Absurde

Absurde, Absurdité

Ce qui est dénué de sens et de logique ; s’entend des propos comme des gestes et des actes.

L’absurdité peut être massive et globale ou bien n’intéresser qu’une réflexion ou un acte isolé. Dans le premier cas, elle traduit une profonde insuffisance comme celle des imbéciles ou des gros débiles, ou l’affaiblissement grave des déments. Dans le second cas, un propos absurde ou un acte choquant et immotivé peut révéler un fléchissement du jugement à son début ou bien un délire jusque-là inapparent ou dissimulé.

L’absurdité des gestes et des propos est une formule souvent employée par les simulateurs: d’où la délicatesse de certains diagnostics. Mais il est des cas où l’absurdité systématiquement recherchée en apparence traduit cependant un état mental anormal : le syndrome de GANSER.

A.P.

Monde futuristique
« Dans un univers passablement absurde, il y a quelque chose qui n’est pas absurde, c’est ce que l’on peut faire pour les autres. » (André Malraux (1901-1976), écrivain et homme politique français). Image : © Megan Jorgensen.

Syndrome de Ganser

Syndrome décrit par un psychiatre allemand et qui a pour noyau principal le Vorbeireden (répondre à côte); le Vorbeihandeln (agir à côté); Nichwissenwollen (vouloir ne pas savoir).

Les malades, tout en montrant qu’ils ont entendu et compris, font, comme par parti pris, des réponses approximatives ou équivoques ou bien absurdes et discordantes aux questions même les plus simples et les plus élémentaires (Régis).

Ce syndrome a été primitivement rattaché aux états crépusculaires, (Daemmerzustand) avec obnubilation, amnésie et intégré dans le cadre de l’hystérie. Mais, en fait, cette conception n’est pas admise par tous les auteurs.

On le rencontre dans la schizophrénie; pour Nissl, il est un signe de négativisme rentrant dans la catatonie. Kiehen parle de simulation pathologique. Pour Kraepelin et H. Ey, il n’est pathognomonique d’aucune affection particulière; on le rencontre surtout dans les milieux pénitentiaires.

Nous l’avons observé dans certaines confusions mentales et dans l’évolution de certains processus organiques cérébraux. Le diagnostic est parfois délicat d’avec la simulation.

Ant. Porot

Méditation
« Toute douleur qui n’aide personne est absurde. » (André Malraux, écrivain et homme politique français (1901-1976). Image : © Megan Jorgensen.

Discordance, Folies discordantes

En 1912, dans ses Éléments de sémiologie de clinique mentales, Chaslin créait le « groupe provisoire » des folies discordantes réunissant tous les faits cliniques étudiés jusqu’alors sous les rubriques de : hébéphrénie, catatonie, démence précoce ; il leur assignait comme caractère fondamental la discordance, c’est-à-dire une dysharmonie entre les symptômes, ceux-ci paraissant indépendants jusqu’à un certain point les uns des autres et ce, avant la démence confirmée.

Dans son étude clinique, Chaslin a bien opposé la discordance à la démence :

« Les symptômes simulent très souvent la démence : délire incohérent à froid, indifférence, actes bizarres de divers genres ou bien inactivité complète de l’intelligence avec occupations devenues d’ordre inférieur, stupeur avec attitudes bizarres, actes incohérents, etc., et, malgré cela, le plus souvent, aucun signe d’affaiblissement intellectuel proprement dit, même passager. Tout ce que l’on peut dire, ajoutait-il, c’est que ces symptômes incohérents, discordants, indiquent qu’un jour il y aura très probablement, dans l’évolution de l’affection, une période de démence. » Il avait noté aussi, en effet, les rémissions de longue durée, puis les rechutes définitives.

Comme on le voit, l’idée directrice de cette conception était superposable à celle qui amenait Bleuler à la même époque (1911) à créer le mot schizophrénie pour le même groupe de faits.

La discordance de Chaslin et la dissociation de Bleuler évoquent le même désordre fondamental et groupent autour de ce noyau principal les mêmes faits cliniques rangés autrefois sous les rubriques d’hébéphrénie, d’hébéphréno-catatonie, de démence précoce. Au demeurant, Bleuler lui-même a reconnu que si ce terme de « folie discordante » était venu à sa connaissance, il l’aurait tout aussi bien employé que celui de schizophrénie.

Il s’agissait, dans un cas comme dans l’autre, d’une réaction à la conception kraepelinienne de la démence précoce. Kraepelin avait fait de la démence terminale le lien commun et l’aboutissement de toutes ces formes de démence précoce. Kraepelin avait fait de la démence terminale le lien commun et l’aboutissement de toutes ces formes de démence précoce. Chaslin, comme Bleuler, cherchait au contraire l’unité de leur groupe dans l’analyse du mécanisme symptomatique.

Rappelons les 4 types principaux de folies discordantes présentés par Chaslin :

L’hébéphrénie, qui débute de 8 à 25 ans, avec son début brusque ou lent, avec tous ses différents aspects cliniques, ses formes atténuées et profondes (les symptômes sont ceux de la schizophrénie de Bleuler).

La folie paranoïde, qui débute plutôt dans la jeunesse que dans l’enfance, parfois dans l’âge adulte, à installation souvent assez rapide avec son délire multiforme et incohérent, ses phases d’agitation et son évolution démentielle vers l’absurde.

La folie discordante verbale, forme originale, mais plus rare dans laquelle, après un début d’allure hébéphrénique, la folie se résume en un langage ou des écrits complètement incohérents avec surabondance de mots fabriqués constamment ; la mimique du discours est conservée contrastant avec l’incompréhensibilité du sens.

Cette folie discordante verbale correspond, dans la terminologie bleulérienne à la « schizophasie ».

– Si la schizophrénie a conquis le droit de cité dans la nosographie, plutôt que la folie discordante, il n’en reste pas moins que le mot discordance est couramment employé dans la terminologie psychiatrique.

Par ses bizarreries, ses contradictions et ses manifestations paradoxales, la discordance peut éveiller des doutes sur la sincérité d’un sujet ; en certains milieux (pénitentiaire, militaire), des hébéphréniques ou des schizophrènes au début de leur maladie ont pu être pris pour des simulateurs.

Ant. Porot.

À compléter la lecture :

Folie
Les folies discordantes peuvent éveiller des doutes sur la sincérité d’une personne, mais existe-t-il une chose qui ne puisse les éveiller? (Citations de Megan Jorgensen). Photo : © Megan Jorgensen.

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