Chagrin d’amour en psychologie
De nombreux symptômes physiques se manifestent lors d’un chagrin d’amour au moment d’une séparation comme conséquence d’une tension émotive provoquée par l’annonce de cette séparation.
Que des gens vivant un chagrin d’amour aient des réactions psychologiques est tout à fait logique et normal.
Le traumatisme émotionnel vécu lors d’un chagrin d’amour génère des complications. En effet, comme toute tension psychologique ou émotive, le chagrin d’amour affaiblit le système immunitaire. Il peut même provoquer des états maladifs chroniques et agir sur le système cardiovasculaire. D’ailleurs, les maladies chroniques déjà existantes dans l’organisme peuvent s’aggraver ou se réveiller. Plusieurs experts sont d’avis qu’un chagrin d’amour intense peut accélérer la dégénérescence et la mort (ce dernier effet concerne d’abord les gens de 60 ans et plus).
La qualité de la relation joue un rôle essentiel : plus la relation est satisfaisante, plus la rupture est douloureuse. Et au contraire, plus la relation est insatisfaisante, moindres sont les symptômes d’une crise et le deuil se fera plus rapidement.
Curieusement, chez les hommes cet effet sur la santé physique se manifeste dans une plus grande proportion que chez les femmes. Cela est dû au fait que généralement les hommes évitent de verbaliser leurs émotions. En les cachant, les hommes ont plutôt tendance d’agir et non de partager leur état émotionnel avec leurs amis et collègues.
Ainsi, les hommes compensent la rupture par un excès d’alcool (« noyer le chagrin »), de tabac, de stupéfiants ou d’un surplus de travail.
Il arrive souvent que le premier symptôme mental à la suite d’un chagrin d’amour soit l’absence de réactions émotives. La personne qu’on avait quittée réagit comme de rien n’était. Elle n’exprime ni anxiété ni tristesse. Cette personne ne paraît pas en souffrir. Cette personne vit on dirait dans un isolement émotionnel et ne parle pas de ce que lui arrive ; c’est comme si cette personne implosait. Mais dans ces cas, les réactions émotives sont reportées à plus tard et se manifester finalement d’une façon beaucoup plus dramatique. Au lieu d’une tristesse passagère et temporaire, la personne peut souffrir d’avantage de son chagrin d’amour : la victime remet en question le sens de la vie, devient plus anxieuse, perd la confiance en soi, expérimente la peur de ne trouver personne d’autre à aimer et de qui être aimée.
Un effondrement brutal des mécanismes psychiques de l’individu peut s’ensuivre dans ces cas, menant la victime à une profonde dépression, parfois même à une psychose avec délire paranoïde, nécessitant une médicalisation ou même une hospitalisation.
Pour en réduire les risques, la prévision est le seul moyen qui peut aider à la personne qu’on quitte : une rupture imprévue et soudaine provoque plus de réactions intenses qu’une rupture où les deux partenaires sentent la fin s’approcher, ce qui n’est qu’une belle théorie qui sera difficile d’appliquer en pratique…
Tristesse
État affectif déterminé par la douleur morale et s’exprimant par un affaissement des traits du visage, un abaissement des commissures palpébrales et labiales, une dépression globale du tonus musculaire et de l’activité gestuelle, des attitudes en flexion, un ralentissement de toutes les fonctions végétatives, etc.
Formes : Selon l’intensité, la durée et la nature de l’expérience déclenchante, on peut distinguer :
La tristesse émotion, état aigu répondant à une douleur intense. Dans sa forme extrême, elle revêt un aspect dramatique avec pleurer intense et souvent désarroi et agitation motrice. Le chagrin est un état plus proprement dépressif, d’expression plus discrète.
La tristesse peut être un sentiment et une attitude plus diffus, dus non plus à un choc émotif, mais à une situation, une évocation.
Enfin, elle est un ton affectif quand elle polarise pour longtemps toute l’affectivité du sujet, le fixe dans la dépression, le rend inaccessible à toute autre émotion.
C’est cette dernière forme surtout qui, si elle n’est pas motivée, constitue une manifestation morbide, soit constitutionnelle (dépression constitutionnelle, neurasthénie, certaines formes de schizoïdie), soit symptomatique d’une psychose : elle annonce un état dépressif, jalonne l’involution sénile, représente le premier indice d’une schizophrénie ou d’une paralysie générale.
Th. Kammerer.
Besoin d’amour
Le psychologue Harry Harlow de l’université du Wisconsin a initié une série d’expériences en 1950 pour analyser sur des bébés singes l’influence de l’abandon ou de la non-implication des parents.
On pensait alors que, jusqu’à 3 ans, le jeune primate (et donc par extension le jeune humain) n’avait besoin que de nourriture et de sommeil pour grandir. Dans un premier temps, Harlow a séparé des nouveau-nés macaques de leur mère durant les 3,6, 12 et même 24 premiers mois.
Pour certaines expériences, il a remplacé les mères par des mannequins équipés de biberons. Il a ainsi pu remarquer que les bébés allaient vers les mannequins équipés de fourrure plutôt que vers ceux équipés de grosses tétines productrices de lait et que le besoin de contacts tactiles pouvait prendre le dessus sur la faim. Les bébés qui n’avaient pas de mère mannequin de substitution et seulement des biberons prenaient l’habitude de s’entourer deux-mêmes de leurs bras. Revenus dans le groupe social, ces enfants macaques ont montré des comportements de type autiste et un désintérêt pour les autres, pour les jeux et pour la sexualité.
Dans un second temps, Harlow a mis les macaques abandonnés en contact avec d’autres bébés macaques élevés normalement avec leur mère. La rencontre avec ces enfants choyés par leurs parents a légèrement réduit les effets dévastateurs de la séparation.
Naomi Campbell. Photo by ElenaB.
En grandissant, ces bébés macaques privés d’affection parentale devinrent des singes adultes inadaptés à la vie sociale. Ils étaient incapables de s’accoupler à des individus de l’autre sexe et manifestaient des comportements agressifs ou insolites semblables à ceux des humains atteints de psychoses. Ces expériences ouvriront le champ à d’autres études sur l’arrachement (notamment de l’Anglais John Bowlby en 1958).
Il semble que l’individu ne peut pas savoir qu’on l’aime si cet amour ne lui a pas été démontré de manière physique : en le prenant dans les bras, en le cajolant, en le berçant, en lui parlant.
On pourrait imaginer un droit universel pour tous les enfants qui naissent d’être aimés par au moins l’un des parents. Et, par voie de conséquence, le devoir des parents d’aimer leurs enfants.
Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome VII. Bernard Werber, Troisième Humanité. Éditions Albin Michel et Bernard Werber, Paris, 2012.
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