Trésor de Notre-Dame de Paris
Depuis la construction Notre-Dame de Paris a reçu au fil des siècles les dons somptueux par lesquels les souverains et les grands manifestaient leur attachement à l’Église. Tous ses cadeaux sont conservés dans le Trésor de Notre Dame, un lieu spécial à l’intérieur de l’église.
La place du Trésor de Notre-Dame a peu varié au cours des siècles. Il a toujours été gardé dans un bâtiment situé perpendiculairement à la cathédrale au niveau des chapelles du déambulatoire Sud.
Le Trésor a pour mission de préserver les objets précieux du culte et leur caractère sacré. En France, les critères d’attribution des objets à un Trésor ont peu varié au cours des siècles même si les intentions qui président à leur conservation ont évolué.
Tout objet qui peut être en contact avec le corps du Christ sous la forme de l’hostie et du vin consacré revêt un caractère sacré. Pour cette raison, cet objet est fabriqué dans un matériau précieux ou au moins recouvert d’un matériau précieux.
On trouve dans cette catégorie les calices qui reçoivent le sang du Christ, les ciboires dans lesquels se trouvent les hosties consacrées, les custodes qui servent à transporter les hosties, les ostensoirs utilisés pour présenter l’hostie à l’adoration des fidèles.
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D’ailleurs, le Trésor garde plusieurs autres objets servant à la célébration de la messe, tels que burettes et leur plateau, aiguière et bassin. Les objets consacrés à l’administration des sacrements font également partie du Trésor. Par exemple, les chrémeaux (ou chrémiers) renfermant le Saint Chrême pour le baptême et les ordinations et l’huile pour le sacrement des malades sont réalisés en métaux précieux et avec une grande recherche.
On trouve dans le Trésor de Notre-Dame les attributs propres aux évêques: mitres, crosses et anneaux, ainsi que des croix de procession et des crucifix. Les vêtements liturgiques: aubes, chasubles, dalmatiques, chapes, étoles, ainsi que des livres anciens et enluminés qui supportent mal d’être exposés à la lumière et demandent de grands soins, y sont également conservés.
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À côté des objets servant à la célébration du culte, on trouve des reliquaires. Sous des formes diverses (croix, médaillons, châsses, monstrances, custodes, statuettes, bustes), les reliquaires referment les restes de saints que l’Église honore d’une dévotion particulière.
Notre-Dame de Paris possède des reliques de nombreux saints mais surtout elle abrite les Très Saintes Reliques de la Passion du Christ acquises par Saint Louis et conservées à la Sainte Chapelle jusqu’à la Révolution.
Plusieurs papes ont aussi enrichi le Trésor (calices de Léon XIII, de Jean XXIII) ainsi que des souverains en visite (Croix offerte par l’empereur d’Éthiopie).
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La valeur historique des objets tient d’abord de la rareté des matériaux employés: or, vermeil, pierres précieuses. Elle tient également au talent des artistes et artisans qui les ont exécutés. Cette valeur peut tenir aussi aux circonstances historiques qui ont entouré leur origine: souvenirs de la venue d’un Souverain Pontife comme la chasuble portée par Jean-Paul II lors des Journées mondiales de la jeunesse en 1997 ou, d’une manière plus tragique, objets utilisés par les trois archevêques de Paris qui moururent de mort violente au XIXe siècle.
Autrefois, jusqu’à la Révolution, le Trésor était considéré comme une réserve d’argent pour les temps de crise: épidémies, famines, guerres. Soit à la demande expresse du roi, soit de lui-même, le chapitre de Notre-Dame a, de tout temps, envoyé à la fonte des objets précieux pour en faire monnaie.
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Ainsi disparurent le reliquaire de vermeil de Saint Siméon et Saint André offert par Philippe-Auguste, la statuette de Saint Denis ornée de saphirs et de perles aux armes d’Isabeau de Bavière vendue dès 1429, le buste d’or de Sainte Agnès orné d’un riche saphir entouré de huit pierres précieuses et portant un rameau d’or.
Au milieu du XVIIIe siècle encore, en décembre 1759, pendant la Guerre de Sept Ans, à la demande de Louis XV, dix chandeliers d’argent – dont quatre offerts par le dernier évêque de Paris Henri de Gondi en 1607 (Paris fut érigé en archevêché à sa mort) – six chandeliers de vermeil donnés cinquante ans plus tôt par le Cardinal de Noailles, un grand bénitier, un lampadaire, une importante chapelle XVIIe et une grande lampe d’argent donnée par Anne d’Autriche en 1636 furent fondus à la Monnaie (mais la guerre fut perdue et le Canada devenu britannique).
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Le Trésor disparut totalement après la Révolution qui confisqua tous les objets précieux. Aujourd’hui, les objets du Trésor antérieurs à la période révolutionnaire, ne proviennent pas de Notre-Dame.
C’est après le Concordat que l’on recrée le Trésor. Cela en partie grâce aux dons de Napoléon. Puis vient la Restauration où l’étroite alliance du trône. L’autel amena alors d’importants enrichissements.
La révolution de 1830 et surtout l’émeute de février 1831 entraînent de nombreuses disparitions. Aucune grave catastrophe n’a atteint le Trésor depuis cette époque malgré quelques vols.
Depuis la Loi de Séparation de l’Église et de l’État, adoptée en 1905, c’est l’État qui est propriétaire des objets entrés avant les inventaires que l’on alors fait.
Aujourd’hui, c’est le plus souvent sous forme de dons que les objets sont entrés au Trésor.