La TV engendre-t-elle la violence ?

La TV engendre-t-elle la violence ?

En 1971, Steur, Applefield et Smith conduisent une expérience de laboratoire dans laquelle des enfants sont répartis en paires concordantes, en fonction du temps que chacun alloue à la télévision. Puis, dans chaque paire, un enfant est exposé à des dessins animés violents pour une durée de onze jours (groupe expérimental), alors que l’autre enfant regarde des dessins animés non-violents pour la même durée temporelle (groupe de contrôle).

Quand les onze jours s’écoulent, les enfants sont encouragés à jouer ensemble. Pendant que les enfants jouent, les chercheurs les observent et enregistrent tous les épisodes violents qu’ils remarquent dans les activités enfantines.

Les résultats sont concluants : dans chacune des paires, sans la moindre exception, l’enfant du groupe expérimental agit beaucoup plus violemment que son homologue exposé à des émissions non-violentes.

De plus, des études longitudinales démontrent que les enfants qui regardent plus d’émissions violentes pendant leur enfance et leur adolescence ont un taux plus élevé d’épisodes violents une fois devenus adultes, un fait dont témoignent leurs casiers judiciaires.

Bien sûr, cette corrélation ne prouve pas que les émissions violentes causent un comportement agressif, car la causalité pourrait être inversée. Il se peut que les personnes dotées d’un tempérament agressif préfèrent des émissions violentes.

Une autre expérience provient des efforts de Tanis Williams. Williams a étudié une petite ville en Colombie Britannique alors que cette ville introduisait, pour la toute première fois, l’usage de la télévision. Williams a remarqué, qu’avec l’arrivée de la télévision, les épisodes violents augmentent et la créativité baisse, du moins chez les enfants.

Si on se fie à ces expériences, la violence médiatisée engendre de la violence réelle, ce qui est évidemment indésirable et devrait être corrigé.

Mais la situation n’est pas si simple :

Certains chercheurs, notamment Murray, recommandent de réduire la quantité de violence a la télévision pour la remplacer par des émissions qui incitent à des comportements prosociaux et altruistes.

 Cependant, d’autres psychologues rejettent la thèse de la violence médiatisée comme cause de comportements agressifs :

Jonathan Friedmann affirme qu’il est plus facile de blâmer la télévision qu’il n’est de résoudre les vrais problèmes qui conduisent vers la violence, comme les drogues, l’alcool, les familles dysfonctionnelles, les milieux défavorisés, et autres.

Edith Efran se joint à cet avis. La psychologue affirme que ce n’est pas la violence à la télévision qui représente un danger. Selon Efran, la violence virtuelle ne cause ni dommages matériels, ni de la violence réelle. Efran souligne que des études en Amérique du Nord mettent en évidence que le groupe de la société qui s’adonne le plus à des émissions de télévision violentes, se trouve aussi être le groupe possédant le plus bas taux de quotient intellectuel, un niveau d’éducation moindre, les plus graves difficultés financières, et le plus d’instabilité vitale.

Par ailleurs, les statistiques et les archives révèlent que c’est ce même groupe qui a toujours été le réservoir de crimes violents, et ce, des lustres avant que la télévision ait été inventée. Efran explique que le simple fait de regarder une émission violente ne pousse pas des personnes équilibrées à poser des gestes violents. Selon elle, ce n’est qu’une minorité de la population, des personnes déséquilibrées, qui commettent des actes de destruction après avoir assisté à la présentation d’une diffusion télévisée violente.

Ainsi, ce n’est pas la violence  médiatisée qui cause la violence, mais les personnes elles-mêmes qui choisissent de poser des actes violents. La source du problème résiderait donc avec ces individus, quelque chose clocherait chez eux, et non dans les médias. Plusieurs facteurs personnels, tels que les troubles psychologiques, peuvent expliquer pourquoi certaines personnes deviennent agressives.

Selon les psychologues qui défendent les médias, au lieu de censurer les diffusions télévisées, il faudrait plutôt régler les conditions sociales qui conduisent ces personnes à dérailler, et à maîtriser leurs pulsions néfastes.

Démonomanie (archaïque), Démonopathie

L’intrusion fréquente de thèmes diaboliques dans les psychoses aux époques passées a conduit les anciens auteurs à des groupements artificiels tels la démonopathie, qui englobe toutes les manifestations des puissances infernales.

L’une des synthèses les plus complètes est celle de Macario (1843), décrivant la démonomanie qu’il rattache à la lypémanie d’Esquirol et qui comportait 4 formes :

  • La damnomanie ou délire de damnation ;
  • La démonomanie externe, correspondant à des syndromes d’influence, à des faits illusionnels et hallucinatoires (débiles, hystériques, obsédés) ;
  • La démonomanie interne, répondant à une variété de syndrome de possession, avec automatisme moteur ou verbal, hallucinations cénesthésiques ;
  • Les délires des incubes et des succubes relatifs aux convictions de commerce sexuel entretenu, dans le premier cas par les femmes avec le démon (relativement fréquent dans les hallucinations génitales) ; dans le second cas (exceptionnel) par un homme avec l’aspect femelle du diable.

Ces groupements archaïques n’ont guère qu’un intérêt historique et leur dénomination même n’est plus utilisée pour décrire les interventions infernales qui peuplent toujours les délires et les explications superstitieuses de nombreux primitifs.

Ch. Bardenat.

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La jeunesse a cela de beau qu’elle peut admirer sans comprendre. (Anatole France, La Vie littéraire). Photo : © GrandQuebec.com.

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