Catalepsie en psychiatrie
(Du grec saisir. En fait, le mot catalepsie vient du grec “Katalêpsis” qui signifie « action de saisir » ou « attaque », mais aussi du latin médiéval « captalepsis ».) Définition : Trouble psychomoteur du tonus et de l’initiative motrice constituent l’un des éléments de la catatonie (avec laquelle il est parfois confondu). Sa définition n’est pas nettement tranchée. Selon les auteurs le terme désigne :
1) Soit la flexibilité cireuse (définition originale de Wernicke), résistance pâteuse, mais plastique, des muscles à la mobilisation passive, avec conservation des attitudes ;
2) Soit l’hyperthonie rigide, de statue, résistant à toute mobilisation ;
3) Soit enfin la suspension de l’initiative motrice, passivité absolue avec incapacité de se mouvoir spontanément.
Formes cliniques. Compte tenu de ces variantes, on doit admettre avec la plupart des auteurs que la catalepsie n’est pas nécessairement associée aux autres éléments du syndrome catatonique. Elle peut exister isolément ou dans d’autres contextes cliniques. On est amené à distinguer :
1) Les catalepsies des syndromes striés, en particulier des syndromes parkinsonniens post-encéphalitiques ; elles sont la résultante extrême de l’akinésie, de l’hypertonie et des troubles de l’initiative motrice propres à ces tableaux neurologiques. Les mêmes syndromes ont été signalés dans les lésions préfrontales (Bostroem, Dimitri et Schilder).
2) Les catalepsies dites « hystériques ». Dans ce cadre d’attente, toujours très discuté, on trouve des manifestations diverses :
a) Crises cataleptiques, caractérisées par la brutalité de leur apparition. La rigidité des membres en hyperextension et parfois du tronc en arc de cercle, avec ou sans perte de connaissance. Les crises oculogyres des parkinsoniens post-encéphalitiques peuvent être interprétées comme une variété localisée de catalepsie. Nous sommes ici sur un terrain débattu où se rencontrent l’épilepsie striée, la rigidité décérébrée et l’hystérie. Du point de vue clinique et pathogénique, on est d’ailleurs souvent en présence de cas complexes où s’intriquent les facteurs névrotiques et les signes d’organicité (encéphalite, lésions du tronc cérébral) : l’observation de Tinel, Baruk et Lamache (1928) en est un exemple célèbre.
b) Le « sommeil cataleptique », inhibition de toute activité motrice sans phénomènes d’hypertonie, n’a que les apparences du sommeil : la conscience n’est pas suspendue, le sujet entend, pense, enregistre tout ; mais il reste passif et sans défense contre toutes les excitations extérieures. La respiration est parfois imperceptible au point de donner l’impression de mort. Mais, si même le pouls et les bruits du cœur sont très diminués, l’hématose reste normale. Ces états peuvent se présenter au moment du réveil (catalepsie du réveil), ou à la suite d’émotions violentes. Ils peuvent durer quelques heures; on en a signalé qui se prolongeaient pendant des années.
c) La catalepsie hypnotique répond aux mêmes critères, avec cette seule différence qu’elle est provoquée au cours de l’hypnose. Baruk et Aubry ont constaté chez ces sujets une aréflexie vestibulaire totale (calorique, rotatoire et voltaïque), donnée précieuse qui permet d’exclure la simulation.
3) Les catalepsies catatoniques. – Elles s’intègrent dans le syndrome catatonique et surviennent soit au cours d’épisodes confusionnels aigus infectieux (typhoïde, encéphalites, fièvres puerpérales) ou toxiques (alcool, kif), soit dans les états mélancoliques et surtout dans la schizophrénie.
La contracture cataleptique (de la flexibilité cireuse) a fait l’objet de nombreuses recherches neurophysiologiques (Froehlich et Meyer, Claude, Baruk, Thevenard, Nouel, De Jong). Elles ont permis d’établir notamment que les courants d’action (électromyogrammes) sont identiques à ceux de la contraction volontaire. Mais, sous l’effet de la diversion psychique, ils peuvent s’arrêter instantanément en même temps que la contracture cesse. D’autre part, ils se déclenchent à la simple vue de la main de l’opérateur avant même que la mobilisation du membre n’ait commencé (anticipation des mouvements passifs). Ces faits objectivent l’importance des facteurs psychiques dans la catalepsie.
Th. Kammerer.
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