
Développement historique du concept d’autisme (Synonyme: Introversion)
Polarisation de toute la vie mentale d’un sujet sur son monde intérieur et perte du contact avec le monde extérieur. Le malade vit avec le monde familier de ses désirs, de ses angoisses, de sa sensibilité et de son imagination: ce sont, pour lui, les seules réalités. Le monde extérieur n’est qu’une apparence ou tout au moins un monde sans échanges possibles avec le sien propre. Cette attitude rend le malade absolument impénétrable et son comportement incompréhensible.
Dans des formes moins caractérisées, des contacts sont encore possibles entre monde intérieur et monde extérieur, mais le malade souffre de ne pouvoir extérioriser sa sensibilité dans des expressions adéquates et, d’autre part, le monde extérieur le blesse constamment et l’oblige à se barricader dans sa tour d’ivoire.
L’introversion de JUNG n’est autre qu’une tendance à l’autisme, une tendance à donner aux valeurs subjectives le pas sur les valeurs objectives.
Autisme. Photo d’ElenaB.
L’autisme est un des éléments fondamentaux de la structure schizophrénique (v. ce mot).
L’autisme du schizophrène se distingue de certaines autres formes de la vie intérieure normale ou subnormale (v. «Intériorisation»).
Th. KAMMERER.
KANNER, en 1943, a décrit un autisme infantile précoce, pour lui affection autonome apparaissant parfois dès la première année, entraînant une incapacité à établir des rapports normaux avec l’entourage et faisant croire à une arriération ou une surdité. Ces « enfants dans une coquille » ont une parole et une mémoire discordantes, un besoin de routine dans le comportement, une indifférence apparente envers l’entourage. Les parents de ces enfants sont généralement intelligents, mais portés à l’excès, à l’abstraction.
A. P.
Âge mental
L’âge mental d’un sujet est celui qui correspond à son degré de développement intellectuel, mesuré par l’épreuve des tests (v. le mot Psychométrie).
Il n’y a pas toujours concordance entre l’âge réel (celui de l’état civil) et l’âge mental (celui de l’intelligence).
On a donné le nom de quotient intellectuel (Stern) au rapport entre ces deux données : âge mental/âge réel. On admet généralement que l’âge mental de 12 ans est un minimum nécessaire pour qu’un sujet soit apte à gagner sa vie (loi de Simon).
A. P.
Arriération affective
Alors que l’arriéré mental (comme le débile d’esprit) est un infantile de l’ensemble du psychisme (considéré principalement au point de vue du niveau intellectuel), l’arriéré affectif est un individu normalement intelligent, parfois même très doué intellectuellement, mais dont l’évolution affective, c’est-à-dire la maturation des instincts, sentiments et émotions, est restée plus ou moins incomplète.
L’arriération affective a été surtout mise en lumière par la psychanalyse. Elle explique, pour les psychanalystes, la fixation à l’enfance de certains individus, sous la forme de persistance, d’attitudes infantiles à l’égard des parents et, comme corollaire, de la sexualité infantile, c’est-à-dire non parvenue au stade génital adulte. Elle a été ensuite élargie et étendue à tous les anormaux et malades chez lesquels on décèle une immaturation affective, sous la forme d’un fort égocentrisme avec possessivité des sentiments; le sujet n’étant pas parvenu au stade de l’altruisme, de l’«oblativité», qui caractérise l’amour des sujets adultes normaux.
L’arriération affective se rencontre :
a) Chez les névropathes; les symptômes psychiques traduisent un attachement normal au passé infantile et au milieu familial; ce qui les empêche de s’adapter, sans souffrir, aux nécessités de la vie adulte, d’ordre sexuel, conjugal, professionnel, social ;
b) chez certains caractériels qui traduisent leur arriération affective dans leur comportement, soit par leur exigence sentimentale (égoïsme, jalousie, agressivité), soit par les mécanismes de compensation de l’insatisfaction qu’elle entraîne (intériorisation, complexe d’infériorité, mythomanie, associabilité; ces anormaux du caractère par arriération affective sont nombreux parmi les criminels ;
c) chez certains pervers soit instinctifs, soit sexuels, les premiers caractérisés par l’intensification de l’amoralité infantile avec agressivité, et les seconds, par la maturation secondaire d’une composante de l’instinct sexuel, c’est-à-dire d’une de ses racines infantiles ;
d) chez certains psychopathes, considérés avant l’apparition des symptômes évolutifs; certaines psychoses (comme la schizophrénie) survenant chez des individus non débiles, mais arriérés affectivement.
Mais l’arriération affective est particulièrement intéressante en ce qui concerne les névroses infantiles. En effet, alors que la névrose adulte repose sur la régression à une affectivité potentielle restée inévoluée depuis l’enfance, la névrose infantile met pleinement en évidence une simple fixation à des stades affectifs dont le dépassement s’avère difficile par suite d’une situation familiale présente anormale: frustration du besoin infantile d’être aimé, complexe d’Œdipe, etc.
– La notion d’arriération affective est admise aujourd’hui par tous les psychiatres. Mais le terme ne doit pas suggérer, par analogie avec certains infantilismes corporels, l’idée d’un état définitif : un individu arriéré affectivement peut – comme cela se produit manifestement chez les sujets jeunes – par une thérapeutique convenable, psychothérapie notamment, retrouver la capacité de maturation de son instinctivité.
A. Hesnard.

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