Animaux familiers – animaux de remplacement

Tel maître tel chien – psychologie pathologique des animaux de remplacement

Les animaux familiers souffrent de la psychologie pathologique de leur maître. C’est notamment le cas du chien de remplacement, acquis immédiatement après la perte d’un autre chien. Il appartient souvent à la même race que le précédent, porte la même robe, est parfois issu du même élevage et se voit baptisé du même nom. (Cyrulnik et all. 1995).

Dès lors, il est en quelque sorte « mis-la-pour » vivre à la place du disparu, forcément idéalisé, tandis que le remplaçant fait l’objet de brimades. il sera toujours moins beau, moins propre, plus bruyant que l’autre.

Ces chiens de remplacement, qui se développent dans un milieu incohérent, souffrent de graves troubles du développement : incontinence sphinctérienne, réponses comportementales mal adaptées, et surtout hébétude constante. En effet, dans leur conscience de chien, aucun objet, aucun comportement, aucun rituel n’a pu devenir cohérent. L’animal privé d’objets saillants sur lesquels il pourrait fonder ses interactions interrompt ses développements et tombe dans l’hébétude.

Dans ce milieu humain où l’attachement est durable, on voit aussi apparaître chez le chien des troubles de la conscience attribuables aux démences : diminution des comportements explorateurs, troubles de la mémoire, perte du sens de l’orientation temporo-spatiale. L’animal n’a plus conscience ni de l’espace, ni du temps. Il se perd donc dans l’appartement, ne parvient plus à retrouver la pièce où on le nourrit, dort le jour, demande à sortir la nuit (Beata 1999).

Catatonies chez les animaux familiers

De même, on peut observer dès catatonies : le chien raidi concentre ce qui lui reste de conscience sur un objet apparemment sans signification. Mais qu’il ne quitte pas des yeux pendant des journées entières. Des comportements hallucinatoires peuvent également se manifester.

Le chien adopte les postures, les attitudes de soumission ou d’agressivité correspondant aux actes qui l’accomplirait s’ils percevait un objet. Bien que ce dernier n’existe pas le chien s’immobilise. Il se montre inquiet ou menaçant. Puis il attaque soudain et mord le vide, avant de se calmer de recommencer peu après. On a pu observer de même dans des zoos des singes isolés attaquant le vide, adoptant une posture de soumission alors que rien ne les y obligeait ou attrapant et épluchant des bananes invisibles.

Les hommes connaissent ces troubles de la conscience émergente, étonnamment proches de ceux des animaux. Les anomalies génétiques, les encéphalopathies provoquent des troubles très comparables. Ceux-ci se manifestent par des actes de violence incoercibles. Ou encore par une confusion mentale s’il s’agit d’encéphalopathie toxique, infectieuse ou tumorale. Les privations affectives ou l’isolement social entraînent des altérations du développement. En fait, cela se passe dans la mesure où le seul objet dont l’homme isolé puisse prendre conscience est son propre corps. Ainsi l’enfant carencé oriente ses comportements vers l’unique objet saillant en son monde : lui-même (Spitz, 1958, 1964).

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