Confusion mentale

Confusion mentale, États confusionnels

Syndrome mental généralisé, le plus souvent aigu ou subaigu à son début et caractérisé par une dissolution plus ou moins rapide et complète de la conscience avec obtusion intellectuelle, lenteur des perceptions et des processus d’orientation et d’identification. La synthèse mentale s’effectue avec difficulté sur des données perceptives ou mnésiques incomplètes, fragmentaires, disparates, assemblées sans cohérence.

L’attention, la réflexion et le jugement sont des opérations qui deviennent impossibles ou n’aboutissent qu’à des ébauches sans lien et sans ordonnance. L’onirisme vient souvent apporter des images de rêve, ce qui explique l’assimilation qu’on a faite de la confusion mentale et du sommeil. Comme corollaire, on note de la désorientation dans le temps et dans l’espace, de l’indifférence ou de la discordance émotionnelle, la lenteur et le caractère incomplet des réponses, l’air égaré et absent du malade, une certaine inertie pouvant aller jusqu’à la stupeur, l’insouciance des besoins végétatifs élémentaires de l’organisme. Tels sont, du moins, les éléments fondamentaux de la confusion mentale pure. Cette dissolution de la conscience, plus ou moins totale, est généralement suivie d’une restauration ordinairement complète de la personnalité.

À ce phénomène essentiel qui constitue la confusion mentale pure et qui est d’ordre négatif, s’ajoutent souvent d’autres manifestations secondaires de caractère positif : des hallucinations poly-sensorielles, mais surtout visuelles, et du délire onirique plus ou moins actif que certains ont considéré comme secondaire à la confusion : de l’agitation anxieuse peut aussi s’observer.

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Décrite d’abord par Delasiauve, puis par Chaslin qui a donné son autonomie, la confusion mentale a été surtout mise en valeur comme signification étiologique par Régis, qui a montré qu’elle était la plus médicale et la plus curable des affections mentales. Il en faisait essentiellement la traduction d’un état toxique ou infectieux. On peut donner à ce syndrome la valeur d’une insuffisance mentale quantitative aiguë ou subaiguë, mais parfaitement susceptible de régression et de redressement.

Les aspects cliniques de la confusion mentale varient avec les facteurs étiologiques en cause et surtout avec les prédominances symptomatiques. Il y a des confusions mentales dans lesquelles l’élément torpeur l’emporte sur l’élément de rêve, et inversement. Certains malades dorment plus qu’ils ne rêvent; d’autres rêvent plus qu’ils ne dorment (Hesnard).

On dit qu’il y a une confusion mentale simple ou asthénique dans le premier cas; cet état peut aller jusqu’à la stupeur complète : stupeur confusionnelle. C’est le cas de certaines confusions infectieuses avec coma : malade inerte, prostré sans réaction. Certaines stupeurs confusionnelles d’apparence primitive ou qui n’ont pas fait la preuve de leur infection causale peuvent être prises pour des stupeurs catatoniques, de la démence précoce, d’autant plus que certaines psychoses infectieuses peuvent réaliser le syndrome catatonique (grippe, colibacillose, etc.). On ne confondra pas non plus une stupeur confusionnelle avec une stupeur mélancolique restant lucide, mais concentré sur sa douleur morale.

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Les formes agitées de la confusion mentale peuvent se voir dans les psychoses infectieuses. Pourtant elles sont d’abord le fait des intoxications qui déclenchent surtout des phénomènes oniriques. C’est le cas des délires alcooliques, en particulier.

Un trait commun à toutes les confusions mentales et qui en est comme la signature est l’amnésie lacunaire qui les suit. Le malade a perdu tout souvenir de ce qui s’est passé pendant la suspension de sa conscience. Cette amnésie spéciale aide souvent au diagnostic rétrospectif d’un état mental morbide transitoire.

Il y a, dans la confusion mentale, surtout d’origine infectieuse, toute une escorte de types généraux neurovégétatifs qui doivent être relevés avec soin. En effet, ce sont des états fébriles ou subfébriles, état saburral, subictère, oligurie, parfois hyperazotémie. Un certain degré d’insuffisance hépatique et rénale est presque constant. Régis a souligné la débâcle urinaire qui marque le retour à la conscience : « c’est au bocal d’urine qu’on juge une confusion mentale infectieuse ».

Le réveil du confus est progressif, rarement brusque. La réadaptation au milieu et à la réalité ambiante est parfois entravée par des survivances oniriques. La fatigabilité persiste qui permet parfois des manifestations de persévération ou même de pithiatisme.

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Il faut connaître certaines formes de confusion mentale traînantes ou récidivantes. Cependant commandées par un processus infectieux latent mal éteint. (Infections urinaires ou génitales, paludisme, colibacillose, etc.).

Enfin, dans certains cas, la confusion mentale peut ne pas guérir ou laisser des séquelles. C’est la confusion mentale chronique de Régis et Laurès, sous diverses formes. C’est laffaiblissement intellectuel simple ou démence pragmatique. Également les états discordants ou dissociatifs, troubles du caractère ou du comportement, délires secondaires postoniriques.

Mais l’intoxication et l’infection ne résument pas toutes les causes de confusion mentale. Tout ce qui peut obnubiler ou suspendre la conscience aboutit au même résultat. C’est ainsi que l’on a décrit une confusion mentale anxieuse pouvant s’ajouter aux grands paroxysmes de la vie affective et de l’émotivité. Les désordres neurovégétatifs ne font pas défaut.

On a aussi souligné la part de la confusion mentale dans les accidents d’épilepsie. En fait, la perte de conscience brusque qui est le symptôme fondamental de tout accident comitial n’est qu’une plongée confusionnelle brutale. Il s’agit d’une dissolution qu’une réintégration progressive suivra. C’est à la faveur de cet élément confusionnel que pourront apparaître les phénomènes d’automatisme. Ainsi que des états seconds, des raptus impulsifs, des fugues plus ou moins coordonnées. Tous phénomènes suivis de l’amnésie lacunaire propre à la confusion.

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Mentionnons aussi la part de la confusion dans certains états crépusculaires. Ils se rattachent selon les doctrines et les auteurs, soit à l’hystérie, soit à l’épilepsie.

Enfin, on voit volontiers en clinique un accès de confusion mentale agitée ou stuporeuse marquer le début de certains accès maniaques ou mélancoliques (accès confuso-maniaques, confuso-mélancoliques).

La confusion mentale pose un premier problème d’ordre pratique : rechercher sa cause – infection latente ou avérée, intoxication – d’où découlera le traitement causal. Pour elle-même, elle nécessite la surveillance des fonctions végétatives élémentaires, les soins de propreté, la liberté intestinale. Dans ses formes initiales, comme dans ses formes traînantes, elle relève des thérapeutiques de choc. (Électrochocs en particulier, quand une affection organique sérieuse ne les contre-indique pas.

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Parmi d’autres exercices de l’esprit, le plus utile est l’histoire. (Salluste, historien romain). Image : Copilote.

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