Facteur : les nouveaux défis

Les nouveaux défis du facteur

Ni le froid, ni les chiens, ni Internet n’éteindront la flamme qui brille dans les yeux de Denis Choquette lorsqu’il parle de son métier. Rencontre avec un facteur de 2l ans d’expérience.

Audrey LAVOIE

Quartier Libre : Vous arpentez, depuis 10 ans les rues de Côte-Saint-Luc avec votre sac à courrier. Résumez-nous la journée type d’un facteur.

Denis Choquette : De 6 h à 8 h environ, on effectue le tri du courrier pour nos routes assignées. On classe le courrier par adresse et par rue. On prépare aussi nos sacs de relais puisqu’on ne peut pas apporter tout le courrier à livrer, un seul sac pèse déjà plus de 25 livres. Un relayeur s’occupera d’aller placer les sacs supplémentaires dans diverses boîtes de relais qui se trouvent sur ma route (les boîtes grises). Vers 8 h, on s’en va sur le terrain pour faire nos livraisons. Dans mon secteur, à Côte Saint-Luc, j’ai 477 portes à desservir chaque jour. Vers 14 h, ma journée est terminée.

Q. L. : Qu’est-ce qu’il y a de plus valorisant dans votre métier ?

B.C.: Le rapport avec les clients, je leur offre un service et ils sont reconnaissants. Dans le quartier où je travaille, le facteur est un membre actif de la communauté et le métier est encore perçu comme un travail important par ces gens. Je les connais, ils m’appellent par mon prénom. C’est ce rapport avec eux qui fait que j’aime tant mon métier. Dans d’autres quartiers de Montréal, le facteur est seulement celui qui apporte les factures !

Q. L. : Quels sont les aspects difficiles de votre travail ?

D. C. : Les risques de blessures sont importants puisque nous marchons plus de 10 km par jour. Les chevilles, les genoux, les hanches, le dos sont mis à rude épreuve. Il y a aussi des difficultés climatiques, comme les tempêtes de neige, la pluie ou la canicule. Cet hiver a d’ailleurs été le plus difficile que j’ai connu dans ma carrière, Avec autant de neige, la livraison du courrier était parfois très ardue. Sinon, nous sommes bien équipés. Nous avons de bons vêtements chauds, des semelles à crampons, des imperméables. C’est important de s’habiller en fonction de la température, sinon on ne pourra pas finir notre route.

Q. L. : Chien, neige, froid, canicule… Quel est finalement le pire ennemi du facteur ?

D. C. : L’être humain ! Quand l’humain aura compris que le chien n’est pas toujours l’ami du facteur, peut-être qu’il l’éduquera mieux. Un chien demeure un chien, c’est le maître qui doit mettre des limites à son chien. Le jour où les gens éduqueront leur animal adéquatement, nous n’aurons plus de difficulté avec les chiens.

Q. L. : Est-ce que la venue d’Internet a changé quelque chose dans l’exercice de votre métier ?

D. C. : Oui, beaucoup. Le volume de courrier a diminué et continuera certainement à diminuer.

Par contre, le volume des médiapostes (publicités par la poste) a augmenté considérablement ces dernières années. Les lettres recommandées sont aussi des moyens de communications de plus en plus utilisés. Certains parlent de la fin du courrier, mais je n’y crois pas du tout. Le même genre de chose se disait à l’arrivée du fax et nous l’utilisons encore.

Q. L. : Et le métier en soi, est-il voué à changer ?

D. C. : Manifestement, il y a de gros changements qui se préparent. J’ai bien peur que Postes Canada veuille instaurer le tri séquentiel. C’est-à-dire que le tri serait fait uniquement par des machines, comme on le voit déjà aux États-Unis. Ainsi, les facteurs ne feraient que la livraison de 8 h à 16 h. Le facteur couvrirait un plus grand secteur et conséquemment, on aurait moins besoin de personnel.

QUARTIER LIBRE. Volume 15, numéro 16, 23 avril 2008. Publié avec l’autorisation du journal.

voitures du facteur
Voitures des Postes Canada. Photo : © GrandQuebec.com.

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