Comportement

Comportement en psychologie

Il y a deux acceptions en psychiatrie du mot Comportement :

1 – Il y a un sens psychophysiologique, celui qui est à la base du behaviorisme. La psychologie n’est, dans cette doctrine, que la science du comportement (behavior) et celui-ci n’est qu’une succession et un enrichissement progressifs de réflexes conditionnés.

2 – D’une façon plus générale et plus usuelle, on peut définir le comportement : la manière d’être ou de réagir d’un sujet dans la vie courante ou en présence de circonstances particulières. Le sens de ce terme diffère un peu de celui de « conduite », lequel s’entend plutôt de l’attitude d’un sujet au regard de ses obligations morales.

Les tendances naturelles du comportement se donnent libre cours chez les êtres primitifs et les êtres frustes : elles se résument, en général, à quelques formules simples d’inspiration purement instinctives, à des croyances ou à des superstitions.

Le comportement chez l’enfant n’est, lui aussi, au début, que la manifestation de poussées instinctuelles qui se heurtent à la répression et à la discipline nécessaires imposées par l’éducation. Au fur et à mesure du développement, la vie affective prend une place considérable et on assiste à la formation progressive d’une personnalité qui sera d’autant mieux adaptée que l’éducation aura été plus attentive et plus adroite.

À mesure que l’âge et la civilisation façonnent les caractères, les assouplissent au cours de la vie en société, notre comportement se discipline, se modèle sur les circonstances et s’adapte de mieux en mieux.

Revue clinique – l’étude du comportement a, en clinique psychiatrique, une très grande valeur sémiologique. Ses troubles sont souvent les premières manifestations en date d’un désordre qui s’installe ou d’une tare restée jusque-la inapparente.

D’une façon générale, des troubles du comportement se manifestent chaque fois qu’il y a déséquilibre constitutionnel, perte de contact avec les réalités, ou le fléchissement du jugement et de l’autocritique.

Chez l’enfant, les troubles du comportement peuvent traduire de bonne heure des retards du développement intellectuel, des arriérations affectives ou des troubles caractériels, voire des perversions dites instinctives : turbulence, malignité, inaffectivité, opposition et agressivité, etc.

Pendant l’adolescence pourra se manifester toute une série de modifications dans le comportement qui trahiront soit un déséquilibre constitutionnel gros de conséquences lointaines, soit un glissement vers une dissociation schizophrénique (variations d’humeur, paresse insolite, bouderie, tendances à l’isolement, singularités diverses), indiquant, selon les cas, une disposition cyclothymique, une névrose obsessionnelle ou hystérique, une constitution schizoïde.

Les troubles du comportement sont trop souvent le premier signe révélateur d’un accès périodique imminent : hyperactivité dispersée du maniaque, ralentissement et concentration sur sa douleur morale du mélancolique.

Beaucoup de délirants chroniques, dont la psychose s’installe à bas bruit, traduiront par des singularités de leur comportement (hostilité anormale, méfiance, scènes immotivées de jalousie, activités érotomaniaques), le début de leur maladie.

On sait la grande valeur des troubles du comportement qui marquent le début d’une paralysie générale : incongruités, entreprises inconsidérées, et même réactions médico-légales.

Chez les intoxiqués (alcooliques chroniques et autres), les fléchissements du sens moral avec toutes ses conséquences pratiques sur la conduite, précède ordinairement le fléchissement intellectuel et c’est le comportement du sujet qui révélera la dégradation progressive.

Enfin, n’oublions pas que le ralentissement intellectuel, le fléchissement de la mémoire commandent chez les séniles en voie de démence un comportement qui donne souvent l’éveil sur l’abaissement du niveau mental.

Ant. Porot.

Pfropfhébéphrénie

Terme utilisé par les Allemands pour désigner un syndrome d’abrutissement juvénile très précoce. Kraepelin le considérait comme une démence précoce infantile, susceptible de poussées ultérieures.

Bouderie

« La bouderie en amour est comme le sel ; il n’en faut pas trop. » (Proverbe sanskrit).

Forme mineure de l’hostilité réduite au négativisme conscient et volontaire (mutisme, « moue », refus du regard, neutralité des traits) ; cette attitude est le plus souvent élective pour une personne ou un groupe donné ; elle peut être considérée comme une rupture délibérée de la sympathie, consécutive à une blessure affective ressentie comme une injustice. Le sujet, «vexé», se réfugie dans la « mauvaise humeur », sûr d’avoir la justice pour lui mais, conscient de l’inutilité ou de l’impossibilité d’une défense rationnelle, il tient à manifester son auto-justification sur le plan affectif. Il y a donc souvent un sentiment d’infériorité à l’égard de l’agresseur.

Formes cliniques. – 1. D’une manière générale, la bouderie est une phase régressive qui succède à la colère et persiste jusqu’à la reprise d’un contact affectif normal avec l’agresseur. Elle peut être aussi une colère larvée, inhibée en raison de circonstances extérieures. Ce sont là des phénomènes normaux, plus ou moins intenses selon le caractère du sujet.

2. Chez l’enfant, il y a deux âges de bouderie : le premier entre 3 et 4 ans, au moment où se développent la conscience du moi et les relations de sympathie avec autrui ; l’enfant réagit vivement à certaines mesures répressives de ses éducateurs ; des états de bouderie prolongés et intenses peuvent marquer, dès cet âge, le début de névroses, de schizophrénies ou de démences infantiles. La deuxième phase se situe la période prépubérale, où l’affectivité subit une évolution considérable : ici encore, la bouderie peut dépasser les limites du normal et constituer l’indice d’une évolution schizotique.

3. Chez les schizoïdes, on peut voir apparaître des bouderies prolongées et immotivées – du moins pour le spectateur objectif – avec mutisme, isolement, négativisme à l’égard du milieu familial. Ces états peuvent vent se dissiper et se reproduire périodiquement : c’est un type de schizomanie.

Dans des cas plus graves, la bouderie n’est qu’une forme de début de la schizophrénie au refuge dans une apparente mauvaise humeur, succèdent un autisme et un négativisme irréversibles, qui se généralisent à tout le monde extérieur.

4. Chez les délirants chroniques, les revendicateurs et les quérulents surtout, méfiance et la susceptibilité morbides occasionnent de fréquents états de bouderie qui n’ont, en général, aucune signification évolutive.

Th. Kammerer.

À lire également :

Comportement
« Quand on change de vêtement, on change de comportement. » (Frederic Monneyron, sociologue français). Photo : Megan Jorgensen.

Laisser un commentaire