Jules Verne est mort

Jules Verne est mort

24 mars 1905 : Jules Verne est décédé

Jules Verne, le puissant romancier, le vulgarisateur scientifique, le prophète des grandes découvertes de l’époque, vient de mourir à Amiens, le 24 mars 1905.

Jules Verne, le puissant, fécond et original romancier, le vulgarisateur scientifique, le prophète des grandes découvertes de notre époque, vient de mourir à Amiens, à 3 heures 10 ce matin, le 24 mars 1905.

Tous, nous avons lu dans notre enfance, ces romans passionnants, « Cinq semaines en ballon », « Vingt mille lieux sous les mers », « De la terre à la Lune », « Le pays des fourrures », « Voyages au centre de la terre », « Les Indes noires », « Michel Strogoff », etc.

Tous ces ouvrages, d’agréables fictions, ont charmé notre enfance, et nous sommes encore fort aise de les relire aux heures de rares loisirs que nous laisse le souci des affaires.

Le caractère des ouvrages de Jules Verne est une grande probité morale, un souci constant de pouvoir être lu par les personnes les plus pures, grandes personnes ou enfants. C’est le roman scientifique, où sous une forme en apparence très simple et très assimilable, il met en œuvre les éléments divers fournis par la science moderne; l’intérêt de ces romans consiste surtout dans la recherche de la solution des problèmes non encore résolus.

Ce genre a fait naître des imitateurs, mais malgré toute leur générosité, aucun n’a pu égaler le maître.

La seule nomenclature des ouvrages de Jules Verne absorberait un trop long espace pour que nous en dressions ici le catalogue. Disons seulement que ses ouvrages ont été traduits dans toutes les langues et qu’un certain nombre à fourni matière à des drames à grands spectacles qui ont toujours eu un immense retentissement et un éclatant succès.

Jules Verne est né à Nantes, le 8 février 1828. Il était donc âgé de 77 ans. Il avait fait son droit à Paris, mais il abandonna cette carrière en 1850 pour se livrer exclusivement à la littérature.

Depuis plusieurs années, il vivait retiré à Amiens, et sa vie s’était tellement affaiblie qu’on a dit souvent qu’il était aveugle.

La mort de cet homme de bien causera d’universels regrets.

Immenses bateaux roulants construits en Russie

17 mai 1930. Jules Verne annonça, un demi-siècle à l’avance, pratiquement toutes les grandes inventions dont nous jouissons. Il annonçait dans un de ses volumes la possibilité d’un immense vaisseau possédant les traits principaux d’un « bateau qui va sur l’eau », mais monté sur des roues, pour traverser les vastes plaines, les déserts. Les Russes sont à mettre cette invention à exécution dans le Sud de la Russie, pour le transport des passagers et du fret.

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Jules Verne vers 1900. Portrait de l’époque, image libre de droits.

L’Éternel Adam par Jules Verne (Extrait)

Première édition : 1910

Les uns en avaient retracé l’histoire, c’est-à-dire celle même de l’humanité tout entière. Ils avaient montré la Mahart-Iten-Schu, la Terre-des-Quatre-Mers, divisée, à l’origine, entre un nombre immense de peuplades sauvages qui s’ignoraient les unes les autres. C’est à ces peuplades que remontaient les plus antiques traditions. Quant aux faits antérieurs, nul ne les connaissait, et c’est à peine si les sciences naturelles commençaient à discerner une faible lueur dans les ténèbres impénétrables du passé. En tout cas, ces temps reculés échappaient à la critique historique, dont les vagues notions relatives aux anciennes peuplades éparses formaient les premiers rudiments.

Pendant plus de huit mille ans, l’histoire, par degrés plus complète et plus exacte, de la Mahart-Iten-Schu ne relatait que combats et guerres, d’abord d’individu à individu, puis de famille à famille, enfin de tribu à tribu, chaque être vivant, chaque collectivité, petite ou grande, n’ayant dans le cours des âges, d’autre objectif que d’assurer sa suprématie sur ses compétiteurs, et s’efforçant, avec des fortunes diverses et souvent opposées, de les asservir à ses lois.

