Énurésie et encoprésie en psychologie
Énurésie
Émission involontaire d’urine chez l’enfant, pendant le sommeil (pipi au lit), plus rarement pendant le jour dans les vêtements. Il s’agit d’un désordre fonctionnel, qu’il ne faut pas confondre avec l’incontinence d’origine organique (paralyse vésicale, ou affection névraxitique). Cette miction involontaire est inconsciente ; elle est la règle chez les nourrissons, mais la discipline et le dressage en ont généralement raison vers l’âge de deux ans.
Chez l’enfant, par ailleurs normal, l’énurésie a été attribuée à des causes diverses.
a) Les unes somatiques. Hypertonie vésicale, de à une dystonie neurovégétative intéressant le plexus pelvien, spina bifida occulta, débilité motrice avec hypogénésie pyramidale (Prosper Merklan).
b) Les autres psychogènes et d’origine affective.
La théorie freudienne distingue deux groupes de faits (Mme Codet) :
1) Celui de jeunes sujets qui, par infantilisme affectif, ne veulent pas abandonner les habitudes de l’enfance ;
2) Celui d’enfants plus âgés chez qui l’accident urinaire apparaît en quelque sorte épisodiquement, à la suite d’un conflit affectif, d’un choc moral, véritable réaction affective de protestation ; dans ces cas, l’énurésie peut alterner avec l’onanisme à titre d’équivalent.
Dans la pratique, les facteurs physiologiques et les facteurs affectifs s’associent souvent ; mais les cas d’origine purement psychogène ne sont pas rares ; c’est ainsi qu’on a signalé la fréquence relativement grande de l’énurésie dans les orphelinats.
Le traitement doit être individualisé après étude minutieuse organique et psychique de chaque cas particulier. On a signalé, depuis longtemps, l’influence favorable dans un certain nombre de cas d’un changement de milieu, d’un voyage. On a préconisé, comme moyens physiologiques, la réduction des liquides au repas du soir, le réveil et une miction provoquée quelques heures après l’endormissement, les injections épidurales, les médications antispasmodiques (belladone, acide phosphorique).
L’action psychothérapie comporte une préalable attentive du milieu familial des situations conflictuelles possibles, qu’on s’efforcera de résoudre.
Ant. Porot (cité du Manuel de Psychologie, Paris, 1956).
Encoprésie
Défécation involontaire, indépendante de toute atteinte organique (spinctérienne, intestinale, ou neurologique).
Beaucoup plus rare que l’énurésie, cet accident peut relever comme cette dernière, chez certains enfants, d’une réaction émotive ou purement affective (arriération affective, situation conflictuelle) ; elle est justifiable des mêmes procédés psychothérapiques.
Onanisme
L’onanisme (ainsi désigné par référence au personnage biblique d’Onan) est une pratique qui consiste, dans la provocation solitaire, par quelque procédé que ce soit, de l’orgasme génital.
Il se rencontre dans les deux sexes. Occasionnel, épisodique et généralement transitoire chez les adolescents ou les sujets privés pour diverses raisons (morales ou matérielles) de relations sexuelles normales, il ne peut, dans ces conditions, être considéré comme pathologique. Il le devient déjà par sa répétition anormale (érotisme), par son exclusivité (autophilie) ou encore par son extension contagieuse (internats et autres collectivités fermées).
Contrairement à ce que fut longtemps un dogme pathogénique, ce ne sont pas les pratiques solitaires qui déterminent les troubles psychiques ; ils ne sont qu’un élément dans le tableau clinique, élément capable toutefois de retentir, par son intensité sur l’état physique (épuisement) ou psychique (obsessions).
Le sentiment de culpabilité qu’il entraîne chez les anxieux, est susceptible, par un rappel atavique des interdits magiques ou religieux, de meubler le contenu de certaines psychopathies dépressives (mélancolie, épisodes psychasthéniques).
En fait, l’onanisme présente surtout une valeur de symptôme dans de nombreuses affections mentales, psychoses ou névroses, soit isolement, soit associé à d’autres pratiques de l’érotisme morbide. Dans la biographie des pervers de la sexualité, il apparaît comme la manifestation première et longtemps prolongée de l’infantilisme affectif et continue souvent à coexister avec la bestialité, le fétichisme, l’exhibitionnisme, etc.
L’onanisme se rencontre ainsi dans les états aigus comme l’ivresse. Il en est de même dans les délires infectieux où l’on a pu noter le fâcheux pronostic de la carphologie sexuelle.
