Hôtel Carnavalet à Paris
Situé au 23, rue de Sévigné et composé d’un corps de logis principal et de deux ailes en retour qui encadraient la cour, l’hôtel Carnavalet fut construit dans le style Renaissance italienne à partir de 1548 pour le compte de Jacques des Ligneris, président du Parlement de Paris à l’époque.
La façade du corps de logis située face au porche d’entrée fut ornée par Jean Goujon des bas-reliefs représentant les Saisons. On entrait dans la cour de l’hôtel par un porche à bossages typique de la Renaissance.
Dix ans plus tard, l’immeuble fut acquis par Françoise de La Baume-Montrevel, veuve de François Kernevenoc’h (Kernevenoy), gentilhomme breton. Les Parisiens transforment donc le nom en Carnavalet et c’est cette dénomination qui est restée depuis attaché à l’hôtel.
En 1660, Claude Boislève, nouveau propriétaire, décide de rénover le bâtiment. Il confie les travaux à l’architecte François Mansart qui modifie le bâtiment. En fait il surélève les ailes latérales. Ensuite enchâsse le porche Renaissance dans une nouvelle architecture.
En 1677, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, célèbre épistolière, loue l’hôtel. Elle l’habite pendant de longues années.
En 1866, la Ville de Paris achète l’hôtel Carnavalet pour y installer un musée. La ville confie la restauration du bâtiment pour les besoins du nouveau musée à l’architecte Victor Parmentier. Celui-ci effectue de nombreux remaniements d’après les gravures de Jean Marot.
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Les locaux jugés insuffisants pour accueillir l’ensemble des collections, la Ville de Paris décide d’agrandir le musée et confie les travaux aux architectes Joseph-Antoine Bouvard et Félix Roguet. À l’occasion, trois éléments provenant de la démolition du Vieux Paris s’intégrent aux nouvelles constructions érigées derrière le corps de logis : la façade du bureau des Marchands-Drapiers et l’avant-corps central de l’hôtel de Marêts et l’arc de Nazareth.
Un peu plus tard, au début du XXe siècle, l’architecte Foucault greffera aux bâtiments existants de nouvelles constructions articulées autour de deux cours : la cour de la Victoire et la cour Henri IV.
Aujourd’hui, la façade sur cour du corps de logis s’orne de quatre figures en bas-relief attribuées à Jean Goujon (1510-1566). Elles symbolisent donc les quatre Saisons. Au-dessus, les signes du zodiaque correspondent aux équinoxes et aux solstices : le Bélier, la Balance, le Cancer et le Capricorne. L’influence italienne se ressent dans le déhanché et dans le traitement des vêtements en plis mouillés. Ces figures font face à la personnification de l’Autorité et à deux Renommées à demi couchées qui couronnent l’arc du porche.
Côté rue des Francs-Bourgeois, un bas-relief regroupant quatre figures allégoriques : l’Amour, la Paix, l’Abondance et la Prudence orne le bâtiment. Dans la cour, sur l’aile droite, Junon (sceptre et paon), Hébé (coupe et vase), Diane (arc et chien) et Flore (vase de fleurs) personnifient les Heures du jour. Sur l’aile gauche on voit représentées les allégories des quatre Éléments. Un tympan semi-circulaire est orné d’un amoncellement de trophées (cuirasses, casques, épées, etc.). Au centre, deux putti soutiennent un écusson, jadis aux armes des propriétaires de l’hôtel.
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La cour de la Victoire doit son nom à la statue en plomb. Le sculpteur Simon Boizot réalisa cette statue en 1807 pour la fontaine du Châtelet. Cette statue représente une Victoire ailée dont les bras levés tiennent des couronnes de laurier en bronze. Mais c’est la copie qui surmonte la colonne de la fontaine.
La cour Henri IV doit son nom à l’effigie équestre du adossée au mur sud. Philippe Lemaire réalisa cette œuvre en bronze en 1834 pour le tympan de la porte centrale de l’Hôtel de Ville. Raymond Poincaré l’a inaugurée à son emplacement actuel en 1907.
Au centre de la cour d’honneur, s’hisse la statue en bronze de Louis XIV qui accueille le visiteur. La Ville de Paris l’avait commandé au sculpteur Antoine Coysevox (1640-1720) en 1689 pour la cour de l’Hôtel de Ville. On inaugura cette statue le 14 juillet 1689. En fait, pour l’occasion, on tira un feu d’artifice et on organisa diverses réjouissances. Notons que l’on fonda les symboles de l’Ancien Régime, les statues royales de bronze à la Révolution. Ainsi, oubliée par les révolutionnaires, cette statue royale est l’une des rares qui nous soit parvenue. On l’installa à Carnavalet en 1890.