
Illusion dans la psychologie
L’illusion est une perception réelle, mais dénaturée et déformée par le sujet qui la reçoit. Ce dernier altère les qualités de l’objet et de la sensation perçue ; suivant les circonstances, il l’amplifie ou l’anime et lui donne une image, des contours et des couleurs qu’il n’a pas.
L’illusion n’est pas rare chez les sujets normaux, image qui se déforme au moment du crépuscule ou de l’endormissement, vision d’animaux, de personnages ou de paysages dans les tapisseries, des taches murales ou des nuages ou les contours d’un nuage ; mais le sujet normal n’est pas dupe de ces illusions. Ce pouvoir d’évocation est, du reste, utilisé en psychométrie dans le Test de Rorschach.
Quand l’illusion n’est pas reconnue comme erreur et que le sujet lui maintient sa croyance, il s’agit alors d’un phénomène franchement pathologique, qui a une signification bien voisine de celle de l’hallucination ; certains auteurs même (H. Ey) reconnaissent, à ces deux sortes de manifestations, une valeur d’équivalence, supposant dans les deux cas un trouble illusionnel de l’activité perceptive conditionné par un phénomène de dissolution.
L’illusion doit être distinguée de l’interprétation délirante, phénomène pathologique sans base sensorielle et purement intellectuelle, « cette appréciation erronée d’un fait réel, soit lié à une sensation, dans ce cas normalement perçue, soit étranger à toute sensation directe ». (Régis).
Les illusions, en pathologie mentale, peuvent affecter tous les sens ; celles de la vue sont fréquentes dans les intoxications (alcoolisme, cocaïne, mescaline, etc.) et les états infectieux.
La cénesthésie est fréquemment le siège d’illusions (illusion viscérale, génitale, etc.) et alimente les préoccupations des hypocondriaques, des cénestopathes et même de certains délirants chroniques.
Les fausses reconnaissances, l’illusion du déjà vu, forme particulière de l’illusion, sont étudiées sous leur rubrique propre.
Mentionnons aussi certaines illusions, tenant à des dénaturations du schéma corporel : illusion de déplacement, membre fantôme, etc.
Ant. Porot.
Illusions des sosies
Capgras a décrit sous ce nom une variété de délire de négation partielle : le sujet n’identifie plus une personne donnée qu’il connaissait parfaitement, mais admet une ressemblance avec celle qu’il connaissait et la considère comme son sosie.
Ce phénomène va de pair avec des perturbations graves de la personnalité qui s’accompagnent d’étrangeté du monde extérieur et ou tous les liens affectifs sont altérés. S’il se rencontre exceptionnellement chez les anxieux, il est avant tout un symptôme schizophrénique ou paraphrénique.
On peut le voir apparaître aussi chez des confus délirants et persister sous forme d’idée fixe postonirique.
On le rencontre parfois aussi, comme les fausses reconnaissances, chez certains maniaques.
Coenothymie
Terme employé par P. Guiraud qu’il préfère à celui de cénesthésie parce qu’il implique une conscience du Moi plus différenciée.
Autoscopie
Hallucination présentant au sujet tout ou partie de sa propre personne.
SOLLIER distingue l’autoscopie externe et interne. L’autoscopie externe (héalulascopie, deuléroscopie, hallucination autoscopique ou séculaire) présente au sujet l’image de son double et s’aceompaime d’une impression angoissante de dédoublement de la personnalité. L’auloscopie interne (hallucination endoscropique) est la croyance dans la perception visuelle et coenesthésique d’un ou de plusieurs organes ou régions du corps.
L’autoscopie externe paraît être une projection imagée du sentiment d’étrangeté et de dédoublement qui traduit un trouble de la synthèse psychique: c’est pourquoi on la rencontre dans certaines névroses (hystérie), dans la confusion mentale et. de façon courante, dans le rêve.
L’autoscopie interne peut relever de causes identiques, en particulier dans les états hypocondriaques, mais elle semble parfois aussi s’apparenter aux troubles du schéma corporel observés à la suite d’accidents neurologiques.
Elle apparaît fréquemment au cours des intoxications expérimentales par les substances dites hallucinogènes.
Attention
Attitude d’esprit qui concentre l’activité mentale sur un secteur ‘déterminé. Le concept d’attention est hétérogène et prête à discussion ; on s’accorde à penser aujourd’hui qu’il ne s’agit pas d’une fonction mentale autonome, mais plutôt d’une forme particulière de comportement. L’attention n’existe que dans l’état de vigilance. Sur le plan psychologique, elle se caractérise par une anticipation active, mais entièrement concentrée dans l’avenir immédiat et qui doit demeurer «fluide», inachevée, afin de pouvoir s’adapter aux circonstances à mesure qu’elles se précisent.
L’attention se traduit sur les tracés électroencéphalographiques par la disparition du rythme alpha, remplacé par des rythmes plus rapides, moins amples et moins réguliers.
En pratique psychiatrique, on distingue généralement l’attention volontaire ou réfléchie et l’attention spontanée ; la première est notablement diminuée dans tous les états d’insuffisance psychique, en particulier dans la confusion mentale; elle est polarisée et fixée dans l’exaltation affective passionnelle de certains délires. L’attention spontanée est défaillante ou abolie dans les états de dépression et de stupeur ; elle est exaltée et surtout particulièrement mobile dans l’excitation maniaque.
L’enfant ne peut maintenir longtemps un effort d’attention et cela d’autant moins qu’il est plus jeune; la pédagogie doit en tenir compte. Chez l’instable psycho¬moteur, l’attention est particulièrement difficile à fixer; ce dernier trait existe même dans les cas d’instabilité « conditionnée » (L. MICHAUX).
J.-M. SUTTER

« Être humain est un long travail d’illusion. » (Bernard Noël, écrivain français). Illustration de Megan Jorgensen.
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