Affaire Dreyfus
Le capitaine Dreyfus n’a pas trahi la France
Le 12 juillet 1906, le tribunal de la Cour de Cassation donne sa décision au sujet d’affaire Dreyfus
Paris, le 12 juillet 1906. – Le tribunal de la Cour de Cassation a donné sa décision au sujet d’affaire Dreyfus. Dreyfus est acquitté et il n’y aura pas lieu de procéder à un second procès. Cette décision rend à l’accusé son rang dans l’armée tout comme si aucune accusation n’avait été portée contre lui.
La décision de la Cour de Cassation a été lue au milieu du plus profond silence par le président, M. Ballot-Beaupré et la scène était des plus impressionnantes. Quarante-neuf juges, vêtus de robes rouges, siégeaient tout autour de l’hémicycle du Tribunal.
Les amis de Dreyfus et ses parents étaient présents, mais il n’était pas là lui-même.
Pour le bénéfice de ceux qui connaîtraient mal la mésaventure de Dreyfus – un Juif – voici le résumé de son dossier :
Le 14 octobre 1894, alors qu’il est âgé de 25 ans, il est arrêté sous une accusation d’espionnage. Deux mois plus tard, il est jugé par un conseil de guerre et condamné à la dégradation et à la déportation à l’Île du Diable.
Au cours de l’année suivante, le colonel Picquart, chef du Bureau de renseignement au ministère de la Guerre, reconnut que la preuve était beaucoup plus incriminante pour le major comte Esterhazy que pour Dreyfus. Mais il fut remplacé par le colonel Henry avant d’avoir eu le temps d’établir l’innocence de Dreyfus.
Le 15 novembre 1897, Dreyfus accuse Esterhazy d’avoir rédigé les documents ayant servi à l’incriminer. Jugé par un conseil de guerre, Esterhazy est acquitté.
Nommé ministre de la Guerre, M. Cavaignac fait arrêter et dégrader le colonel Picquart qui a qualifié de faux et de fabriqués les documents utilisés par le ministre à l’Assemblée nationale pour «prouver la culpabilité de Dreyfus ».
En août 1899, dans le sillage d’un deuxième Conseil de guerre survenu après que le colonel Henry eut admis avoir fabriqué des faux pour faire condamner Dreyfus, et malgré les nombreuses tortures imposées à ce dernier à l’île du Diable, Dreyfus n’en est pas moins reconnu coupable encore une fois et condamné à 10 ans de pénitencier.
Heureusement, Dreyfus recevra quelque temps plus tard un pardon complet du président Loubet et sera libéré. Mais les amis de Dreyfus insistaient pour une exonération complète, et leur patience fut récompensée en avril 1906.
Ironie du sort, Dreyfus mourait le 12 juillet 1935, 29 ans, jour pour jour, après son triomphe devant la Cour de Cassation.
(Texte paru dans La Presse de Montréal, le 13 juillet 1906).
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