La vie syndicale au Québec en 1943 – Chroniques historiques
Pas de syndicat d’agents de la police de la route
Maître Gaboury défend aux membres de ce corps de police d’adhérer aux unions
Le directeur de la police provinciale, Maître Marcel Gaboury, C.r. a fait tenir au chef de la division de la circulation, M. Aurèle Lacombe, un avis par lequel il interdit à tout membre de ce corps policier d’adhérer à tout groupement syndical, particulièrement au syndicat de policiers qui est une filiale du Congrès canadien du travail.
Voici quelques extraits de cette lettre : « Le procureur général ordonne à tous les employés qui ont signé une formule à l’effet de devenir membres d’un syndicat de policiers, connu sous le nom de filiale du Congrès canadien du travail de donner immédiatement leur démission. »
« Le procureur général défend également l’affiliation à tout autre mouvement semblable de la part des membres de la police provinciale, de même que toute propagande syndicale chez les agents. Des mesures sévères seront prises contre ceux qui sont dans ce groupement et qui refusent d’en sortir. »
Interrogé, M. Paul Marquette, directeur régional du Congrès, a déclaré que les policiers ont droit en principe d’appartenir à l’union qu’ils choisissent, et qu’il ferait une autre déclaration plus tard.
Les municipalités se liguent contre le syndicalisme
Toutefois, elles n’ont pas encore adopté de ligne de conduite officielle
Des représentants de plusieurs municipalités de L’Île de Montréal se sont réunis à huis clos, hier matin, dans les bureaux de la Commission Métropolitaine pour discuter de la situation spéciales qui leur est faite par suite du développement du mouvement syndical dans plusieurs corps de police et de pompiers.
Les délégués d’ayant pu convenir unanimement de l’opportunité de demander un tribunal général d’arbitrage pour étudier les conditions de travail et les griefs des employés de toutes les municipalités de l’île de Montréal et de la province de Québec, on s’en tiendra donc, jusqu’à nouvel ordre, à la politique de demander au gouvernement provincial la formation d’un tribunal d’arbitrage distinct pour le règlement de chaque conflit particulier.
C’est la Ville de Lachine qui a déclenché le mouvement en faveur de la création du tribunal unique pour la province, en adoptant, mardi soir, à une séance du conseil municipal, une résolution priant le gouvernement provincial de créer un tel tribunal et d’adopter une loi qui réglerait tous les différends survenant entre les municipalités et leurs employés.
Séance du tribunal d’arbitrage
Maître Roger Brossard, président du comité d’arbitrage formé pour étudier les demandes des employés municipaux, a consenti hier matin à ajourner la séance qui devait être consacrée à l’étude de la reconnaissance de l’Union des employés municipaux. En remettant cette séance à vendredi matin, Me Brossard a donné à entendre que cette séance pourrait peut-être n’avoir pas lieu, si le gouvernement provincial décidait, entre temps, de créer un tribunal général d’arbitrage.
Formation du nouveau comité
Avec la ratification, qui ne saurait tarder, de la nomination de l’honorable juge Alphonse Savard, de la Cour Supérieure comme président du deuxième comité d’arbitrage demandé par le Syndicat des fonctionnaires municipaux, ce tribunal sera complètement constitué, avec Me C.A. Sylvestre comme représentant de la Ville et M. Gérard Picard comme représentant des fonctionnaires.
Philip Cutler et Jean Jodoin sont libérés sous caution
Cautionnement de $2,000 dans chaque cas. Plaidoyer de Me G. Fauteux – Procès fixé au 10 novembre
Shawinigan Falls, Québec, 3 novembre 1943. – Deux chefs ouvriers, Philip Cutler et Jean Jodoin, arrêtés vendredi dernier sous l’accusation d’avoir incité les employés de l’Aluminum Company à continuer la grève, ont obtenu hier matin leur libération provisoire moyennant un cautionnement de $2,000 chacun.
Le juge F.-X. Lacoursière a fixé comme condition à ce cautionnement que les deux prévenus se dispensent d’aller à Shawiningan Falls durant toute la durée du procès et qu’ils ne fassent aucune déclaration concernant la grève.
Maître G. Fauteux, avocat de la poursuite, a déclaré à l’enquête préliminaire que cette action avait été prise en vertu des règlements de la défense du Canada : « La population, dit-il, est encore sous la protection de l’armée et la situation est des plus sérieuses ». Il a aussi souligné que l’agitation créée à Shawinigan avait essuyé la réprobation des autorités tant religieuses que civiles.
« Notre devoir est de faire respecter la loi, d’assurer le maintien de la paix et de l’ordre : nus ferons ce que nous commande notre devoir », fit-il en terminant.
(Ces nouvelles viennent du 4 novembre 1943).
