Biographie de Pierre Abélard
Le bouillonnement de la pensée est propice aux « débordements » de toutes sortes, dont Pierre Abélard (1709-1142) est l’un des cas les plus célèbres.
Né en 1709 près de Nantes, dans une famille de petite noblesse attirée par les lettres, Pierre Abélard fréquente les écoles de Nantes, d’Angers, de Loches, de Chartres, avant de venir à Paris.
Le contestataire
Il y suit les cours de Guillaume de Champeaux, au cloître Notre-Dame (près de l’emplacement de la future cathédrale), et conteste l’enseignement du vieux maître. Il fonde alors sa propre école à Melun, et attire de nombreux jeunes étudiants. Mais la rivalité entre Guillaume de Champeaux et Pierre Abélard, accueilli à Sainte-Geneviève, reprend de plus belle, la renommée d’Abélard privant bientôt Champeaux de public. Il fait ensuite de même à Laon, au dépend du vieil Anselme. L’audience d’Abélard devient telle qu’on lui propose les chaires de dialectique et d’Écriture Sacrée au Cloître Notre-Dame à Paris, et qu’il attire des auditeurs de province et de l’étranger, lui qui n’est même pas homme d’Église.
Le théologien
Après ses mésaventures amoureuses avec Héloïse, il rédige un traité de théologie sur la Sainte Trinité qui est condamné par une assemblée ecclésiastique tenue à Soissons en 1114. Abélard est emprisonné, et son livre brûlé. Libéré, il retourne à Saint-Denis, puis chez le comte de Champagne.
Il reprend ensuite son enseignement mais est à nouveau condamné par le Concile de Sens en 1140, à la demande de saint Bernard, et contraint d’errer de monastère en monastère en monastère. Accueilli à Cluny, il meurt dans l’anonymat en 1142.
Le précurseur
Philosophe et théologien, Pierre Abélard laisse une œuvre considérable, qui marque une étape importante dans le développement de la réflexion critique, de la foi en la raison et dans le renouveau de la pensée dialectique : sa « Dialectique », son « Sic et non » (où il relève les contradictions des Pères de l’Église), sa « Théologie chrétienne », son « Éthique », font preuve d’un esprit rationaliste, qu’il utilise pour juger du bien fondé des principes théologiques, un siècle avant Saint-Thomas d’Aquin.
L’histoire d’Abélard est exemplaire à plus d’un titre : elle illustre l’importance de l’essor de l’instruction et de la pensée libre dès la fin du XIe siècle, la difficulté d’une réflexion indépendante du dogmatisme religieux, et la relative tolérance de l’Église, qui condamne les écrits d’Abélard, mais le laisse libre de sa personne.
Abélard et Héloïse
En pleine gloire, à 35 ans, Pierre fait la connaissance de la jeune Héloïse, qui à 16 ans, brille déjà par sa culture. Il s’éprend d’elle et la fait enlever de chez son oncle Fulbert pour l’épouser secrètement, avant de la rendre à son oncle qui la brutalise.
Abélard enlève alors à Nouveau Héloïse mais Fulbert, pour se venger, soudoie des écorcheurs qui le surprennent dans son sommeil et le châtrent. La nouvelle se répand dans Paris, et Abélard bénéficie d’un grand courant de sympathie. Les coupables sont arrêtés et mutilés, Fulbert expulsé de Paris. Mais Abélard ne résiste pas à la douleur et à la honte : il se fait moine à Saint-Denis, après avoir obligé Héloïse à prendre la voile à Argenteuil.
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