États crépusculaire et second

État second et état crépusculaire

État second

État pathologique transitoire caractérisé par un trouble particulier de la conscience permettant au malade de se livrer à une activité coordonnée qui, cependant, demeure étrangère à sa personnalité et ne s’intègre pas à elle.

Souvent, le terme d’état second est pris comme synonyme d’état crépusculaire (voir au-dessous) ; mais si, en pratique, les deux éventualités sont souvent difficiles à distinguer l’une de l’autre, s’il existe entre elles des termes de passage nombreux, en théorie tout au moins, et pour la plupart des auteurs, elles demeurent distinctes : dans l’état crépusculaire, il y a une obnubilation confusionnelle globale de la synthèse consciente, tandis qu’un « rétrécissement du champ de la conscience » caractérise l’état second.

L’état second proprement dit est donc un trouble névrotique; il est fragile, instable, peut être déclenché ou interrompu par la suggestion, par l’hypnose; l’amnésie lacunaire qui lui fait suite presque toujours n’est que superficielle et peut céder à une exploration bien conduite, par exemple, au cours d’une subnarcose. Les actes accomplis pendant sa durée peuvent être incongrus, bizarres, en contradiction flagrante avec l’éducation, les opinions, la conduite habituelle du sujet mais ils ne sont jamais vraiment graves ou dangereux comme le sont parfois les actes des confus : le malade en état second embrasse un inconnu, ouvre son parapluie dans une salle fermée, frappe un assistant avec un poignard en carton qu’on lui donne, mais il ne commet pas un crime.

Les états seconds ont fait l’objet d’études extrêmement nombreuses et détaillées à la fin du XXe siècle (Charcot, Pierre Janet, Azam…); provoquées par des moyens divers, « cultivés » chez des malades particulièrement réceptifs, ils ont fourni de curieuses observations de « personnalités doubles, triples, alternantes », etc. Ils sont devenus plus rares depuis qu’ils suscitent moins d’intérêt.

En clinique, ils s’observent surtout chez les hystériques : l’une de leurs formes les plus fréquentes et les plus authentiques est le somnambulisme; le somnambulisme épileptique doit, cependant, être considéré comme un état confusionnel authentique.

Le problème médico-légal posé par les états seconds a paru un moment très grave. Il apparaît aujourd’hui que si de tels états, à condition qu’on en puisse faire la preuve, peuvent excuser des délits mineurs, ils ne sauraient aucunement être retenus pour déclarer irresponsable l’auteur d’un crime ou même seulement d’une infraction grave.

J.-M. Sutter.

État crépusculaire

État pathologique transitoire caractérisé par une altération de la conscience, et souvent par la conservation d’une activité relativement coordonnée.

L’état crépusculaire est étroitement apparenté à la confusion mentale, dont il n’est souvent qu’une variété évolutive, caractérisée par sa brièveté (de quelques instants à quelques jours). L’obnubilation confusionnelle apparaît lorsqu’il est possible d’interroger le malade pendant la durée de ses troubles ; elle peut être plus ou moins accentuée ; elle laisse après elle persister une amnésie lacunaire, parfois incomplète. Il peut exister en outre des modifications qualitatives de la conscience : organisations délirantes ou hallucinatoires proches de l’onirisme, mais entraînant en général une adhésion moins complète du sujet. L’état affectif peut être profondément troublé par l’exaltation ou par l’angoisse. Il en résulte alors un état d’agitation plus ou moins désordonnée. Dans d’autres cas, l’activité émotionnelle reste assez neutre et le comportement du sujet, ses actes, ses discours peuvent, à première vue, sembler normaux si l’obnubilation est peu accusée ; à un examen plus approfondi, on constate cependant leur caractère d’automatisme. Ils ne sont pas en harmonie complète avec la personnalité habituelle, en continuité logique avec la vie du malade pendant la période qui a précédé l’accident ; parfois, ils apparaissent franchement anormaux (actes bizarres ou incongrus, fugues, réactions d’agitation, crimes, délits).

Les états crépusculaires peuvent être causés par des toxi-infections passagères (crises de paludisme), par l’hypogrlycémie (adénome pancréatique), ou par des émotions violentes, généralement chez des sujets prédisposés ; ils représentent une forme fréquente des paroxysmes mentaux de l’épilepsie.

Du point de vue médico-légal, un état crépusculaire, lorsque son existence peut être établie de façon certaine, entraîne l’irresponsabilité pour les actes commis pendant sa durée (voies de fait, attentat aux mœurs, désertion en temps de guerre, etc.)

Syndrome d’Elpénor

Rappelant l’aventure survenue à un marin d’Ulysse, Logre a donné le nom de syndrome d’Elpénor à un état crépusculaire avec désorientation, méconnaissance des lieux, comportement semi-automatique. Cet état se manifeste chez des sujets qui se réveillent quelques heures après s’être endormis dans un lieu inhabituel.

Ce semi-automatique subconscient avec réveil incomplet, a été signalé après des libations excessives, ou absorption abusive de gardénal ; il peut créer des situations équivoques, parfois des cas médico-légaux d’interprétation délicate.

Voir aussi :

État crépusculaire. C’est triste, de voir sa conscience altérée…Illustration par Megan Jorgensen.

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