Quai des Fleurs ou les malheurs d’Abélard
De la vie mouvementée du théologien et philosophe français Pierre Abélard, on connaît surtout sa liaison tragique avec Héloïse, l’une de ses élèves.
Vers 1130, alors moins à l’abbaye Saint-Gildas, Abélard écrit son autobiographie intitulée Histoire de mes malheurs. On connaît cet ouvrage également sous le titre de Lettre à un ami. Il paraît en 1306. (De nombreux spécialistes prétendent sans véritables fondements que le livre est en réalité l’œuvre de Jean de Meung. Celui-ci fut célèbre continuateur du Roman de la Rose).
Dans la Lettre à un ami, Pierre Abélard évoque entre autres les difficultés qu’il rencontre lorsqu’il veut épouser Héloïse.
Voici ce qu’il dit : « Elle repoussait énergiquement cette union comme un déshonneur et comme une charge pour moi. Elle me représentait à la foi l’infamie et les difficultés du mariage. Difficultés que l’apôtre nous nous exhorte à éviter quand il dit. Es-tu libre d’épouse? Ne cherche point d’épouse, se marier, pour l’homme n’est point pécher. Ce n’est point pécher non plus pour une vierge. Cependant, ils seront soumis aux tribulation de la chair, et je veux vous épargner ». Et encore : « je veux que vous soyez sans inquiétude ».
Si je ne me rendais ni au conseil de l’apôtre. Ni aux exhortations des saints sur le poids du joug conjugal, je devais au moins, disait-elle, écouter les philosophes et prendre en considération ce qui avait été écrit, à ce sujet, soit par eux, soit pour eux».
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Ouvert en 1802, le quai aux Fleurs (IVe arrondissement) longe la Seine sur tout le Nord-Est de l’île de la Cité. Cette voie de communication s’est d’abord appelée Quai Napoléon.
Auparavant, la Seine était bordée de ce côté par les jardins du chapitre Notre-Dame, par le port Saint Landry et par de hautes maisons appartenant à la rue Basse-des-Ursins. La plus remarquable de ces maisons était l’hôtel des Ursins, qui avait été bâti par le vertueux Juvénal des Ursins et qui fut détruit en 1553 (sur son emplacement l’on ouvrit la rue Haute-des-Ursins (la rue des Ursins).
La maison aux numéros 9-11, sise sur le quai aux Fleurs, a une plaque qui signale que ce bâtiment, bâti en 1118 et reconstruit en 1849, est l’ancienne habitation d’Héloïse et d’Abélard. Force est d’admettre que cette inscription n’a aucune vraisemblance. En fait, non loin de cette maison, au n°1 de la rue du Chantre (rue des Chantres), se trouvait la maison du chanoine Fulbert, oncle d’Héloïse.