Québec psychologique

Bourreaux domestiques

Bourreaux domestiques

Bourreaux domestiques (la violence conjugale)

Le Bourreau domestique, isolé du groupe des pervers instinctifs par Heuyer et Sophie Morgenstern, est un type pervers dont la malignité s’exerce électivement sur les membres de la famille à l’exclusion de toute autre personne.

Ces auteurs distinguent deux types opposés : le type actif et le type passif :

  • le type actif : d’aspect paranoïaque : méfiance, mégalomanie, systématisation des projets malins ;
  • le type passif : d’aspect épileptoïde : viscosité, lenteur, opposition sournoise. Les actes de brutalité se produisent aussi chez le type passif, seulement ils portent la marque des explosions affectives semblables aux crises comitiales.

Chez ces bourreaux domestiques où les conflits familiaux abondent, le traitement psychanalytique est susceptible de jouer un rôle intéressant.

Ant. POROT (Manuel alphabétique de psychiatrie)

Figures égyptiennes

La violence engendre la violence. (Eschyle, poète tragique grec). Image : © GrandQuebec.com.

Agressivité

1. L’instinct d’agression. Les biologistes nous avaient appris que l’agression est un des caractères fondamentaux de vivant et avaient souligné ses traits, dans la série animale, avec les manifestations de l’instinct sexuel.

Psychologues et psychanalystes ont confirmé leur domaine cette donnée fondamentale. La psychologie dynamique, si en faveur aujourd’hui, a mis en bonne place l’agression, la destruction et leurs manifestations. Toutefois, les psychologues pas toujours d’accord sur le sens à donner à ce mot; les uns le réservant aux actes de caractère hostile, destructeur, malfaisant; les autres l’appliquent à toutes les tendances actives, tournées vers l’extérieur, affirmatives de soi, possessives et constructives.

C’est en effet l’agression, au sens le plus élémentaire, qui permet à l’organisme d’utiliser ce qui l’entoure pour la satisfaction des besoins essentiels à sa vie.

Dans sa théorie des instincts, Freud admet deux forces instinctives fondamentales: l’une de vie, l’autre de mort; l’instinct sexuel représente le premier; les impulsions agressives par leurs tendances destructrices représentent le second. Ces deux instincts en se combinant ou se contrariant produisent tous les phénomènes de la vie. Il y a parallélisme et souvent fusion de ces deux instincts chez l’enfant en différentes phases de son évolution. Les impulsions agressives prêtent force et vigueur aux impulsions sexuelles et, grâce à cet appoint, ces dernières peuvent atteindre leur but. De leur côté, les forces aggressives sont, de ce fait, dépouillées de leurs conséquences destructives et utilisées aux fins de la vie (Anna Freud).

2. L’agressivité chez l’enfant. – II y a interférence constante entre l’enfant qui cherche à assurer sa vie par ses instincts agressifs et la société et la famille dont les forces d’agression, organisées et disciplinées, cherchent à modeler sa vie. L’enfant peut être amené à des réactions constructives aussi bien que destructives. L’adaptation se fait bien chez un enfant normal qui peut trouver un climat compréhensif et affectif satisfaisants dans sa famille et son milieu social ; mais il n’en est pas toujours ainsi. Les parents surtout, dont le rôle est fondamental, peuvent se montrer trop exigeants vis-à-vis de l’enfant ou, au contraire, céder trop facilement à ses propres exigences; dans ce contact perpétuel ce sera, selon une dépendance inversée, ou la réaction d’imitation ou bien la réaction d’opposition, – cette dernière bien soulignée par Heuyer et qui est à la base d’orientations défectueuses. Cette opposition va se trouver à l’origine de beaucoup de réactions insolites: haines sournoises ou déclarées, fugues, parfois menaces («bourreaux domestiques» de Heuyer) ou, au contraire, refoulements dont l’action térébrante engendrera des attitudes singulières, de graves désordres caractériels ou des états névrosiques.

Pour effacer la réalité qui lui est pénible ou conjurer un danger réel ou supposé, l’enfant, en grandissant, se réfugiera vers les conceptions imaginaires destinées à lui créer des compensations.

Chez l’enfant normal, ses fantaisies s’associent sans difficultés avec la réalité ; par contre, chez l’enfant anormal, elles peuvent remplacer la réalité et se trouver à la base de problèmes psychopathologiques (Allen).

Anna Freud, soulignant le rôle de la «disette» ou de la frustration affective, attache une grande importance à la disjonction entre les deux instincts, sexuel ou d’agression, et pense que l’effort thérapeutique ne doit pas consister à s’opposer à l’agressivité par une contre-agression éducative, mais par la recherche d’un développement sexuel et affectif normal.

C’est assez souligner le rôle important de la psychanalyse infantile et de la psychothérapie étendue à la famille chez tous les jeunes sujets doués d’une agressivité anormale.

Préalablement, les tests de Rorschach ou les tests de projection, l’épreuve du dessin, permettent de détecter cette agressivité latente et, souvent, son objet.

3. L’agressivité chez l’adulte. Séméiologie. – On peut la définir: la disposition à l’attaque rencontrée chez tous les sujets en état d’hostilité active.

1) Elle peut être constitutionnelle: manifestation d’un tempérament violent et impulsif, elle est fréquente chez l’épileptique où on la rencontre sous forme de décharges paroxystiques (fureur épileptique). Quelques périodiques font leurs accès d’agitation sous une forme agressive (manie coléreuse).

