Pétain en appelle à la nation : Il dit avoir aidé à délivrer la France
Paris – Cet après-midi (23 juillet 1945) a commencé devant la Haute Cour le procès du maréchal Philippe Pétain, ancien chef de l’État français, accusé d’intelligence avec l’ennemi et de complot contre la sécurité de l’État, avant et après son avènement au pouvoir.
L’avocat du maréchal a décliné la compétence du tribunal, mais son exception a été renvoyée. Le maréchal, couvert de ses décorations, a déclaré au tribunal : « Tandis que le général de Gaulle continuait la lutte à l’étranger, j’ai ouvert la voie de la libération. Par l’Assemblée nationale réunie à Vichy, le 10 juillet 1940, le peuple français m’a donné le pouvoir de diriger la nation. C’est à lui seul que je suis venu répondre. C’est la seule déclaration que je ferai. Les présentes accusations ne visent qu’à me salir. J’ai consacré ma vie au service de la France. Que le peuple français se souvienne que l’ai mené ses armées à la victoire en 1918 ».
La Haute Cour se compose d’un président, de deux autres juges et de 24 jurés de l’Assemblée consultative, dont 12 membres de la résistance et 12 anciens parlementaires. Si je jury prononce le maréchal coupable des accusations portées par le procureur de la République, M. André Mornet, le maréchal est passible de la peine de mort.
M. Mornet, dans son réquisitoire accuse le maréchal de complot avec l’Allemagne. Il affirme que c’est l’ambition qui a dicté beaucoup d’actes du général. M. Mornet rappelle les événements de juin 1940. Il affirme que « c’est sous la pression combinée du général Weygand, alors généralissime des armées alliées, et du maréchal Pétain », que la majorité des ministres ont décidé qu’il était inutile de prolonger la lutte et ont démissionné. « Aussitôt appelé au pouvoir, le maréchal a commencé les négociations en vue de l’armistice ».
La défense de l’armistice
« Lorsque j’ai demandé l’armistice, j’ai accompli un acte décisif de salut et j’ai ainsi assuré la liberté de l’Empire. J’ai usé de mon pouvoir pour la protection du peuple français et c’est pour le peuple que j’ai compromis mon prestige ».
Note finale : Le hasard fait drôlement les choses. Le maréchal Philippe Pétain meurt le 23 juillet 1951, six ans jour pour jour après le début de son procès. Il décède à 95 ans dans l’île d’Yeu, où il vivait en résidence surveillée depuis que le général de Gaulle avait commué en emprisonnement à vie une sentence de mort prononcée le 14 août 1945.
Pour en apprendre plus :
- L’affaire Bernonville
- Arrestation sensationnelle à Montréal
- Les Bernonville en liberté
- Paris pris d’assaut