Les Allemands à Paris

Les Allemands à Paris – 14 juin 1940

(Texte publié dans La Presse de Montréal, le 14 juin 1940)

L’armée française a évacué Paris, le 14 juin 1940, pour sauver la capitale française de la destruction. – Les Allemands y sont entrés. – L’armée française continue de lutter contre les forces allemandes et le général Weygand reconstitue le front au sud de la capitale française. – Espagne occupe la zone internationale de Tanger ce qui inquiète le monde.

Londres – L’armée française a évacué Paris aujourd’hui, le 14 juin 1940, pour sauver la capitale française de la destruction. Les Allemands y sont entrés. En 1871, les habitants de Paris avaient connu les horreurs d’un siège de trois mois et demi, la faim, le bombardement. Mais si la capitale a été moins éprouvée cette fois, son occupation par les Allemands pour la 4e fois en 140 ans reste un rude coup. Le Français qui l’a annoncée aux journalistes à Tours en avait les larmes aux yeux.

L’armée française, qui reçoit quelques renforts anglais, continue de lutter contre des forces au moins deux fois plus nombreuses. Le général Weygand reconstitue son front au sud de Paris.

Paris est tombé 9 jours après le commencement de l’offensive allemande, 35 jours après l’invasion de la Hollande et de la Belgique. La capitulation de Léopold III, le 28 mai 1940, suivie de la retraite de Dunkerque, désorganisa la défense alliée.

L’occupation par l’armée espagnole de la zone internationale de Tanger est inquiétante, en dépit des assurances, données à Madrid, qu’il ne s’agit que de conserver la neutralité. Tanger se trouve devant Gibraltar.

Londres – Une dépêche de l’agence Reuters de Paris signale que les Français ont fait sauter leurs grosses usines de munitions, dans les faubourgs de la capitale, avant l’arrivée des nazis.

La ville est presque déserte. Il ne s’y promène silencieusement que des gendarmes et des gardes, sans armes. Le peu de population qui n’a pas voulu fuir se tient triste et coi dans les maisons ou dans les boutiques aux volets clos.

Allemands à Paris
Les Allemands entrent dans la ville après la signature de l’armistice. Paris est occupé par les forces allemandes et ils s’y resteront plus de quatre ans. Photographie de l’époque libre de droits.

Ponts et édifices de Paris ont été laissés intacts

De source militaire autorisée, on laisse entendre que Paris pourrait bien cesser d’être « ville ouverte » s’il faut que les nazis « y massent des troupes ». Il faut supposer que les Français eux-mêmes pourraient bien attaquer la ville pour la reprendre, si l’occasion s’en présente.

Berlin – Pour célébrer l’entrée des Allemands dans Paris, Adolf Hitler a ordonné d’arborer des drapeaux à travers toute l’Allemagne, pendant trois jours. Il a fait sonner toutes les cloches des églises pendant un quart d’heure, à partir de 1 heure 30 de l’après-midi.

apocalypse guerre
Le 14 juin 1940 à l’aube, les Allemands entrent dans Paris. La croix gammée, symbole du nazisme, flotte sur Paris. D’après « Apocalypse, la deuxième guerre mondiale », une production CC&C.

Les quatre cavaliers de l’Apocalypse

L’Apocalypse est le dernier livre du Nouveau Testament. Il est censé avoir été dicté à ses disciples par saint Jean, alors âgé de 82 ans et exilé sur l’île grecque de Patmos (en 79 après J.-C. Au moment de l’éruption du Vésuve).

Il serait largement inspiré d’un texte plus ancien attribué au prophète Zacharie. C’est le plus ésotérique et le plus spectaculaire des textes du Nouveau Testament.

« Et voici qu’apparut un cheval blanc. Celui qui le montrait portait une robe blanche et brandissait un arc et une couronne. Il partit en vainqueur pour vaincre encore et encore.

« Ensuite sortit un autre cheval, dont la robe était rouge feu. Celui qui le montait était nu et pourvu d’une longue chevelure rousse. Il reçut le pouvoir d’enlever la paix de la Terre, afin que les hommes s’égorgent les uns les autres. Une grande épée lui fut donnée pour l’aider à accomplir cette mission.

« Puis parut un cheval noir. Celui qui le montait était vêtu d’une robe noire et tenait une balance dans sa main. Il annonça : « Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d’orge pour un denier. Mais je ne ferai point de mal à celui qui possédera de l’huile et du vin.

« Enfin parut un cheval de couleur verte. Celui qui le montait avait une robe verte et sous sa capuche on ne voyait qu’un visage semblable à un crâne. Son corps était comme un squelette et le séjour des morts l’accompagnait.

« À ces quatre cavaliers de l’Apocalypse e pouvoir sera donné sur la Terre, pour faire périr les hommes par l’épée par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages. »

(Tiré de Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome VII. Bernard Werber, Troisième Humanité. Éditions Albin Michel et Bernard Werber, Paris, 2012).

Un récit sur la reddition de Paris

Une dépêche de la North Americain Newspaper Alliance récemment publiée dans le New York Times, rapporte le récit de quelques moments historiques qui ont immédiatement précédé la reddition de la ville de Paris aux troupes nazies. Cet émouvant récit se présente en partie sous la forme d’un rapport qui fit l’un des officiers de lMétat-major allemand, le lieutenant Wilhelm Ritter von Schramm, chargé de négocier avec les autorités françaises les conditions de la capitulation.

Dans la soirée du 12, relate le lieutenant Schramm, nous lisons les dernières nouvelles radiodiffusées par le poste de Paris. Paris n’a pas encore été officiellement déclaré ville ouverte, mais il en est déjà question. L’on dit aux Français que Paris n’est pas toute la France. Ce qui nous en dit assez long, car cela signifie que l’on prépare la nation à l’idée que la ville ne sera défendue – et que nous aussi nous devons être prêts à marcher dans quelques jours. Le lendemain, l’état-major reçoit l’ordre du haut commandement d’aller demander la capitulation. Tous les préparatifs sont au point : les conditions sont formulées et un message radiophonique a été envoyé de l’autre côté des lignes.

(…) Nous laissons le poste de Clermont, à 5 h. Notre petit groupe monte deux voitures. Comme aide-de-champ, j’occupe la première, tandis que le major, comme plénipotentiaire délégué par le haut commandement, suit avec un capitaine – interprète. La pluie tombe abondamment. Les événements à venir nous plongent dans l’anxiété, nous sommes émus par les heures historiques que nous vivons.

Mais une fois rendue devant les lignes françaises. la délégation doit se réfugier derrière des arbres pour éviter de servir do cible à un feu nourri. Des troupes sénégalaises de l’avant-poste tirent sur ceux qu’ils prennent pour une patrouille, et les parlementaires allemands doivent -se retirer. De retour dans les lignes, on se remet en communication avec le gouvernement de Paris et tous les arrangements sont faits pour que le rendez vous ait lieu le lendemain. « Nous n’oublierons jamais, écrit le lieutenant, cette matinée grise et brumeuse du 14 juin. »

Tout se fait dans le calme, sans aucune marque d’animosité. La discussion nuit seulement lorsqu’il s’agit de déterminer les limites de la ville. Mais on se met bientôt d’accord, et comme il était convenu, une fois rendu à la place de l’Étoile avec ses troupes, le lieutenant Schramm téléphone a ses supérieurs : « Les troupes allemands sont dans Paris ».

N’est-ce pas là une des pages les plus sombres de l’histoire de France ?

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