L’onanisme est surtout significatif dans les états schizophréniques au début, associé aux bizarreries de l’humeur, à la timidité, à l’autisme, au ralentissement pragmatique. Il est banal dans l’idiotie (où il peut prendre une allure frénétique) et les autres formes de l’arriération (imbécilité), fréquent dans la pshychasténie et les états névrotiques avec dépression de la volonté. On le rencontre encore dans les psychoses maniaques, les démences confirmées, divers déséquilibres, etc.
Selon les situations pathologiques, il a la valeur d’une manifestation narcissique ou d’une simple libération érotique.
L’onanisme n’a guère d’intérêt médico-légal, sauf dans les cas où il se pratique en public (parfois à deux, sous forme de masturbation réciproque). Il constitue alors un outrage public à la pudeur.
Le traitement de l’onanisme se confond avec celui de l’état mental qui en est la cause, et, dans les cas primitif, avec celui de l’érotisme (v. ce mot). Sa prophylaxie dans l’enfance doit être fondée sur une hygiène générale et morale convenable sans qu’il ait lieu d’en faire un chapitre à part dans l’éducation sexuelle qui ne saurait donner matière à un enseignement systématique.
Ch. Bardenat.
Réticence
La réserve ou le silence que certains sujets opposent à l’interrogatoire au cours d’un examen peuvent être de causes et de degrés divers.
La timidité et l’hyperémotivité peuvent être seuls en cause, créant une inhibition momentanée que la mise en confiance peut dissiper.
Parfois, un sentiment de gène ou de honte bloque les aveux : c’est le cas de certains obsédés à sexualité anormale. Le médecin averti, après avoir soupçonné le trouble profond et sa nature, peut, par son tact et bienveillance, provoquer la confession nécessaire.
Une réticence plus ou moins complète s’observe souvent chez des schizophrènes repliés dans leur autisme, opposant aux contacts extérieurs leur indifférence quand ce n’est pas une bouderie hostile.
Certains états affectifs cristallisés sur un sentiment prévalent qui domine le comportement du sujet peuvent commander la réticence. Tout entière aux exaltations de sa vie intérieure, celui-ci s’oppose à des investigations qu’il considère comme indiscrètes. Mais cette concentration aboutit souvent à la formation d’un délire que sa charge affective même fera exploser tôt ou tard. C’est le cas de certains mystiques, érotomanes, idéalistes passionnés au stade de formation de leur psychose.
C’est dans les délires chroniques que la réticence acquiert sa signification la plus nette de refus volontaire et systématique. Quelques délirants dissimulent leur délire par prudence, soit au début de leur maladie dans la phase d’inquiétude, soit plus tard après hospitalisation nécessaire; ils pensent ainsi hâter leur sortie.
Il faut faire une place à part à certains paranoïaques persécutés, méfiants et hostiles qui se tiennent sur leurs gardes et ne veulent pas laisser entamer leur conviction délirante. Ils peuvent parfois se laisser surprendre à un premier examen quand ils ne sont pas avertis de la qualité de l’interrogateur ; par la suite, ils se renferment dans un mutisme absolu. Leur attitude, leur regard hautain et méfiant doivent donner l’éveil ; parfois une réponse caractéristique : « Vous le savez mieux que moi » a la valeur d’une révélation. C’est dans ces cas que le délire peut passer inaperçu pour des profanes même après une conversation prolongée.
Mentionnons aussi la réticence que certains mélancoliques délirants ou présentant des idées de suicide peuvent manifester, cachant systématiquement leurs conceptions pour endormir la vigilance de l’entourage et mettre plus facilement leurs projets à exécution. Il faut savoir se méfier du sourire paradoxal de certains mélancoliques.
Il serait abusif de ranger dans la réticence les dénégations ou le mutisme que l’on rencontre chez tous les opposants ou les négativistes (catatoniques, grand anxieux ou mélancoliques) ; le refus de parler fait ici partie du blocage général de l’activité. Enfin, on ne prendra pas pour une simple réticence le reniement systématique que certains sujets ont pu avoir de leurs désordres.
Il convient enfin de faire une place aux réticences que certaines familles apportent au cours d’un interrogatoire ; par aveuglement sentimental ou par orgueil déplacé, elles cherchent à minimiser ou à dissimuler les désordres et les troubles du comportement du malade induisant ainsi le médecin en erreur.
Certains inculpés soumis à une expertise se refusent à parler ou se montrent très réticents. La conduite à tenir est délicate. En pareil cas, le recours à la subnarcose au pentothal a rendu de grands services.
En psychiatrie courante, M. Beaudouin a préconisé l’emploi de l’injection intra-veineuse de 2 cc d’une solution d’orthédrine à 5%. Le mutisme et la réticence seraient levés de façon quasi constante par ce procédé.
Ant. Porot.

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