Instinct maternel

Instinct maternel en psychiatrie. Ses perturbations

L’instinct maternel, généralement puissant et profond, précoce et durable, peut se trouver altéré dans bien des états pathologiques.

Son exaltation maladive est d’observation courante dans les névroses anxieuses.

L’hypocondrie de la mère, reportant ses effets sur les moindres anomalies du comportement ou du développement physique de l’enfant, sur ce qu’elle croit apercevoir de singulier dans ses tendances mentales, réalise sur lui le transfert de ses propres préoccupations nosophobiques : crainte de l’arriération, de la folie, du rachitisme, des conséquences présumées fatales du plus léger malaise. Le mère anxieuse évoque le spectre du croup à propos d’une petite toux, prend un sommeil profond pour un coma, etc.

La création chez l’enfant de véritables névroses induites par l’excès de précautions dont il devient l’objet est le fruit trop fréquent de telles situations. Traiter ces mères est un impératif prophylactique.

Sous une forme plus atténuée, mais non moins nocive, l’exaltation de l’amour maternel se traduit encore par une orientation de l’éducation qui maintient l’enfant dans un état de dépendance trop étroit, d’où résulte tantôt une fixation affective anormalement prolongée, tantôt une opposition de révolte. Là encore, il faut intervenir dans l’intérêt de l’hygiène mentale de l’enfance (Mères abusives de M. Porot).

Dans d’autres états, l’instinct maternel subit de véritables éclipses. Il en est ainsi au cours de la mélancolie aiguë et périodique. La sensation obtuse que ces malades éprouvent de cette anesthésie affective peut se traduire par de l’auto-accusation : les mères se jugent alors indignes parce qu’elles n’aiment plus leurs enfants.

Dans les suicides collectifs familiaux – comportant le meurtre des enfants – et qu’on observe au cours de certaines formes anxieuses de la mélancolie délirante, l’instinct maternel est davantage perverti qu’émoussé.

Le début de divers états démentiels (séniles, schizophréniques) s’annonce souvent par un désintérêt affectif qui, chez les mères, englobe la disparition de l’instinct maternel.

Le niveau intellectuel n’affecte pas sensiblement le développement de ce même instinct. On peut toutefois noter dans les débilités accusées, un gauchissement de l’amour de la mère pour ses enfants, avec une certaine tendance à considérer ceux-ci davantage comme un objet de propriété dont la nature lui aurait donnée la jouissance que comme des êtres libres dont elle a le devoir de protéger l’épanouissement. De là, les négligences graves en matière de surveillance et d’éducation, les faiblesses comme les excès dans les corrections.

Certains déséquilibres à dominante vaniteuse ou cupide, certaines propensions à la nymphomanie s’accompagnent d’une atrophie de l’instinct maternel.

Enfin, chez certaines femmes, l’instinct maternel s’inverse littéralement et se trouve remplacé par l’aversion, la répulsion, l’antipathie poussée jusqu’à la haine à l’égard de l’enfant.

C’est une telle perversion qui conduit, dans les cas extrêmes, à l’infanticide et se traduit dans les formes atténuées et, pour ainsi dire, symboliques, par la négligence des soins élémentaires, l’abandon moral, les sévices exercés sur les enfants martyrs, actes bien propres à émouvoir l’opinion publique et dont s’emparent volontiers les journaux.

La perversion de l’instinct maternel est rarement isolée et se rencontre, chez ces mères dénaturées, avec la malignité, le sadisme, la débilité morale et, trop souvent, l’alcoolisme chronique.

Une telle aberration est incurable, inaccessible à l’intimidation et, dans les cas non passibles des rigueurs de la loi, elle justifierait, devant la science comme devant le sentiment public, les mesures de stérilisation que certains pays ont instituées à l’encontre des anormaux sexuels.

Une autre variété de perversion traduite, celle-là, par une apparente exaltation érotique, est l’attraction amoureuse de la mère vers le fils ; elle est plus ou moins extériorisée par des caresses équivoques et capables exceptionnellement d’aboutir à l’inceste. Le mythe d’Œdipe en est l’exemple classique et donne son nom à un complexe assez commun, au moins sous des formes inconscientes et symboliques.

Ch. Bardenat.

À lire également :

Elle savait chanter, et j’avais en son intelligence une confiance absolue. Mais j’avais compris depuis plus d’un an maintenant que je n’avais aucune chance avec cette femme spectaculaire. Toi, ambassadeur redouté de la terre aux cieux. (Samuel Taylor Coleridge, Les Ballades lyriques.). Illustration de Megan Jorgensen.
Elle savait chanter, et j’avais en son intelligence une confiance absolue. Mais j’avais compris depuis plus d’un an maintenant que je n’avais aucune chance avec cette femme spectaculaire. Toi, ambassadeur redouté de la terre aux cieux. (Samuel Taylor Coleridge, Les Ballades lyriques.). Illustration de Megan Jorgensen.

Laisser un commentaire