Égocentrisme
Disposition mentale qui porte certains sujets à tout rapporter à eux-mêmes et à n’envisager les problèmes qui se posent à eux qu’à leur point de vue strictement personnel, au mépris des intérêts voisins ou de l’intérêt général : le sens altruiste est totalement ignoré d’eux.
Ce sentiment se rencontre assez fréquemment sous la forme du simple égoïsme, mais aussi peut revêtir des formes insolites et parfois morbides et dangereuses. Aussi convient-il de rappeler quelques aspects psychiatriques de cette tournure d’esprit.
L’égocentrisme est un des éléments fondamentaux de la mentalité du paranoïaque et du revendicateur qui poursuivent avec un acharnement inlassable ce qu’ils considèrent comme leur droit. Orgueil, agressivité, méfiance viennent souvent s’ajouter à la surestimation du préjudice qu’ils disent avoir subi, ce qui les mène quelquefois à des réactions antisociales (procédures abusives, meurtre), d’où l’intérêt médico-légal de telles situations.
L’égocentrisme domine également la mentalité de certains hypocondriaques qui ne parlent que de leurs prétendus malaises, suspendent toute activité sociale et professionnelle, parfois gardent le lit sans raison valable et asservissent leur entourage.
À un degré moindre, on peut rencontrer ces égocentrisme chez des débiles vaniteux,, des déséquilibrés mythomanes, hâbleurs ou fanfarons. Certaines hystériques qui étalent des manifestations tumultueuses et spectaculaires n’ont d’autres mobiles que celui d’attirer et de retenir sur elles l’attention et la pitié de leur entoure. Les idées de grandeur de certains mégalomanes au cours de délires chroniques sont un autre aspect de ces variétés morbides.
Pour être complet, il faut encore citer l’égocentrisme du jeune enfant. Piaget a appliqué ce terme « à la pensée enfantine qui n’éprouve pas le besoin de communiquer sa pensée à autrui ni de se conformer à celle des autres. »
À l’autre extrémité de la vie, certains vieillards qui se refusent à renoncer à leur autorité et à leurs activités antérieures, dépassés qu’ils sont par les générations montantes, souffrent péniblement de ce qu’ils croient être un refoulement et un abandon. Ils se réfugient dans un égocentrisme maussade et peuvent manifester à l’occasion des idées de préjudice.
Ant. Porot.
Altruisme morbide
Comportement d’apparence altruiste dont les motifs, l’objet ou l’ampleur résultent de causes pathologiques (Genil-Perrin).
L’altruisme inspiré par des motifs pathologiques n’est souvent altruiste qu’en apparence (Rogues et Fursac) : le mégalomane distribue des richesses imaginaires; l’inventeur de systèmes politiques recherche souvent moins de bonheur de l’humanité que sa gloire personnelle; le paranoïaque redresseur de torts persécute parfois ses protégés eux-mêmes. En cela, les psychopathes ne font d’ailleurs qu’exagérer des tendances dont l’homme normal n’est souvent pas exempt et l’on se rappelle le mot de La Rochefoucauld : « Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs que les produisent ».
L’anomalie d’objet s’observe notamment dans la zoophilie.
L’intensité pathologique du sentiment altruiste caractérise les « idéalistes passionnés » (Dide).
L’altruisme morbide sous ses divers aspects peut s’observer chez de simples déséquilibrés ; il entre alors dans le cadre des « vertus abusives » (A. Porot). On le rencontre aussi dans les grandes psychoses à caractère expansif : manie aiguë, paralysie générale, stades avancés des délires chroniques.
Dysharmonie
Terme employé par certains auteurs pour désigner la dissociation schizophrénique. Pour Régis, les « dysharmoniques » sont des dégénérés supérieures, moins profondément atteints que les « originaux » et les « excentriques ». et chez qui l’on ne trouve que peu ou pas de stigmates de dégénérescence.
Ce terme n’est plus guère employé aujourd’hui.
J.-M. Sutter.

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