroix, ne trouve pas toujours son compte. C’est pourquoi il est préférable d’adopter une interprétation synthétique dans le genre de celle développée séparément par Wenzl et Gottschaldt, dans un esprit « gestaltiste ». L’intelligence est alors dite à la rencontre de plusieurs facteurs :

A) Les facteurs « noétiques » dont la description est en partie confirmée par les récentes études de l’école de Spearman :

La largeur ou « documentation cognitive » est l’étendue du champ intellectuel avec la capacité d’examiner un problème donné, en multipliant les points de vue pour l’envisager sous tous ses angles ;
La profondeur est l’« appréhension intuitive de l’essentiel » par la découverte des rapports fondamentaux et des caractères importants, qui met en évidence, mieux que la fonction logique, les différences d’intelligence ;
La hauteur est la « faculté d’abstraction rationnelle » qui, dans la vue prise des êtres, laisse tout ce qui en fait des individualités déterminées pour ne retenir que les attributs communs.

B) Les facteurs sociaux et surtout les facteurs endothymes du caractère, auxquels il faudrait ajouter, bien sûr, les facteurs organiques, connus du psychiatre.

1. Les enquêtes statistiques ont mis en évidence l’action du milieu en comparant, par exemple, campagnards et citadins, riches et pauvres ;

2. La psychanalyse a montré que l’ensemble du caractère et de l’affectivité soutient, oriente l’intelligence.

En définitive, l’intelligence n’apparaît plus comme une faculté de la psyché, mais comme un niveau de structure du comportement, engageant donc la personnalité tout entière et cette conduite sera caractérisée essentiellement : Par l’intégration et le contrôle des tendances qui la dirigent ;
Par la capacité d’appréhender et de dépasser les situations surtout lorsqu’elles sont éloignées dans le temps et dans l’espace.

II. L’évolution de l’intelligence et la diversité des types intellectuels. – Pression du milieu et particularités du caractère expliquent, pour une part, cette diversité des intelligences souvent soulignée. Le mécanicien, l’homme politique, le physicien, le philosophe, l’architecte, le commerçant, remarque Piéron, peuvent faire preuve d’intelligence, mais d’une intelligence spécialisée nullement interchangeable. Il serait, en effet, dangereux de rendre compte de cette hétérogénéité par les seules différences dans les aptitudes constitutionnelles. Toute une partie de l’orientation professionnelle – de même que les essais de typologie qi se sont multipliés avec une schématisation déplorable – est sans valeur dans la mesure où est impliquée une sorte de prédétermination de la destinée mentale de l’individu.

En réalité, la contingence des facteurs du milieu et du caractère impriment ne certaine individualité à chaque intelligence tout le long de son histoire, dont l’évolution générale est ainsi fixée, souvent avec un schématisme désolant, depuis l’activité sensorimotrice jusqu’à l’équilibre de l’adulte :

A) Dans la première enfance sont distingués avec ne relative précision :

1) Un stade archaïque (1 an) que Wallon subdivise en :

Végétatif où, au point de vue intellectuel, rien ne semble se passer ;
Stade émotif où, entre la mère et l’enfant, s’établit une sorte de langage instinctif réciproque ;
Stade senorimoteur qui correspond à la prise de connaissance corporelle et à la naissance de l’initiative motrice ;

2) Un stade d’acquisition pratique (2 ans) qui est, avant tout, la période des acquisitions motrices adaptées ;
3) Un stade d’acquisition linguistique (3 ans), au cours duquel l’enfant va disposer d’un langage convenable.

B) Dans la deuxième enfance, l’intelligence enfantine prend, pour Piaget, ses caractéristiques propres que commande l’« égocentrisme » :

Dans son contenu se retrouvent :

  • Le réalisme ;
  • L’animisme ;
  • L’artificialisme.

Dans son fonctionnement se manifestent :

  • Le syncrétisme ;
  • L’insensibilité à la contradiction ;
  • L’incapacité à manier les rapports logiques.

C) Dans la troisième enfance, comme le signale Pichon, la pensée analytique se développe surtout dans le domaine actu-sensoriel, tandis que, sous ses formes lingui-spéculatives, elle reste empêtrée dans un globalisme pour atteindre, vers 12 ans, le stade relationnel avec possibilités de déduction.

D) Dans l’adolescence, avant l’établissement d’un stade spéculatif, apparaît, selon Debesse, un important changement sous l’aspect d’un égotisme intellectuel, expliqué par l’affectivisation de la pensée et l’affirmation du moi.

Ainsi conclut Mounier : « On ne devra jamais oublier, pour se guider sans errer dans l’expérience, que la plupart des intelligences sont composées de matériaux extrêmement hétérogènes où les puérilités se juxtaposent aux maturations les plus élaborées.

Mais l’effort intellectuel rejoint l’effort spirituel en ce qu’il est ne aspiration incessante à résoudre ces disparates intérieurs dans l’unité.

H. Luccioni.

Homme intelligent

Monument à un homme intelligent, campus de l’Université de Toronto. Photo de GrandQuebec.com.

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