En deçà de ces huit mille ans, les souvenirs des hommes se précisaient un peu. La légende commençait à mériter plus justement le nom d’histoire au début de la deuxième des quatre périodes en lesquelles on divisait communément les annales de la Mahart-Iten-Schu. D’ailleurs, histoire ou légende, la matière des récits ne changeait guère. C’étaient toujours des massacres et des tueries, non plus, il est vrai, de tribu à tribu, mais de peuple à peuple désormais, si bien que cette deuxième période n’était pas, à tout prendre, fort différente de la première.

Et il en était de même de la troisième, close il y avait deux cents ans à peine, après avoir duré près de trois fois autant. Plus atroce encore peut-être, cette troisième époque, pendant laquelle, groupés en armées innombrables, les hommes avaient, avec une rage insatiable, abreuvé la terre de leur sang.

Un peu moins de huit siècles avant le jour où le zartog Sofr suivait la principale rue de Basidra, l’humanité s’était trouvée mûre, en effet, pour les convulsions de vaste envergure. A ce moment, les armes, le feu, la violence ayant déjà accompli une partie de leur œuvre nécessaire, les faibles ayant succombé devant les forts, les hommes peuplant la Mahart-Iten-Schu formaient trois nations homogènes, dans chacune desquelles le temps avait atténué les différences entre les vainqueurs et les vaincus d’autrefois. C’est alors que l’une de ces nations avait entrepris de soumettre ses voisines. Situés vers le centre de la Mahart-Iten-Schu, les Andarti-ha-Sammgor, ou Hommes-à-Face-de-Bronze, luttèrent sans merci pour agrandir leurs frontières, dans lesquelles étouffait leur race ardente et prolifique. Les uns après les autres, au prix de guerres séculaires, ils vainquirent les Andarti-Mahart-Horis, les Hommes-du-Pays-de-la-Neige, qui habitaient les contrées du Sud, et les Andarti-Mitra-Psul, les Hommes-de-l’Étoile-Immobile, dont l’empire était situé vers le Nord et vers l’Ouest.

Près de deux cents ans s’étaient écoulés depuis que l’ultime révolte de ces deux derniers peuples avait été noyée dans des torrents de sang, et la terre avait enfin connue une ère de paix. C’était la quatrième période de l’histoire. Un seul Empire remplaçant les trois nations de jadis, tous obéissant à la loi de Basidra, l’unité politique tendait à fondre les races. Nul ne parlait plus des Hommes-à-Face-de-Bronze, des Hommes-du-Pays-de-la-Neige, des Hommes-de-l’Etoile-Immobile, et la terre ne contenait plus qu’un peuple unique, les Andarti-Iten-Schu, les Hommes-des-Quatre-Mers, qui résumait tous les autres en lui.

Mais voilà qu’après ces deux cents années de paix une cinquième période semblait en voie de gestation. Des bruits fâcheux, venus on ne savait d’où, circulaient depuis quelque temps. Il s’était révélé des penseurs pour réveiller dans les âmes des souvenirs ancestraux qu’on eût pu croire abolis. L’ancien sentiment de la race ressuscitait, sous une forme nouvelle caractérisée par des mots nouveaux. On parlait couramment d’«atavisme», d’«affinités», de «nationalités», etc., tous vocables de création récente, qui, répondant à un besoin, avaient aussitôt conquis droit de cité. Suivant les communautés d’origine, d’aspect physique, de tendances morales, d’intérêts ou simplement de région et de climat, des groupements se formaient qu’on voyait grandir peu à peu et qui commençaient à s’agiter. Comment cette évolution naissante tournerait-elle ?

L’Empire allait-il se désagréger à peine formé ? La Mahart-Iten-Schu allait-elle être divisée, comme jadis, entre un grand nombre de nations, ou du moins, pour en maintenir l’unité, faudrait-il avoir encore recours aux effroyables hécatombes qui, durant tant de millénaires, avaient fait de la terre un charnier ?…

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