Imbécilité
Degré d’arriération mentale dont le niveau est immédiatement supérieur à celui de l’idiot, mais inférieur à celui du simple débile. L’âge mental de l’imbécile se situe entre 2 et 7 ans, ce qui permet de distinguer des degrés dans l’imbécilité allant de l’imbécile léger à l’imbécile profond.
Les causes de l’imbécilité sont celles de tous les états d’arriération. Ces différentes causes ajoutent au déficit mental, suivant les circonstances, des tares diverses.
Au point de vue psychologique, l’imbécile est capable d’attention, mais celle-ci est faible et instable. La mémoire est la faculté apparemment la plus développée ; néanmoins, elle est infidèle, paresseuse et courte. Ce qu’il y a de mémoire et d’attention, permet à l’imbécile de faire quelques acquisitions didactiques, mais toujours élémentaires, fragmentaires et dans le domaine du concret. Il est incapable de faire des rapprochements, de concevoir des ensembles, de s’élever jusqu’à l’idée générale et d’aboutir à l’abstraction.
Les notions abstraits étant la base du langage écrit, l’imbécile est dans l’impossibilité de construire des phrases complètes et d’écrire autre chose que des mots alignés sans syntaxe. Rogues de Fursac donne comme ligne de démarcation entre l’imbécile et le débile, l’aptitude à lire et à écrire.
Son langage est, lui aussi assez réduit. Le vocabulaire est pauvre et lui permet tout juste de traduire les idées élémentaires qu’il possède ; souvent le pronom est remplacé par le nom propre ; le parler prend parfois le type dit « petit nègre ».
Ces notions sont importantes au point de vue pédagogique, car il ne faut pas chercher à faire entrer l’imbécile dans plan d’instruction qui comporte des opérations intellectuelles abstraites. Au point de vue affectif, l’imbécile peut être indifférent, apathique, vivre dans son coin, suivant le jeu de ses automatismes, mais d’autres sont affectueux, doux et facilement émotif ; ils rient ou pleurent souvent pour des raisons futiles ; ils manifestent parfois un attachement exclusif et irraisonné pour la personne qui s’occupe d’eux, à l’instar du chien attaché à son maître.
Les états affectifs de l’imbécile transparaissent dans sa physionomie, parfois atone, parfois animée d’une mimique grossièrement expressive ; cette mimique est surtout du type inférieur, buccale et péribucale, celle qui traduit les mouvements nuancés de la pensée fait défaut chez lui (Rogues de Fursac).
À côte de ce type d’imbécile docile et malléable en existent d’autres d’autres : l’imbécile impulsif sujet à des colères, à des rages, à des trépignements immotivés ; l’imbécile négativiste qui crie, se défend chaque fois qu’on veut s’occuper de lui ; l’imbécile pervers érotique ou incendiaire.
Du point du vue social, l’imbécile ne peut recevoir une instruction véritablement utile lui permettant d’aspirer à des emplois intéressants ; mais si son activité n’est pas entravée par des surcharges caractérielles hostiles, il est capable de petits travaux courants, monotones et faciles. Les filles sont susceptibles de recevoir une instruction ménagère élémentaire courante.
Certains d’entre eux ont pu faire illusion : quelques-uns paraissent actifs, entreprenants ou bien étalent leur vanité et affectent un ton plaisant. Ils étaient autrefois recherchés à la Cour et fournissaient les « bouffons du Roi ».
D’autres surprennent par le développement apparent de leur mémoire, très spécialisée du reste, sur une série de faits ou de dates enregistrées, mais ils sont incapables de rendement utile en dehors de ce petit secteur particulier.
On a signalé aussi l’aptitude de quelques autres à retenir la musique, mais il ne s’agit que d’une répétition automatique, sans développement possible.
Conduite à tenir. – L’imbécilité ne peut vivre livrée à lui-même ; il aura toujours besoin d’une tutelle. Tant que la chose est possible, c’est dans sa famille qu’il trouvera les soins les plus attentifs et les plus favorables. Mais quand celle-ci vient à manquer ou quand des troubles caractériels sérieux apportent le désordre dans la famille, on sera obligé de recourir à une mesure d’assistance dans un établissement spécialisé. Bien encadrés, ces sujets sont capables d’un petit rendement manuel qui allège un peu les charges d’assistance ; pour le moins, ils acquièrent une discipline de vie qui les protège contre des dégradations ou des entraînements fâcheux.
Il est de toute importance de fixer par des tests le niveau mental des imbéciles et de ne pas s’acharner à vouloir poursuivre une instruction pédagogique dont ils ne sauraient bénéficier ; tout au plus, pourra-t-on les diriger momentanément sur les classes spéciales des arrières, où des éducateurs avertis verront la limite de leurs possibilités.
Ant. Porot.
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