Il y a aussi une agressivité constitutionnelle, lucide, s’exerçant à froid: celle du caractère paranoïaque, qui ne désarme jamais.

Certaines formes de malignité, térébrantes, peuvent en être rapprochées (malignité des pervers, des déséquilibrés, mythomanie agressive). Il faut souligner que, même dans ces cas, l’agressivité peut subir des variations de potentiel, en rapport avec les oscillations de la vie affective.

2) II y a, en outre, des agressivités accidentelles ou acquises.

a) La pathologie émotionnelle est riche en accidents de cette sorte: une hyperesthésie morale très vive, des blessures d’amour-propre mal contenues, des états passionnels, des raptus anxieux, peuvent se manifester par des décharges agressives.

b) L’agressivité est souvent la traduction d’une imprégnation toxique aiguë ou ichronique (alcoolisme, cannabisme, etc.).

c) Toutes les affections susceptibles de laisser comme séquelles des troubles de l’humeur et du caractère peuvent compter l’agressivité comme disposition résiduelle (encéphalopathies infantiles, encéphalopathies de l’adolescent et de l’adulte, traumatismes crâniens).

d) Mentionnons enfin l’agressivité que l’on peut rencontrer au cours de toutes les psychoses chroniques évolutives : schizophrénie, psychose hallucinatoire chronique, où

elle est parfois dictée par les «voix» qu’entend le sujet; persécutés-persécuteurs de toute nature, érotomanes; délire de préjudice des psychoses séniles, délire de jalousie et de persécution des alcooliques chroniques, etc. La condition hypersthénique ou hyposthénique du sujet fera varier la charge agressive du comportement.

4° Thérapeutique et conduite à tenir. – L’agressivité constitutionnelle est justiciable des médications anti-épileptiques. Dans les formes paroxystiques, l’emploi des narcoleptiques (Largactil, Réserpine) peut rendre de grands services ; s’il y a une base affective et anxieuse, l’emploi des tranquillisants pourra suffire. S’il y a un traumatisme psychique récent, la subnarcose barbiturique peut amener rapidement la détente. Dans les formes permanentes graves avec ou sans oligophrénie, la psychochirurgie peut provoquer un apaisement prolongé et même durable.

Quand l’agressivité accompagne une psychose émotive ou une psychonévrose, on pourra tirer grand bénéfice, si le sujet n’est pas trop âgé, d’une cure psychanalytique, si elle est possible et s’il n’y a pas une structure psychosique trop consolidée. Ces conditions de la cure psychanalytique ont été bien étudiées par S. Nacht et aussi par Lacan (Revue fr. de Psychan., juillet-sept. 1948).

Van der Host, d’Amsterdam, a étudié les rapports de l’agressivité et du délire dans la perspective existentielle (Ev. psych., oct.-déc. 1950).

Ajoutons en terminant que les conditions de vie et l’hygiène mentale peuvent beau¬coup pour éviter les paroxysmes. Mais surtout l’alcool devra être interdit à tous ces sujets.

Ant. Porot.

Lire aussi :

Anormaux, Enfance anormale

Le terme d’anormaux, employé dans un sens très large, pourrait s’appliquer à tous les individus dont les ressources intellectuelles, l’équilibre psychique et le comportement habituel échappent à la mesure et à la règle communes. Dans cette conception large, on pourrait faire entrer presque toute la pathologie mentale.

Aussi l’usage a-t-il restreint cette appellation d’anormaux aux enfants et aux adolescents qui se singularisent par une mauvaise adaptation aux exigences de la vie familiale et sociale du fait de leur retard intellectuel, d’un état névrosique, ou de troubles plus ou moins graves du caractère et du sens moral. C’est pourquoi l’on parle aujourd’hui d’« enfance inadaptée ».

Sur le plan médical et social, on peut diviser les enfants anormaux en deux grands groupes :

1) Les enfants arriérés, arriérés vrais par insuffisance intellectuelle (débiles, imbéciles, idiots), enfants handicapés par des infirmités sensorielles, (aveugles, sourds-muets, etc.).

2) Les enfants présentant des troubles du caractère et du comportement, appelés aujourd’hui caractériels (enfants névrosés ou difficiles), – ces désordres pouvant les conduire à la délinquance.

A. P.

Conflit

Le conflit psychique est l’opposition entre deux systèmes de tendances affectives : d’une part, pulsions instinctives, inclinations, élans passionnels, etc., et de l’autre, tendances de même nature mais contradictoires (ou incompatibles dans leur achèvement) ou exigences culturelles (convenances, morale, obligations sociales). Il s’agit souvent, en apparence, d’opposition du sujet à des interdictions extérieures; mais dès que le jeune individu est devenu une personne morale et sociale, les barrières éthico-sociales sont intéressées et le conflit est interne.

Les causes dites « morales » des névroses et des psychoses non organiques peuvent, presque toujours, s’exprimer en termes de conflit : conflit de la personnalité consciente et des tendances pour elle irrecevables et qui sont, de ce fait, plus ou moins « refoulées »; conflit des tendances infantiles contre adultes, égoïstes contre sociales, naturelles contre culturelles. Mais certains états psychonévropathiques, d’étiologie principalement réactionnelle, dont les conflits se laissent facilement deviner, sont parfois appelés « conflictuels ».

L’analyse de conflits enchevêtrés d’une psychonévrose éclaire sa psychogenèse, que révèle principalement la méthode psychanalytique.

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